vendredi 29 mars 2024
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Les métiers qui recrutent et qui payent le mieux à Monaco, en 2023

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Malgré des perspectives incertaines pour l’économie européenne, le marché de l’emploi monégasque affiche sa résilience pour 2023. Avec près de 60 000 salariés en principauté toutes activités confondues, les secteurs du BTP, des services financiers, et des technologies de l’information affichent les meilleures perspectives de recrutement et de rémunération, comme le relève la dernière étude du cabinet Hays.

Depuis le début de l’année 2023, l’économie européenne a été secouée par la hausse de l’inflation, le relèvement des taux d’intérêt pour la contrer, et la flambée des prix de l’énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les perspectives en matière d’emploi et de recrutement pourraient s’avérer moroses, alors que les deux années précédentes n’étaient guère plus reluisantes, entre la crise sanitaire et les confinements successifs qui ont paralysé plusieurs pans de l’activité. Malgré tout, le recrutement reste, et est resté, attractif à Monaco. C’est ce qui ressort du dernier rapport publié par le cabinet de recrutement Hays, dans sa quatrième étude de rémunération consacrée à la principauté. Selon cette étude, Monaco disposerait en effet de piliers économiques structurels, tels que le secteur financier, l’immobilier, ou encore la construction, qui lui assureraient la pérennité en matière d’emploi : « La principauté mène en plus une politique économique résolument tournée vers l’avenir, avec plusieurs projets technologiques, ou en lien avec le développement durable, qui constituent d’importants leviers pour la création de futurs emplois », explique Mehdi Betiche, responsable du bureau Hays de Nice, à l’origine de cette quatrième étude, en collaboration avec Noémi Capell. Parmi les secteurs les plus performants pour 2023 selon Hays, le BTP et l’immobilier tirent particulièrement leur épingle du jeu, ainsi que l’assurance. Le secteur des technologies de l’information (IT), affiche, quant à lui, une nouvelle hausse des salaires.

Parmi les secteurs les plus performants pour 2023 selon Hays, le BTP et l’immobilier tirent particulièrement leur épingle du jeu, ainsi que l’assurance. Le secteur des technologies de l’information (IT), affiche, quant à lui, une nouvelle hausse des salaires

Le BTP : un marché vitaminé

Le secteur du BTP est amené à poursuivre sa croissance en 2023, porté par les grands projets en cours en principauté, notamment le projet d’extension en mer et la future construction du centre commercial de Fontvieille, avance Hays. Les projets à venir promettent ainsi la création de nombreux postes d’ici l’année 2027. D’autant que ce secteur subit des difficultés de recrutement, notamment liées aux problématiques de logement, comme le relève cette étude. Les loyers des communes limitrophes sont en effet élevés, alors que le marché locatif et celui des crédits immobiliers sont particulièrement tendus, limitant l’accès à la propriété (1). Face au manque de disponibilité de la main d’œuvre, les perspectives de recrutement s’élargissent et ne se cantonnent plus seulement aux profils locaux, même s’ils restent prioritaires sur les fiches de poste : « La pénurie de candidats qualifiés dans le BTP pousse les employeurs à recourir à une main-d’œuvre délocalisée, essentiellement de France, d’Italie, ou du Portugal », détaille Mehdi Betiche. Conséquence logique de cette pénurie : le rapport entre l’offre et la demande penche plutôt au bénéfice des candidats, qui peuvent négocier plus facilement leur salaire à la hausse. Parmi les profils les plus recherchés, on trouve les conducteurs de travaux qui se retrouvent dans le haut du panier, avec une fourchette de rémunération annuelle située entre 45 000 euros et 65 000 euros brut et plus, selon le niveau d’expérience. Les ingénieurs études de prix sont également bien positionnés, avec un salaire compris entre 35 000 et 55 000 euros et plus. Suivis des chefs de chantier, de 35 000 à 55 000 euros et plus. Le dynamisme de ce marché profite également au secteur de l’immobilier monégasque, qui propose de belles opportunités, estime Hays, notamment pour des profils de directeurs travaux, avec des salaires de 65 000 euros à plus de 120 000 euros brut annuels. Attention toutefois : cette tendance réussit essentiellement aux grands acteurs du BTP. Les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur subissent en effet la conjoncture et la hausse du coût des matériaux et des matières premières, ce qui rend plus difficiles leurs perspectives de recrutement, et limite un peu plus leurs fourchettes de rémunération.

Métiers du BTP Monaco
Source : Etude Hays 2022

L’IT attractif, mais limité par manque de souplesse

Autre secteur particulièrement dynamique depuis plusieurs années, celui des technologies de l’information (IT) poursuit sa croissance à Monaco, et affiche de bonnes perspectives pour les années à venir, souligne Hays. La transformation digitale enclenchée par les entreprises de tous secteurs, et principalement dans la banque, l’assurance, et l’ingénierie, doperait ainsi les recrutements de profils informatiques, que ce soit autour du “cloud”, de la cybersécurité, ou encore de l’environnement IoT, l’Internet des objets. Si ce secteur ne pèse pas aussi lourd que celui du BTP et de l’immobilier à Monaco, les besoins en digitalisation des métiers engendrent logiquement une hausse des rémunérations sur ce type de postes. À titre d’exemple, un responsable en sécurité informatique pourrait ainsi prétendre à un salaire minimum de 45 000 euros brut annuels en 2023, selon le niveau d’expérience. Cette étude constate aussi que les rémunérations proposées pour des postes en développement ou en intégration sont plus conséquentes que pour des postes en infrastructure ou en support, pour lesquels les candidats se font plus nombreux. Ainsi, les développeurs Java seraient de plus en plus prisés, pour une fourchette de rémunération estimée entre 35 000 et 65 000 euros, et plus. Le dépannage informatique figure en bonne position également. Il voit son activité se renforcer pour les années à venir, que ce soit sur des missions de réparation, d’installation, de « débogage », ou encore de formation aux logiciels. Une tendance qui crée de nombreuses opportunités, notamment sur des postes de techniciens d’exploitation selon Hays, qui peuvent espérer un salaire annuel entre 23 000 euros et 45 000 euros brut, selon l’expérience. « En parallèle, Monaco continue de favoriser le développement de nouvelles activités, notamment grâce à la création en 2017 de MonacoTech, l’incubateur-accélérateur de la principauté, qui vise à promouvoir l’innovation technologique et la création d’entreprise », ajoute Mehdi Betiche. Petit bémol tout de même pour Monaco, qui peinerait parfois à séduire ces profils technologiques, par manque de souplesse, comparé à ses voisins européens, notamment la France : « La difficulté, c’est que, sur ces métiers liés aux technologies de l’information, les candidats sont assez mobiles. S’ils sont intéressés par la rémunération, ils le sont aussi par la flexibilité. Or, à Monaco, nous avons encore des entreprises qui ne favorisent pas le télétravail, alors qu’il est mieux démocratisé en France. Quelques grands groupes veulent encore en rester exclusivement au temps de présence physique. Ce qui est assez surprenant », pointe Mehdi Betiche.

Métiers Informatique Monaco
Source : Etude Hays 2022

Sur le secteur de la banque privée en particulier, la donne a particulièrement changé depuis la création de l’activité de “multi family office” [bureau de gestion de patrimoine ou gestionnaire de grande fortune — NDLR], autorisée par la loi 1 439 du 2 décembre 2016

Banques, assurances et services financiers comme piliers

Selon Hays enfin, les secteurs des services financiers, de la banque et de l’assurance figurent toujours en 2023 parmi les piliers économiques structurels de Monaco. Ils continuent d’offrir de bonnes opportunités professionnelles pour les postes à fonction stratégique. En termes de recrutement, les postes en « top management » sont les plus prisés. Des postes de directeurs administratifs et financiers, ou encore de « business partners » pourront prétendre à des rémunérations qui débutent à 60 000 euros annuels brut pour les PME, et 80 000 euros pour les groupes internationaux. Ces postes seraient d’ailleurs majoritairement liés à des remplacements. De manière plus générale, les profils qui maîtrisent très bien, ou parfaitement l’anglais, auront davantage d’opportunités à saisir, indique cette quatrième étude Hays, notamment pour la comptabilité ou dans les secteurs portés vers l’international, et qui recrutent tout au long de l’année. Sur le secteur de la banque privée en particulier, la donne a particulièrement changé depuis la création de l’activité de “multi family office” [bureau de gestion de patrimoine ou gestionnaire de grande fortune — NDLR], autorisée par la loi 1 439 du 2 décembre 2016 : « Historiquement à Monaco, nous n’avions que du « single family office » [bureau de gestion de patrimoine d’une famille — NDLR], qui travaille pour le compte d’une seule famille. Mais, depuis l’évolution législative, il devient possible de créer des multi family offices, qui peuvent travailler pour plusieurs clients, comme on le faisait à Genève ou ailleurs. Cela a permis de booster l’activité. Et ce n’est que le début, car il existe beaucoup de potentiels clients qui auront besoin de conseils et d’un accompagnement “business”, fiscal, ou juridique », estime Mehdi Betiche. Si le marché de la banque privée à Monaco a donc connu une stagnation des flux entrants ces dernières années, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, via l’ouverture de filiales à Monaco, offre de nouvelles perspectives en termes d’emploi, et dope les recrutements de profils en « front office » [service de clientèle — NDLR], notamment sur des postes de gestionnaires qui pourront prétendre à un salaire à partir de 80 000 euros annuels brut, selon le niveau d’expérience. Même chose pour les gérants de portefeuille, qui peuvent prétendre à des salaires annuels entre 45 000 et 50 000 euros brut. L’étude Hays note également que les besoins de recrutement sur les métiers de « compliance », ces métiers de contrôle de bonne application des réglementations, permettent d’envisager une rémunération à partir de 35 000 euros à Monaco. Pour suivre les évolutions de cette tendance, le cabinet Hays publiera une nouvelle étude en septembre 2023. D’ici là, l’emploi devrait rester en bonne voie en principauté.

Métiers Banque Monaco
Source : Etude Hays 2022

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1) Les banques françaises n’ont accordé, en moyenne, que 13 milliards d’euros de prêts à l’habitat en janvier 2023, soit 30 % de moins, environ, que la moyenne mensuelle de 2022, selon l’observatoire du crédit logement/CSA.