samedi 20 avril 2024
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L’aventure comme moteur

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Xavier Chevrin devant son véhicule
Après avoir déjà visité 5 continents, Xavier Chevrin pourrait bien en voir un sixième avec la mission Antarctica. © Photo Monaco Hebdo.

Après avoir sillonné l’Afrique pendant 38 jours avec un véhicule électrique Venturi sans assistance, Xavier Chevrin était de passage pour la première fois en principauté. Rencontre avec ce pilote pas comme les autres.

Asie, Afrique, Océanie, Europe, Amérique… Xavier Chevrin a foulé quasiment tous les continents. Qu’il y ait vécu ou qu’il y soit allé accomplir un périple ou une mission, ce quadragénaire professeur d’anglais a le goût de l’aventure. « Tous les 4 ans, j’ai une idée un peu débile et je me lance dans un projet un peu fou », nous explique-t-il, large sourire aux lèvres. Car ses envies d’ailleurs et son attrait pour la découverte de nouveaux horizons ne datent pas d’hier, et n’ont rien à voir avec une crise de la quarantaine. Déjà enfant, Xavier ne fait pas les choses comme tout le monde, n’en déplaise à sa maman. « J’étais tout petit, et au lieu de dormir dans mon lit, j’allais m’installer dans une tente que je m’étais faite au milieu de ma chambre. Ma mère venait m’en sortir pour me remettre dans le lit. » Au fil des ans, les explorations ont évolué. D’une tente de fortune au milieu de sa chambre à un voyage en stop aux Etats-Unis, où, pendant 3 mois, il sillonna les routes, tout en prenant le temps de découvrir le Mexique et le Canada. « J’avais 17 ans, et j’étais censé y faire du repérage » se souvient-il. Suivront d’autres escapades. « A 21 ans, je suis parti à cheval, avec une couverture, un revolver, et une caméra, pour refaire une route coloniale aux Etats-Unis, et voyager dans les conditions de l’époque ». Dormir dans une couverture, c’est un moindre mal quand on sait les conditions de sommeil de certains de ses périples.

Face au danger
Titulaire d’un bac +6 en civilisation et sociologie américaine et en anglais (« j’ai fait une publication, mais je n’ai pas rédigé ma thèse »), ce thésard ne recule pas face au danger. Lors d’un périple le long d’un fleuve en milieu subtropical, le lit était remplacé par un hamac. « Les hamacs avaient des moustiquaires, mais j’étais au-dessus de l’eau, et il y avait des alligators de six mètres. Un soir je me suis dit que je faisais un filet garni parfait pour ces bestioles », se souvient Xavier Chevrin. Après quelques expériences liées à l’armée, ce sont surtout ses rencontres avec les femmes qui vont un peu dicter la suite de ses aventures. « Les femmes me font toujours faire des virages à 90° », s’amuse le pilote de Venturi. Après avoir pas mal baroudé, sa compagne de l’époque lui demande de lever le pied, histoire de poser des bases solides à leur relation. « Comme elle allait devenir prof, j’ai passé le concours, et à ma surprise je l’ai eu. Du coup, on est parti à la Réunion. » Un métier qui lui confère une certaine liberté, afin de se lancer dans de nouvelles explorations, tout en retrouvant sa place à son retour. Après une traversée en scooter électrique (2008) et un premier challenge avec le constructeur monégasque (2010, Shanghai to Paris), les deux parties ont décidé de renouveler l’expérience, mais sur le continent africain.

Découverte
Là encore, le goût pour l’exploration de ce professeur pas comme les autres a été mis à rude épreuve. « Parfois c’était rock’n’roll pour les branchements, parce qu’on savait qu’il y avait de l’électricité pour recharger la voiture, mais on n’était pas sûr que tout soit adéquat », se souvient-il. S’il a traversé des paysages vierges et magnifiques, ce sont surtout les rencontres faites tout au long du voyage qui l’auront marqué. Notamment le fait que la population locale s’émerveille devant un véhicule électrique qui ne fait pas de bruit (« ils cherchaient toujours le pot d’échappement »), ou y voit un aspect pratique dans une utilisation locale (« le silence de la voiture était vu comme un bon point par les autorités qui y voyaient un moyen d’approcher silencieusement animaux et braconniers… »). Dans cette aventure inédite — c’était la première fois qu’un véhicule électrique traversait l’Afrique sans assistance —, les animaux ont apporté leur lot de surprises et de danger : « Je peux vous dire que quand on croise sur la route un lion ou un éléphant, on réfléchit à deux fois avant de le déranger ». Alors qu’un DVD de l’aventure est commercialisé par Venturi, d’autres projets sont déjà à l’étude. « On a plein d’idées qui bouillonnent, mais la plus avancée est le projet Antarctica, qui poussera la voiture dans des conditions extrêmes, un peu à l’opposé de celles d’Afrique ».