vendredi 29 mars 2024
AccueilEconomieLes métiers qui devraient recruter le plus en région PACA, d’ici 2030

Les métiers qui devraient recruter le plus en région PACA, d’ici 2030

Publié le

Une étude intitulée « Les métiers en 2030 » menée par l’organisation gouvernementale France Stratégie a localisé les besoins en recrutement qui devraient émerger d’ici 2030 sur tout l’Hexagone, région par région. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’importants postes pourraient être laissés vacants.

À l’horizon 2030, les métiers d’ingénieurs et de cadres du privé, mais aussi ceux de l’aide et du soin devraient figurer parmi les plus créateurs d’emplois en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), comme sur le territoire métropolitain. Typiquement, les profils d’agents d’entretien, d’aides à domicile, d’enseignants, de cadres commerciaux et technico-commerciaux, d’infirmiers, de sages-femmes et d’aides-soignants devraient faire partie des plus prisés sur le marché de l’emploi d’ici 2030. C’est ce qui ressort de l’étude « Les Métiers en 2030 », menée par France Stratégie, une institution rattachée au Premier ministre français, qui note que les besoins promettent d’être importants en PACA : en 2019, année du dernier recensement en date, cette région comptait 1,9 million d’employés, soit 7 % de l’emploi de la France métropolitaine. Or, d’ici 2030, les besoins de recrutement cumulés sur la période de projection devraient atteindre 33 % du stock d’emploi de 2019, une proportion proche de la moyenne française. Parmi ces besoins, certains secteurs promettent d’être plus demandeurs que d’autres.

Métiers restauration 2030
Trois métiers spécifiques à la région PACA, qui sont déjà confrontés aujourd’hui à de très fortes tensions sur le recrutement, devraient toujours avoir du mal à trouver suffisamment preneur pour combler les besoins, selon France Stratégie : les patrons et cadres d’hôtels, de cafés, de restaurants, les professions paramédicales, et les coiffeurs-esthéticiens risquent en effet de fortement manquer de candidats. © Monkey Business Images / Shutterstock

Typiquement, les profils d’agents d’entretien, d’aides à domicile, d’enseignants, de cadres commerciaux et technico-commerciaux, d’infirmiers, de sages-femmes et d’aides-soignants devraient faire partie des plus prisés sur le marché de l’emploi en PACA d’ici 2030

Les dix premiers métiers à forts besoins de recrutement entre 2019 et 2030 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (en milliers)

Métiers 2030 région PACA
Source : étude «Les métiers en 2030», France Stratégie

Trois métiers en forte tension

Trois métiers spécifiques à la région PACA, qui sont déjà confrontés aujourd’hui à de très fortes tensions sur le recrutement, devraient toujours avoir du mal à trouver suffisamment preneur pour combler les besoins, selon France Stratégie : les patrons et cadres d’hôtels, de cafés, de restaurants, les professions paramédicales, et les coiffeurs-esthéticiens risquent en effet de fortement manquer de candidats. En raison d’un déséquilibre positif important d’ici 2030, les tensions, déjà importantes, pourraient même s’accentuer, selon les conclusions de cette étude. Les besoins importants dans ces métiers seraient pourtant partiellement comblés par l’afflux d’une nouvelle main-d’œuvre, avec l’arrivée de professionnels en provenance d’autres régions. De plus, ces postes qualifiés pourraient, comme par le passé, être pourvus par des actifs déjà en poste, après une promotion d’employés à cadres.

Cette étude pointe aussi un risque de pénurie d’agents d’entretien : dans le détail, entre 2019 et 2030, 39 000 postes d’agents devraient s’ouvrir, dont 35 000 dus aux départs en fin de carrière et 4 000 aux créations nettes d’emplois

Dans les professions paramédicales et chez les coiffeurs-esthéticiens, également en très forte tension, le déséquilibre anticipé promet d’être négatif, ce qui pourrait maintenir les difficultés actuelles de recrutement des employeurs. Les professions dites « régaliennes » et les employés de la fonction publique afficheraient aussi un déséquilibre négatif d’ici 2030, mais les besoins de recrutement pourraient être accentués si, comme par le passé, les mobilités professionnelles sortantes restaient majoritaires. Cette étude pointe aussi un risque de pénurie d’agents d’entretien : dans le détail, entre 2019 et 2030, 39 000 postes d’agents devraient s’ouvrir, dont 35 000 dus aux départs en fin de carrière, et 4 000 aux créations nettes d’emplois. Ces postes à pourvoir représenteraient 41 % de l’emploi de ce métier en 2019 en région PACA, et 38 % de l’emploi français en général.

Les dix métiers où les déséquilibres potentiels sont les plus importants (positifs) entre 2019 et 2030 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (en milliers)

Métiers région PACA 2030
Source : étude «Les métiers en 2030», France Stratégie

Les patrons et cadres d’hôtels, de cafés, de restaurants, les professions paramédicales et les coiffeurs-esthéticiens risquent de manquer fortement de candidats

Métiers santé 2030
Dans d’autres professions, les forts besoins de recrutement seraient, au contraire, alimentés aussi bien par des créations nettes d’emplois que par des départs en fin de carrière, à l’instar des infirmiers et des sages-femmes. © Photo Spotmatik Ltd / Shutterstock

Des besoins supérieurs à la moyenne nationale

Parmi les emplois les plus recherchés, il y aura les métiers qui créeront des postes, et ceux qui nécessiteront des remplacements. Ces métiers qui afficheraient le plus de postes à pourvoir en région PACA sont les mêmes que ceux qui occupent les premières places dans la hiérarchie nationale des métiers aux plus forts besoins de recrutement. Certains d’entre eux, comme les enseignants et les conducteurs de véhicules, ne sont pas, ou peu, créateurs d’emploi. Mais leurs départs en fin de carrière devraient être très nombreux dans la décennie à venir. Dans d’autres professions, les forts besoins de recrutement seraient, au contraire, alimentés aussi bien par des créations nettes d’emplois que par des départs en fin de carrière, à l’instar des aides à domicile, des cadres commerciaux, des infirmiers et des sages-femmes. Mais, de manière générale, la croissance de l’emploi dans la région azuréenne serait supérieure à celle de la France métropolitaine pour les postes de cadres commerciaux, d’aides à domicile, d’ouvriers qualifiés du second œuvre et d’agents d’entretien, soit quatre des dix métiers les plus dynamiques d’ici 2030. Cela s’explique, selon cette étude, par le fait que la région PACA se caractérise par une plus forte implantation de la logistique portuaire et maritime, et par des emplois industriels plus qualifiés. Il y a en effet 22 % de cadres, contre 15 % dans les autres régions métropolitaines, hors Île-de-France.

Ces tendances sont d’ailleurs les mêmes que par le passé, pour la période 2009-2018. Dans la région, l’emploi est en effet aussi dynamique que dans l’Hexagone, et représente 4 % de l’emploi de 2019. En fin de carrière, les départs y seraient légèrement supérieurs à la moyenne métropolitaine, avec 29 % de l’emploi de 2019, contre 28 % dans l’Hexagone. La proportion de jeunes qui y débuteraient leur carrière pour occuper les postes créés ou laissés vacants par les seniors, serait, en revanche, inférieure à la moyenne hexagonale (24 % contre 27 %). Les besoins de recrutement seraient atténués par les arrivées nettes de nouveaux travailleurs résidents, qui représentaient 2 % de l’emploi de 2019. Au total, les postes non pourvus par les jeunes débutants et les arrivées d’actifs en emploi dans la région représenteraient 7 % de l’emploi actuel en PACA, et devraient alors être alimentés par les sorties du chômage, les reprises d’activité ou encore les immigrants, note l’étude. Mais, pour la moitié des métiers spécifiques à la région, les tensions actuelles sont faibles à modérées et, compte tenu du niveau de déséquilibre anticipé, elles devraient rester modérées d’ici 2030 selon l’étude, qui anticipe un déséquilibre faible ou nul. C’est en particulier le cas des maraîchers, des jardiniers, des secrétaires et des agents de gardiennage et de sécurité. Les employés de l’hôtellerie-restauration seraient même potentiellement en excès de main-d’œuvre, même si la reconduction des mobilités professionnelles observée dans le passé pourrait limiter ces surplus. Ce sont, en effet, comme le note l’étude, des métiers de première expérience, que les jeunes quittent rapidement pour monter en qualification ou se reconvertir. À l’inverse, des difficultés nouvelles de recrutement pourraient apparaître chez les employés de services divers, dont les tensions sont faibles aujourd’hui.

Les déséquilibres potentiels pour les dix métiers surreprésentés en Provence-Alpes-Côte d’Azur (en milliers)

Métiers région PACA 2030
Source : étude «Les métiers en 2030», France Stratégie

Un million d’emplois créés en France d’ici 2030

Pour réaliser ses projections d’emploi par métiers, France Stratégie s’est appuyé sur plusieurs scénarios macroéconomiques post-crise sanitaire, qui tiennent compte à la fois des changements de comportements induits par la crise Covid-19 et des efforts de lutte contre le réchauffement climatique, qui devraient être déployés à l’horizon 2030. Le scénario macroéconomique de référence repose ainsi, pour l’essentiel, sur des évolutions démographiques et macroéconomiques qui concernent la population active, les gains de productivité, le contexte international, hors guerre en Ukraine, et les politiques mises en œuvre par le gouvernement français, à partir des lois déjà votées. Dans ce scénario de référence, un million d’emplois seraient alors créés entre 2019 et 2030, en France, dont deux tiers dans les services marchands.

Total des flux pour la Provence-Alpes-Côte d’Azur entre 2019 et 2030 et comparaison avec les flux au niveau national (en pourcentage de l’emploi de 2019)

Métiers région PACA 2030
Source : étude «Les métiers en 2030», France Stratégie

En France, comme en région PACA, sans actions correctives, la majorité des métiers en tension aujourd’hui devraient continuer de l’être, et pourraient même voir leurs difficultés de recrutement s’aggraver d’ici 2030

Avec la poursuite de la tertiarisation de l’économie, cette étude prédit que la croissance de l’emploi dans les services serait équivalente à celle de l’emploi d’ici 2030. Il s’agit essentiellement des services aux entreprises, et des services d’utilité collective en matière d’éducation, de santé et d’action sociale. En revanche, les services de l’administration continueraient de se replier, de même pour l’emploi agricole, qui poursuivrait sa décrue au même rythme que par le passé. En revanche, les métiers industriels se redresseraient, inversant la tendance baissière des années passées. À ces créations nettes d’emplois s’ajouteront aussi les départs en fin de carrière des dernières générations de baby-boomers. La somme des deux prévoit ainsi que 800 000 postes seront à pourvoir, chaque année, d’ici 2030. Près de 90 % de ces postes devraient provenir du remplacement des départs des seniors. Ce devrait être le cas, en premier lieu, pour les postes d’agents d’entretien, d’enseignants, de conducteurs de véhicules, et de vendeurs. Une deuxième catégorie regroupera les métiers où les créations d’emploi contribueraient pour au moins un quart des postes à pourvoir : les cadres administratifs, comptables et financiers, les cadres commerciaux et technico-commerciaux, les aides-soignants et aides à domicile, les infirmiers, sages-femmes, les ouvriers qualifiés de la manutention, les médecins, et les techniciens de la maintenance. Une dernière catégorie, enfin, regroupera les ingénieurs de l’informatique et les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie. Ces métiers, relativement jeunes, comme le note l’étude « Les Métiers en 2030 » conjuguent en effet un fort dynamisme de l’emploi et de faibles départs en fin de carrière. Les postes nouvellement créés représenteraient alors au moins la moitié des postes à pourvoir. Une chose est sûre, selon cette étude : en France, comme en région PACA, sans actions correctives, la majorité des métiers en tension aujourd’hui devraient continuer de l’être, et pourraient même voir leurs difficultés de recrutement s’aggraver d’ici 2030. France Stratégie invite donc à à diversifier les canaux de recrutement, et à adapter les dispositifs d’accompagnement pour y remédier.

Pour lire la suite de notre dossier « Les métiers qui recrutent et qui payent le mieux à Monaco, en 2023 », cliquez ici.