jeudi 28 mars 2024
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Jean-Louis Grinda : « Nous ne vivons pas dans une bulle aseptisée et enchantée »

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L’élu Union Monégasque (UM), Jean-Louis Grinda, livre à Monaco Hebdo sa vision de cette rentrée sociale 2021. Interview.

Comment jugez-vous l’état du climat social en cette rentrée 2021 ?

Personne n’aimant l’incertitude, le climat social ne devrait pas échapper à cette règle… Je le regrette.

Quels sont les dossiers les plus sensibles ?

Les dossiers sensibles sont évidemment ceux liés à la crise sanitaire. Ils vont donc du passe sanitaire au budget de l’État.

L’obligation vaccinale dans les établissements de santé peut-elle déboucher sur de nouvelles tensions ?

Je rappelle que la vaccination est obligatoire en Italie pour les personnels de santé, et ce depuis la mi-avril 2021. Elle va l’être très bientôt en France, et dans d’autres pays. Pourquoi la principauté devrait avoir des règles différentes ? Le virus ne s’occupe pas du passeport des personnes contaminées, et de celles qui le seront. Nous ne vivons pas dans une bulle aseptisée et enchantée. Cette crise nous le rappelle douloureusement.

« La vaccination est obligatoire en Italie pour les personnels de santé, et ce depuis la mi-avril 2021. Elle va l’être très bientôt en France, et dans d’autres pays. Pourquoi la principauté devrait avoir des règles différentes ? »

Jean-Louis Grinda

En France, début août 2021, la Fédération SUD-Santé Sociaux et la CGT ont appelé les personnels soignants à la grève contre l’obligation vaccinale et le passe sanitaire : comment éviter cela à Monaco ?

Si nous voulons comparer avec la France, il faut également le faire avec l’Italie. La différence est qu’en France, il y aura une élection présidentielle au printemps prochain : la vaccination et le passe sanitaire y sont instrumentalisés par certains pour en faire une arme politique. C’est absurde, car le virus ne vote pas !

Jusqu’à quand faut-il prolonger les aides Covid et comment les financer ?

Qu’il soit bien clair que je suis totalement favorable à la vaccination, seul moyen de sortir de cette période horrible. Tout le monde souffre : les personnes, les familles, les entreprises et l’État. Les aides Covid, votées par le Conseil national unanime, ne pourront perdurer éternellement, mais elles doivent néanmoins continuer d’être évaluées par le gouvernement. À un moment, il faudra, là aussi, mesurer les avantages et les inconvénients à les interrompre. Selon moi, ce moment n’est pas encore venu, même si quelques effets d’aubaines doivent être corrigés. Quant au vaccin, il permet d’endiguer la propagation de la maladie à 90 %. De plus, un vacciné qui attraperait la Covid n’a quasiment aucun risque d’en développer une forme grave.

Sur Facebook, le groupe « Manifestation pacifique contre le passe sanitaire à Monaco » regroupe plus de 3 900 personnes : que répondre à ces opposants protéiformes, qui pèsent environ 10 % de la population locale ?

Les opposants au passe sanitaire, membres de ce groupe privé sur Facebook, représenteraient en effet 10 % de la population résidente. Encore faudrait-il être bien certain que les membres sont tous résidents… Si tel était le cas, la conclusion serait donc que 90 % des résidents sont en accord avec le passe sanitaire, qui ne discrimine d’ailleurs personne, puisqu’il n’oblige pas à la vaccination : il est toujours possible de se faire tester. Il est important de rappeler que le choix existe.

« Sans être une régression sociale, le texte sur l’aménagement du temps de travail révèle une erreur de “timing”. Il fallait remettre cela à des temps moins incertains. Cela a été une grande maladresse politique »

Jean-Louis Grinda

Le projet de loi sur l’aménagement du temps de travail a suscité colère et incompréhension chez les syndicats, qui estiment ne pas avoir eu connaissance du texte définitif qui a été voté : est-ce un passage en force de la part du gouvernement et des élus, alors que l’Union des syndicats de Monaco (USM) estime que ce texte est une « régression sociale », et qu’il remettra en cause les conventions collectives ?

Sans être une régression sociale, le texte sur l’aménagement du temps de travail révèle une erreur de “timing”. Il fallait remettre cela à des temps moins incertains. Cela a été une grande maladresse politique.

Comme l’été 2020, l’été 2021 est marqué par la pandémie de Covid-19 et les résultats financiers de la Société des bains de mer (SBM) risquent encore d’en pâtir, alors que la casse sociale dans l’hôtellerie et la restauration pourrait se poursuivre : que peut faire l’État ?

Concernant la SBM, la machine redémarre petit à petit. Encore une fois, seul le passe sanitaire permettra de tranquilliser les voyageurs, qu’ils soient touristes ou hommes d’affaires. Le gouvernement et le Conseil national examineront le dossier avec une attention soutenue, la SBM étant un fleuron essentiel dans l’économie de la principauté.

Où en est le projet de création d’une caisse autonome de retraite complémentaire monégasque, et le maintien dans les caisses sociales monégasques pour les futurs retraités est-il possible ?

L’État ne veut pas de la création d’une caisse autonome de retraite pour les fonctionnaires… tout en reconnaissant qu’il existe une dette certaine. Sur ce point, il y a divergence fondamentale avec le Conseil national, qui y est favorable. La revalorisation du point de retraite ne pourra se faire que dans le cadre d’une économie à nouveau totalement prospère. Les élus du Conseil national doivent pouvoir dialoguer avec tout le monde. À chaque fois que nous rencontrons les syndicats, la franchise et l’écoute sont de rigueur. Tant que cela sera respecté, la paix sociale ne sera pas en danger.

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