mercredi 24 avril 2024
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Les bus gratuits, c’est fini

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Le test de la gratuité des bus à Monaco a, comme prévu, pris fin le 2 janvier 2023. Au grand dam des élus du Conseil national, qui avaient réclamé une prolongation de la mesure lors des dernières séances publiques budgétaires.

La demande des conseillers nationaux n’aura donc pas été entendue par le gouvernement princier. À l’occasion des débats autour du budget primitif 2023 en décembre dernier, les élus avaient en effet réclamé la prolongation du test de gratuité des bus jusqu’au mois de mars 2023. En vain puisque depuis mardi 3 janvier 2023, les personnes souhaitant emprunter les transports en commun doivent à nouveau détenir un titre valide pour pouvoir embarquer dans les bus de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM) [à ce sujet, lire notre encadré Fini le papier, les tickets de bus passent au numérique — NDLR]. Un camouflet pour le Conseil national, qui a fait de la gratuité des bus l’un de ses chevaux de bataille.

« Nous donnons rendez-vous à madame Céline Caron-Dagioni pour revenir sur ce sujet en janvier 2023, car nous tenons à cette mesure »

Brigitte Boccone-Pagès. Présidente du Conseil national

Gouvernement et Conseil national dos à dos

Les retrouvailles entre le gouvernement princier et les conseillers nationaux risquent d’être des plus fraîches en ce début d’année 2023. Après s’être quittés bons amis en fin d’année avec le vote du budget primitif 2023, les deux institutions ont rendez-vous dans le courant du mois de janvier pour évoquer la gratuité des bus en principauté. Et les discussions promettent d’être animées tant leurs positions semblent éloignées sur ce sujet. D’un côté, l’exécutif semble totalement rejeter l’idée de pérenniser la mesure comme l’avait d’ailleurs clairement fait entendre la conseillère-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni, avant même le début du test de gratuité le 3 octobre 2022. Au contraire de la représentation nationale, qui espère voir la gratuité des bus devenir la norme en principauté. Pour le Conseil national, cette mesure constitue indéniablement « un marqueur fort de l’engagement de Monaco pour une principauté durable », comme l’a souligné Nathalie Amoratti-Blanc lors des dernières séances budgétaires. Sans même attendre les résultats dudit test, cette élue de la majorité Priorité Monaco (Primo !) a estimé qu’il s’agissait d’une « réussite » ou « a minima, d’un progrès » affirmant avoir « constaté une augmentation de la fréquentation des bus ». En réponse, Céline Caron-Dagioni était venue largement tempérer l’enthousiasme général, expliquant ne pas observer de report modal de la voiture vers les transports en commun. Car, si la fréquentation des bus fait bien partie des critères « objectifs » du gouvernement pour analyser les effets de la gratuité des bus, la baisse du trafic automobile en principauté en est un autre. Et sur ce dernier point, le compte n’y est pas, à en croire le gouvernement monégasque qui a, par ailleurs, mis en avant le coût d’une telle mesure estimé à plus de 5 millions d’euros par an.

Si la fréquentation des bus fait bien partie des critères « objectifs » du gouvernement pour analyser les effets de la gratuité des bus, la baisse du trafic automobile en principauté en est un autre. Et sur ce dernier point, le compte n’y est pas, à en croire le gouvernement monégasque

La gratuité des bus définitivement abandonnée ?

L’argument n’a toutefois pas suffi à convaincre les élus qui, par la voix de leur présidente Brigitte Boccone-Pagès, ont promis de ne pas lâcher sur ce sujet. « Nous donnons rendez-vous à madame Céline Caron-Dagioni pour revenir sur ce sujet en janvier 2023, car nous tenons à cette mesure » avait-elle ainsi lâché le 9 décembre 2022, un brin menaçant à l’égard du gouvernement. La fin du test de gratuité des bus maintenue au 2 janvier 2023 n’a, selon toute vraisemblance, pas dû calmer l’ardeur du Conseil national. En attendant de connaître l’issue des échanges entre les deux institutions sur la suite à donner à cette expérimentation, les bus sont donc redevenus payants. Et à voir les files d’attente devant les guichets de la CAM mardi 3 janvier 2023, beaucoup ne s’y attendaient pas, espérant sans doute une prolongation jusqu’au mois de mars 2023. Il n’en sera rien… pour le moment, en tout cas. Contacté par la rédaction de Monaco Hebdo, le Conseil national n’a pas été en mesure de répondre à nos sollicitations avant le bouclage de ce numéro, mardi 10 janvier 2023. Également sollicité par nos soins, le gouvernement n’a, de son côté, pas souhaité répondre à nos questions, estimant «avoir clairement expliqué la motivation de sa décision» lors de la séance publique budgétaire du 9 décembre 2022.

Transports : fini le papier, les tickets de bus passent au numérique

Il s’agit d’une nouvelle étape dans la transition numérique. Depuis le 3 janvier 2023, et la fin du test de gratuité des bus en principauté, il n’est plus possible d’acheter son titre de transport ou sa carte de dix tickets sur les bornes automatiques disséminées sur tout le territoire national. Le gouvernement princier a en effet décidé d’opter pour la dématérialisation pour des raisons essentiellement écologiques. « Le gouvernement, en lien avec la compagnie des autobus de Monaco (CAM) poursuit un objectif de modernisation et de renouvellement du système de billettique, favorisant dans ce cadre le développement de solutions numériques permettant, en lien avec les enjeux environnementaux, de ne plus favoriser le déploiement de titres papier », justifie ainsi l’exécutif, dans les colonnes de Monaco Matin. Plusieurs options s’offrent désormais aux usagers pour se procurer leur ticket de bus. La première consiste à passer par l’application mobile Monapass ou par le site Internet de la CAM (www.cam.mc), qui permettent d’acheter des billets dématérialisés mais aussi de recharger sa carte ou renouveler son abonnement. Autre possibilité, utiliser directement sa carte bancaire avec l’Open Payment lors de sa montée à bord du bus. Enfin, les tickets numériques peuvent aussi être achetés directement à la boutique de la CAM située au 22/24 rue du Gabian à Fontvieille. Que les personnes qui rencontrent des difficultés avec le numérique se rassurent, il est toujours possible d’« acheter un titre de transport à bord des bus (notamment pour les tickets à usage unique) ou de se rendre à l’agence commerciale de Fontvieille (notamment pour les abonnements) », précise le gouvernement qui se dit « attentif aux préoccupations et aux remontées qu’il pourrait y avoir des usagers ». À noter toutefois que les titres acquis à bord des bus demeurent plus chers, puisqu’il vous faudra débourser 2 euros, contre 1,50 euro normalement.