samedi 20 avril 2024
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En France, deux actifs sur trois envisageraient une reconversion

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Une étude réalisée par YouGov, pour le site de recherche d’emploi Meteojob, révèle que plus de 66 % des actifs se disent prêts à changer de carrière en France, alors que les difficultés de recrutement atteignent des niveaux records.

La « grande démission » semble toujours planer sur le marché de l’emploi. Deux actifs français sur trois envisageraient en effet de changer de poste en 2023, selon un sondage effectué par YouGov pour le site Internet de recherche d’emploi Meteojob. Réalisé en ligne du 9 au 12 décembre 2022, auprès de 1 007 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans ou plus, ce sondage nous apprend également que ces actifs seraient 55 % à se déclarer en recherche d’un autre emploi, parmi ceux qui occupent un travail actuellement. Ce chiffre concerne les salariés, en grande majorité, suivi des professions libérales et des indépendants. À ces chiffres s’ajoutent 12 % d’actifs qui se déclarent ouverts aux opportunités offertes par d’autres employeurs. Le tout cumulé, ce sont donc plus de 66 % des actifs qui se disent prêts à changer de carrière. Certes, ce n’est que du déclaratif, mais cette tendance reste inédite.

La localisation des bureaux, les considérations de qualité de vie, et le sens du travail ont gagné en importance et en pertinence, dans le parcours des actifs

Rémunération et qualité de vie

Il y a bel et bien un après Covid. Sans aller jusqu’à atteindre les niveaux records des États-Unis, le nombre de démissions en France est à son plus haut niveau depuis 2008 et la crise financière, avec près de 520 000 démissions recensées par trimestre début 2022, dont 470 000 démissions de contrats à durée indéterminée (CDI). Outre la conjoncture, c’est d’un changement de paradigme dont il est question : aux États-Unis, où la tendance est exacerbée, plus de 20 millions de salariés ont volontairement quitté leur emploi en seulement sept mois, entre début avril et fin octobre 2021, car il ne correspondait plus à leurs envies, et ne s’adaptait plus à leurs projets de vie. Cela représentait une fuite d’environ 3 % de la main-d’œuvre nationale chaque mois. Du jamais vu, si bien que la presse américaine l’a illustré comme un phénomène de société, le “big quit”, ou la « grande démission » en français. Les raisons qui poussent les actifs à changer d’air ont évolué. La localisation des bureaux, les considérations de qualité de vie, et le sens du travail ont gagné en importance et en pertinence dans le parcours des actifs. Pour 60 % des actifs, la rémunération reste le critère numéro un pris en compte par les personnes sondées, mais il est suivi de près par l’équilibre vie professionnelle — vie personnelle, pour 51 % d’entre eux. L’augmentation de salaire semble ne pas suffire, même en période d’inflation, car 53 % des sondés qui ont reçu une augmentation récemment avant cette étude Meteojob admettent être tout de même en recherche d’emploi. Suivent derrière le type de contrat (27 %), les missions du poste (26 %), ou la localisation des bureaux (18 %). Et si les mentalités ont évolué à ce point, c’est aussi parce que le contexte le permet.

Pour 60 % des actifs, la rémunération reste le critère numéro un pris en compte par les personnes sondées, mais il est suivi de près par l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle, pour 51 % d’entre eux

50 % d’offres d’emploi en plus

Si les actifs sont de plus en plus nombreux à envisager une mobilité, c’est peut-être en raison du nombre d’offres d’emploi disponibles depuis la fin de la crise sanitaire. Plus de 1,13 million d’offres d’emploi ont en effet été diffusées en février 2023 par le site Internet de Pôle emploi, qui rattache les principaux sites de recrutement en France. Avant la pandémie de Covid-19, entre janvier et mars 2019, le nombre d’offres se situait aux alentours de 510 000, soit moitié moins qu’en 2023. Malgré l’inflation et la hausse du coût de l’énergie, les perspectives d’embauche restent optimistes depuis le début de l’année 2023 sur le territoire français. Et cette tendance pourrait durer, compte tenu de la diminution de la population active liée au vieillissement. Comme l’a révélé l’étude Les Métiers en 2030 réalisée par l’organisme France Stratégie, les besoins de recrutement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) devraient atteindre 33 % du stock d’emploi de 2019, d’ici 2030, une proportion proche de la moyenne française. Parmi les emplois les plus recherchés, il y aura les métiers qui créeront des postes, et ceux qui nécessiteront des remplacements suite aux départs à la retraite. De plus, la majorité des métiers en tension aujourd’hui devraient continuer de l’être, quitte à voir leurs difficultés de recrutement s’aggraver d’ici 2030, sans actions correctives [à ce sujet, lire notre article Les métiers qui devraient le plus recruter d’ici 2030 en région PACA, publié dans ce dossier spécial — NDLR]. Sur le territoire français dans son ensemble, 800 000 postes seront à pourvoir, chaque année d’ici 2030, suite aux départs en fin de carrière des dernières générations de baby-boomers, selon France Stratégie. Néanmoins, entre l’envie de quitter son poste, et le passage à l’acte, un fossé semble encore se dessiner, selon l’enquête de YouGov. À la question « Quelles seraient les trois résolutions que vous prendriez pour faire évoluer votre carrière en 2023 ? », les personnes interrogées répondent d’abord : « Négocier une augmentation de salaire » à 33 %, puis « réduire la charge mentale ou le stress » à 32 %, et enfin « aménager le temps de travail » à 26 %. Parmi les salariés, 16 % seulement envisageraient une reconversion. Mais l’idée fait son chemin.

Pour revenir au début notre dossier « Les métiers qui recrutent et qui payent le mieux à Monaco, en 2023 », cliquez ici.