samedi 20 avril 2024
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Trémie entre Cap d’Ail et Monaco : les travaux ne débuteront pas avant la tenue d’une concertation publique

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La commune de Cap d’Ail a déposé deux recours du conseil métropolitain contre le projet de construction d’une trémie, présenté comme un moyen de sécuriser et de fluidifier la circulation à la sortie du tunnel Rainier III. Le chantier ne débutera donc pas avant la tenue d’une concertation publique, dont la date est encore inconnue. Impatients, les élus du Conseil national appellent le gouvernement à débloquer la situation.

Voilà un dossier qui est loin d’être réglé. Présenté par Monaco et la métropole de Nice comme un moyen de sécuriser et de fluidifier la circulation à la sortie du tunnel Rainier III pour relier Cap d’Ail à la principauté, le projet de construction d’une trémie, un passage souterrain permettant la circulation de véhicules, vient d’être mis entre parenthèses. Cette trémie devrait voir le jour à la sortie ouest de Monaco, et donc du tunnel Rainier III, dans le sens montant, en direction de Nice. Deux recours ont en effet été votés en conseil municipal par la commune de Cap d’Ail, le 9 mai 2023, contre deux délibérations du conseil métropolitain du 6 octobre 2022, qui portaient sur l’élargissement du giratoire du centre hospitalier princesse Grace (CHPG) et du Jardin exotique, ainsi que sur la création d’une trémie sur la moyenne corniche, nécessaire à la concrétisation du projet. Xavier Beck, le maire Les Républicains (LR) de Cap d’Ail, soutenu par la députée LR de la cinquième circonscription Christelle d’Intorni, estime en effet que sa commune risque de subir un manque à gagner du fait de ce chantier, estimé à 18 mois. Et il estime que la Métropole ne prend pas en compte les désagréments que pourraient occasionner les travaux, notamment la perte de près de 30 000 euros de recettes annuelles suite à la disparition de places de stationnement horodatées.

Xavier Beck, le maire Les Républicains (LR) de Cap d’Ail, soutenu par la députée LR de la cinquième circonscription Christelle d’Intorni, estime que sa commune risque de subir un manque à gagner du fait de ce chantier, estimé à 18 mois

Une concertation publique « obligatoire »

Déjà bien dégradée, la circulation promet également d’être fortement touchée pendant près d’un an et demi sur la moyenne corniche aux heures de pointe, du fait de ces travaux, alors que 15 000 à 17 000 véhicules empruntent chaque jour cet itinéraire. Un point qui n’aurait pas suffisamment été appréhendé par les deux délibérations du 6 octobre 2022, selon cet élu : « Tous types de travaux sur l’avenue prince Rainier III, sur la moyenne corniche, quelle qu’en soit la durée, ont un impact considérable sur la circulation, qui est déjà fortement saturée entre 7 heures et 9 heures, et, à un degré moindre, l’après-midi dans le sens Monaco-Nice, à partir de 17 heures. Les travaux de construction d’une trémie doivent durer entre 12 et 18 mois, et vont donc naturellement aggraver la situation. D’ailleurs, les services de la Métropole, lorsque le projet fut présenté pour la première fois en 2015, m’avaient conseillé d’émettre un avis défavorable à ces travaux », [à ce sujet, lire l’interview du maire LR de Cap d’Ail, Xavier Beck]. Une concertation publique est donc à prévoir avant d’entamer les travaux selon Xavier Beck. Elle est même « obligatoire, en raison de la nature des travaux et de leur importance », estime-t-il. Celle-ci, dont la date n’a pas encore été décidée, prévoit de mettre à disposition des documents explicatifs au public pendant une période d’un mois minimum, qui sera accompagnée de la tenue d’un registre et d’une réunion publique. Cap d’Ail peut toujours retirer le recours déposé contre les deux délibérations, mais cette décision dépendra en partie du gouvernement monégasque et de ses relations avec la commune frontalière. Relations qui se sont « dégradées » depuis deux ans, juge Xavier Beck, « lorsque le gouvernement monégasque a considéré qu’il était plus simple de traiter directement avec la Métropole, gestionnaire de la voirie. » Pour mémoire, le ministre d’État, Pierre Dartout, a été nommé chef du gouvernement le 1er septembre 2020. Et alors que Monaco va financer ces travaux à hauteur de 80 %, les élus du Conseil national s’impatientent et poussent le gouvernement à réagir. Cela représente environ 8,8 millions d’euros, sur les 11 millions estimés pour la construction de cette trémie. Concernant les travaux d’élargissement du giratoire du CHPG et du boulevard du Jardin exotique, Monaco va financer 15,5 millions d’euros, sur les 20,5 millions estimés.

« Tous types de travaux sur l’avenue prince Rainier III, sur la moyenne corniche, quelle qu’en soit la durée, ont un impact considérable sur la circulation, qui est déjà fortement saturée entre 7 heures et 9 heures, et, à un degré moindre, l’après-midi dans le sens Monaco-Nice, à partir de 17 heures »

Xavier Beck. Maire LR de Cap d’Ail

Le Conseil national veut « en finir avec les études »

Les élus de l’Union, portés par la présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, ont fait de la mobilité leur cheval de bataille pendant la campagne électorale de décembre 2022. C’est donc sans surprise, ou presque, qu’un communiqué intitulé « Mobilité : pour le Conseil national, le gouvernement doit se préoccuper activement de faire aboutir le projet de trémie à Cap d’Ail » a été envoyé à la presse le 16 mai 2023. Sous une plume assez virulente, les élus demandent au « gouvernement », sans nommer personne, ni aucun département, de passer à l’action : « Concernant le sujet de la trémie du carrefour du Bautugan à Cap d’Ail, qui représente un point de blocage historique de la circulation entrante le matin, et en sortie en fin de journée, le Conseil national demande au gouvernement, de prendre une position proactive dans ce dossier qui oppose actuellement des collectivités locales françaises. En effet, la principauté de Monaco, comme sur d’autres opérations par le passé à Cap d’Ail, notamment la ZAC Saint Antoine, va financer à hauteur de 80 % les travaux relatifs à la mise en place d’une trémie. » Les élus du Conseil national aimeraient aussi faire passer cette trémie à double-sens, comme c’était le cas dans la dernière version du projet [à ce sujet, lire l’interview du maire LR de Cap d’Ail, Xavier Beck] : « Il apparaît opportun d’avoir une vision ambitieuse sur cette future infrastructure, en l’envisageant à double sens : entrée et sortie. De manière générale, l’Assemblée a demandé depuis de longs mois au gouvernement d’en finir enfin avec les études, et de décider, au moins une grande opération structurante en 2023. Ceci pour répondre, en partie, et en association avec d’autres dispositifs complémentaires les uns les autres, à cette vaste problématique de la mobilité. Cette décision du gouvernement, que le Conseil national réclame depuis trop longtemps désormais, constituera l’un des sujets centraux du prochain budget rectificatif, en octobre prochain. »

Cap d’Ail peut toujours retirer le recours déposé contre les deux délibérations, mais cette décision dépendra en partie du gouvernement monégasque et de ses relations avec la commune frontalière. Relations qui se sont « dégradées » depuis deux ans, juge Xavier Beck, « lorsque le gouvernement monégasque a considéré qu’il était plus simple de traiter directement avec la Métropole, gestionnaire de la voirie »

Le projet de métro revient sur la table

Quitte à parler de mobilité, les élus de L’Union en ont profité pour revenir sur leur proposition de créer un métro qui relierait Nice à Monaco « de manière très cadencée », jusqu’à Saint Roman. Cette idée, lancée initialement en octobre 2020 par la conseillère-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia [à ce sujet, lire notre article Bientôt un métro entre Nice et Monaco ?], ne fait pas l’unanimité au gouvernement aujourd’hui, et Pierre Dartout n’avait pas montré beaucoup d’enthousiasme à ce sujet lorsqu’il lui a été présenté en séance législative, le 12 décembre 2022, notamment en ce qui concerne le coût estimé d’un tel ouvrage, qui devrait être assumé en partie par la France, qui serait maître d’ouvrage pour une partie de l’infrastructure [à ce sujet, lire notre article Un métro souterrain Nice-Monaco : les conseillers nationaux y croient]. « Le coût pour creuser un tunnel est estimé, en moyenne, à 100 millions d’euros le kilomètre. Et, notre territoire étant en pente, il se peut que l’ouvrage coûte plus cher », avait alors rappelé le ministre d’État. Mais les élus insistent : « Il en va de notre attractivité professionnelle, et donc des performances économiques de notre pays. Une commission plénière d’étude avec les membres du gouvernement se tiendra début juillet au Conseil national. Ces sujets feront partie des discussions pour obtenir des décisions concrètes assorties d’un calendrier précis. » Contactés, le gouvernement monégasque et le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme n’ont pas répondu à notre sollicitation avant le bouclage de ce numéro, le 23 mai 2023.