jeudi 25 avril 2024
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Six amis monégasques sur le toit des Amériques

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Six résidents, salariés et entrepreneurs de la principauté, membres de l’association Wolf Pack Sports Team, se sont 9attaqués, fin janvier 2023, à l’ascension du sommet de l’Aconcagua surnommé le « colosse de l’Amérique ». Loin d’être rassasié, ce groupe d’amis envisage de poursuivre les ascensions, pour promouvoir le sport pour tous.

Ils s’étaient lancé le défi fou de gravir l’Aconcagua, considéré comme le plus haut sommet des Amériques. Un groupe d’amis de la principauté, réunis sous la bannière de l’association Wolf Pack Sports Team, s’est élancé à la mi-janvier 2023 dans l’ascension de ce colosse argentin situé à 6 962 mètres d’altitude. Et après quinze jours de marche dans des conditions extrêmes, Nicolas Toscan, Jérémy Guenoun, Benoît Martin, Éric Cancemi, Julien Trocello et Emmanuele Turco sont parvenus, samedi 28 janvier 2023, à hisser le drapeau monégasque au sommet de l’Aconcagua.

Treize jours d’ascension

Trois d’entre eux ont toutefois été contraints d’abandonner en cours de route, gagnés par le mal des montagnes et une extrême fatigue. Car ce genre d’expédition en haute altitude soumet les organismes à rude épreuve. Manque d’oxygène, froid glacial… ces six résidents, salariés et entrepreneurs de la principauté ont dû repousser leurs limites pour réussir leur pari. « Nous sommes tous égaux face aux conditions, en revanche nos corps ne sont pas égaux dans leur manière de réagir à ces conditions, explique l’un des participants Julien Trocello. La préparation est essentielle et la dimension psychologique et sociale, la force mentale, l’effet de groupe, l’abnégation… peut nous permettre d’aller au-delà de nos limites. Quand on fait ce genre d’aventure, on a envie de se tester, de repousser ses limites, de voir jusqu’où on peut aller. Ça permet de mieux se connaître, d’apprendre sur soi, d’être humble aussi car on a beau avoir tous les éléments pour nous, si on ne respecte pas la montagne, on n’y arrive pas ». Débutée le 15 janvier 2023, leur ascension aura duré treize jours au cours desquels les six alpinistes ont été confrontés à des conditions météo particulièrement hostiles : « La montagne n’avait pas été aussi enneigée depuis 20 ans. C’était devenu un congélateur. Il faisait très froid, -15 à -20 °C. Et quand on a pris une tempête de vent, ce qui nous a d’ailleurs obligés à repousser l’ascension finale de deux jours, il y avait des rafales à 80 km/h et nous nous sommes pris du - 30/- 35 °C. C’est dur car on ne peut même pas se mettre dehors en journée. On n’arrivait pas à discuter, ni à s’entendre tellement il faisait froid. Le vent rentrait de partout, c’était vraiment pénible. On avait qu’une envie, c’est que ça se termine », se souvient Julien Trocello.

« Quand on fait ce genre d’aventure, on a envie de se tester, de repousser ses limites, de voir jusqu’où on peut aller. Ça permet de mieux se connaître, d’apprendre sur soi, d’être humble aussi, car on a beau avoir tous les éléments pour nous, si on ne respecte pas la montagne,  on n’y arrive pas »

Julien Trocello

Objectif : « Seven summits »

Leur expédition prendra fin le 28 janvier 2023, après une ultime marche de plus de 8 heures pour parvenir au sommet. « Nous y sommes restés environ 30 minutes, ce qui est beaucoup parce qu’en général, on passe 5-10 minutes, et on redescend. Mais on se sentait bien. On a voulu faire pas mal de photos et profiter du moment ». Une parenthèse enchantée sur le toit des Amériques, dont la bande de copains se souviendra toute leur vie : « On prépare cette ascension depuis des mois, on a passé deux semaines dans le dur, dans la souffrance et atteindre le sommet, c’est l’accomplissement de tous ces efforts. Je l’ai extériorisé par des pleurs et ensuite, je me suis calmé, j’ai admiré le paysage et j’ai pensé aux copains, à tout ce que l’on avait fait et vécu ». L’émotion est peu ou prou la même chez Eric Cancemi, contraint à l’abandon après avoir été frappé par un mal aigu des montagnes : « Je suis amoureux de la Cordillère des Andes depuis que je suis petit. Plus on montait et plus on avait une vision d’ensemble qui était folle. J’ai vraiment « surkiffé » [aimé – NDLR] les moments à partir de 5 000 mètres d’altitude. Ce n’était que du bonheur. J’étais émerveillé par les paysages autour de moi ». Après le Kilimandjaro, gravi en octobre 2021, les six amis monégasques épinglent donc l’Aconcagua à leur tableau de chasse. Et ils ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin puisque, comme le révèle Éric Cancemi, « nous avons en tête de faire les « seven summits » [gravir les montagnes les plus élevées de chaque continent – NDLR]. Nous allons certainement nous entraîner cet été avec le Mont Blanc. Nous souhaitons aussi gravir d’autres sommets, moins connus. Mais nous voulons gravir des montagnes. Nous voulons toucher le ciel (rires) », insiste-t-il.

Des défis pour la bonne cause

En franchissant ainsi les plus grands sommets de la planète, ces expéditeurs de l’extrême donnent par ailleurs un beau coup de projecteur à leur association, Wolf Pack Sports Team. Car derrière ce projet d’envergure se cache une bonne cause : « Nous nous sommes fixés de gravir les plus hauts sommets du monde pour faire connaître notre association, dont l’objectif est de faire partager le sport au plus grand nombre et de leur mettre le pied à l’étrier pour avoir une vie plus saine et active », indique Éric Cancemi. Et d’ajouter : « On fabrique et on essaie aussi de vendre un peu de matériel à notre effigie pour se faire connaître et pour récupérer un peu d’argent. Et avec tout l’argent que l’on obtient, on achète du matériel pour le prêter gratuitement soit aux valides, soit aux personnes handicapées. On ne demande ni justificatif, ni licence. N’importe quelle famille, ou personne, peut venir et se servir ». En parallèle de leur ascension de l’Aconcagua, cette association a d’ailleurs lancé une campagne de crowdfunding  (1) dans le but de financer une joëlette, qui permettra aux personnes à mobilité réduite d’accéder au plaisir de la randonnée. Et bientôt des cimes alpines ? « Pour l’instant ce n’est pas envisagé, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas envisageable. Mais nous n’avons pas encore les épaules assez larges pour le faire. Car ça demande beaucoup d’organisation et d’assurance. C’est une lourde responsabilité, souligne Éric Cancemi. Un Kilimandjaro, ça peut être envisageable, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Avant d’en arriver là, il y a plein d’autres choses à faire. Mais si nous en avons les moyens, et si nous sommes aidés par des partenaires, nous le ferons avec plaisir », promet-il.

1) Pour participer à la cagnotte, vous pouvez vous rendre ici.