mardi 30 mai 2023
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Mobilité : le Conseil national réclame un plan

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Alors que les bouchons continuent de paralyser la principauté aux heures de pointe, les élus du Conseil national ont profité du vote du budget rectificatif 2022 pour réclamer au gouvernement un plan national pour la mobilité.

C’est un sujet qui revient régulièrement devant le Conseil national. Dans la soirée du 6 octobre 2022, les élus ont débattu pendant plus de deux heures sur l’asphyxie fréquente constatée sur les routes, que ce soit dans Monaco ou aux abords de la principauté. Prenant tour à tour la parole, les conseillers nationaux ont demandé au gouvernement de Pierre Dartout d’agir de façon plus forte, en lançant un plan national pour la mobilité, sur le modèle du plan national pour le logement des Monégasques, lancé en avril 2019. Évoquant un « enjeu stratégique majeur » pour la principauté, la nouvelle présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, a estimé que c’est « en additionnant les initiatives, les dispositifs et les infrastructures, que nous pourrons réussir le pari de la mobilité à Monaco ». Globalement, c’est un sentiment de lassitude et d’exaspération que les élus ont exprimé devant un gouvernement quelque peu chahuté, à l’image de la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement, et l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni, exposée au feu des critiques. Il faut dire que les questions et la pression ont été fortes, à l’image de l’élue de la majorité Priorité Monaco (Primo !), Nathalie Amoratti-Blanc, demandant où en était la faisabilité d’une série de projets destinés à améliorer les déplacements : transport en commun en site propre (TCSP), télécabine, métro Nice-Monaco, liaison rapide du site de la Brasca à Monaco, ou encore navette maritime. Face à ce mécontentement, Céline Caron-Dagioni a évoqué le contexte du moment : « Un total de 41 chantiers sur un territoire aussi exigu que le nôtre, c’est énorme. Je n’ai pas de baguette magique. » Le ministre d’État, Pierre Dartout, a assuré qu’une série de réflexions étaient en cours, mais que la difficulté était liée à des enjeux contradictoires, et que, face à cela, « il faut savoir ce que l’on veut ». Avant d’ajouter : « On ne peut pas tout vouloir, tout et son contraire. Nous avons la densité urbaine la plus forte au monde. On discute des contraintes liées aux 41 chantiers en cours en principauté, mais personne n’est favorable à ce que l’on réduise ces chantiers. […] Les questions posées traduisent un agacement des résidents face à tel ou tel chantier en termes de bruit, de circulation, de gênes. Ces 41 chantiers correspondent à des besoins, et à des besoins que vous défendez, la plupart du temps. » Cependant, l’État est soucieux de ce dossier, a assuré le ministre d’État, tout en soulignant qu’il s’agit d’un sujet « complexe, un sujet au cœur de l’attractivité de la principauté, et qui concerne directement la qualité de vie de la population résidente ».

Le ministre d’État, Pierre Dartout, a assuré qu’une série de réflexions étaient en cours, mais que la difficulté était liée à des enjeux contradictoires, et que, face à cela, « il faut savoir ce que l’on veut »

Karen Aliprendi Conseil National
« Si nous souhaitons atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de 55 % pour 2030 et rendre la principauté plus attractive, les infrastructures pour circuler, ainsi que les plans d’action, doivent être ambitieux et mis en œuvre rapidement. » Karen Aliprendi. Élue Primo !. © Photo Conseil National

« Ambitieux »

En réponse, le conseiller national Primo ! Franck Lobono est revenu sur les chiffres avancés par le gouvernement, précisant que « seulement quatre chantiers sur 41 » étaient destinés à loger des Monégasques, et que les élus soutenaient effectivement bien ces quatre chantiers. Les 37 autres chantiers sont privés, ce qu’a d’ailleurs relevé le vice-président Primo ! du Conseil national, Balthazar Seydoux, tout en estimant que la situation est devenue « insupportable ». De son côté, l’élu Union Monégasque (UM), Jean-Louis Grinda a rappelé que depuis des années, l’idée d’un « droit à la tranquillité » était évoquée : « Ça fait 10 ans qu’on en parle et les choses ne se font pas. Le gouvernement ne veut pas nous entendre. Il n’y a donc aucun espoir d’amélioration. Dont acte. Rendez-vous pour la campagne électorale [des élections nationales du 5 février 2023 — NDLR]. » De son côté, l’élue Primo ! Karen Aliprendi a souligné que certaines initiatives du gouvernement allaient dans le « bon sens : je pense, par exemple, à la construction d’un parking-relais à l’entrée de ville ouest, au tunnel de la galerie des Salines, à l’incitation au covoiturage via l’application Klaxit, au service de vélos MonaBike et de véhicules Mobee, mais également, à l’augmentation de la subvention des TER, afin de renforcer la desserte monégasque, sans oublier, bien sûr, l’expérimentation des bus gratuits qui a démarré le 3 octobre 2022 pour une durée de deux mois [à ce sujet, lire notre article Monaco expérimente le bus gratuit, publié dans Monaco Hebdo n° 1256 et Gratuité des bus : un point d’étape fin octobre 2022, publié dans ce numéro — NDLR]. Cependant, ces dispositifs ne seront pas suffisants, et ne pourront produire d’effets concrets et perceptibles sans un véritable plan national pour la mobilité. Si nous souhaitons atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de 55 % pour 2030 et rendre la principauté plus attractive, les infrastructures pour circuler, ainsi que les plans d’action, doivent être ambitieux et mis en œuvre rapidement. »

Jean-Louis Grinda a rappelé que depuis des années, l’idée d’un « droit à la tranquillité » était évoquée : « Ça fait 10 ans qu’on en parle et les choses ne se font pas. Le gouvernement ne veut pas nous entendre. Il n’y a donc aucun espoir d’amélioration. Dont acte. Rendez-vous pour la campagne électorale »

« Fluidification »

Pour répondre aux préoccupations des élus, le ministre d’État a insisté sur le contexte très particulier dans lequel s’inscrit Monaco : « Sur un territoire contraint, plus de 40 chantiers coexistent et plusieurs centaines de demandes d’événements impactant la voirie sont adressées chaque année. Les services de l’État, en étroite collaboration avec les acteurs privés, s’efforcent de concilier et de gérer des impératifs parfois contradictoires, car une politique ambitieuse de constructions d’équipements publics ou de logements domaniaux ne peut être menée sans engendrer des nuisances. Et nous ne négligeons pas le fait que le secteur du bâtiment est générateur d’importantes retombées en termes de recettes fiscales et de contributions sociales. »

Pierre Dartout a dressé une liste des leviers que son gouvernement compte actionner, ou a déjà actionné : « Intégrer d’avantage les bus de ville et transfrontaliers, intensifier la desserte par le train, favoriser le covoiturage, l’usage des vélos, réaliser de nouvelles liaisons mécaniques, ou encore construire des parkings-relais »

Autre difficulté pointée par Pierre Dartout : l’intégration du territoire monégasque au sein du territoire français, qui implique que la desserte de la principauté tienne compte des « contraintes des communes limitrophes et des flux générés par les travailleurs pendulaires notamment ». Mais pas question de baisser les bras devant ces difficultés, a assuré Pierre Dartout, en avançant quelques dossiers qui ont fini par aboutir. Concernant la bretelle d’autoroute de Beausoleil, elle verra « prochainement » le jour, a assuré le ministre d’État : « Même si cela a été long, nous y sommes parvenus. » À propos du projet de trémie sur la commune française de Cap d’Ail [à ce sujet, lire notre article publié dans ce numéro de Monaco Hebdo — NDLR], Pierre Dartout s’est félicité que ce dossier connaisse une issue positive, après plusieurs années de discussions : « Compte tenu des enjeux de fluidification de circulation et de sécurité, le dispositif voté par la métropole Nice Côte d’Azur est indispensable. En effet, la sortie de Monaco est de plus en plus congestionnée du fait des dizaines de milliers de personnes qui se rendent chaque jour en principauté pour y travailler, alors que le tunnel Rainier III est trop souvent fermé pour des raisons de sécurité liées à la règlementation en vigueur. » Face à la délicate problématique de la mobilité, les réponses sont nécessairement multiples, a estimé Pierre Dartout, en dressant une liste des leviers que son gouvernement compte actionner, ou a déjà actionné : « Intégrer davantage les bus de ville et transfrontaliers, intensifier la desserte par le train, favoriser le covoiturage, l’usage des vélos, réaliser de nouvelles liaisons mécaniques, ou encore construire des parkings-relais. » Il faudra au moins tout ça, et sans doute un peu plus, pour convaincre un Conseil national sceptique et bien décidé à ne pas en rester là.

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