samedi 27 avril 2024
AccueilDossierLa Condamine, le "ventre" de Monaco

La Condamine, le « ventre » de Monaco

Publié le

La Condamine
© Photo DPUM.

Au pied du Rocher, la Condamine est un lieu empreint d’histoire. C’est surtout le cœur populaire de Monaco.

Par Noémie Montalbano.

La Condamine, c’est un village à l’intérieur de la cité. Le cœur populaire de Monaco qui bat au rythme de ses habitants. Sur la place du marché, au siècle dernier, « on refaisait le monde, la pluie et le beau temps, les réputations politiques se faisaient et se défaisaient, les rumeurs volaient » tout en achetant ses légumes. En 2011, rien n’a changé. Il suffit de se rendre place du marché un matin et de prêter l’oreille. En achetant son kilo de tomates grappes, une vieille dame raconte ce qu’il vient de lui arriver, une autre se plaint de ne pas avoir reçu ses allocations tout en payant ses deux steaks. Les enfants jouent, courent partout pendant que les parents prennent un café sous les arcades. La Condamine est un quartier de vie, où les Monégasques partagent une socca ou un pastis sans tabou.

Mieux, la convivialité et la solidarité de quartier qui ont survécu au temps peuvent sauver des vies. Claude Bernardini, 64 ans, peut en témoigner. Il y a un mois et demi, cet ancien aide-soignant du CHPG à la retraite fait un malaise chez lui, rue Baron Sainte-Suzanne. Ce sont ses voisins qui donneront l’alerte. « Ma voisine du dessus, qui s’étonnait de voir les volets fermés, s’est inquiétée. Avec le double des clés, elle est entrée chez moi et a appelé les pompiers. Le Smur (service d’urgences) est venu. Ils ont mis deux heures pour me réanimer… », raconte aujourd’hui ce « miraculé », qui a été découvert sur son lit en état d’hypothermie (à 23 °C) et est resté près d’un mois à l’hôpital… Les restaurateurs du quartier ont également eu un rôle capital. Alarmée de ne pas voir son client régulier trois soirs d’affilée, Patricia Ciccolella, la patronne du restaurant La Provence, « a passé quelques coups de fils » pour s’enquérir de son état de santé et tirer la sonnette d’alarme?: « C’est un monsieur que je connais depuis trois ans. Il venait dîner pratiquement tous les soirs. Je me suis demandé ce qui se passait car quand il ne venait pas il nous prévenait. » C’est d’ailleurs Patricia et son mari qui ont gardé le chien de Claude Bernardini, un joli terrier beige clair, durant toute son hospitalisation. « Beaucoup de gens sont venus me demander des nouvelles quand il était à l’hôpital, C’est un garçon très apprécié dans le quartier », ajoute la patronne de La Provence.

La Condamine
© Photo Bibliothèque Louis Notari / Fond Régional.

Quartier vivant

Emile Zola appelait « le ventre de Paris » les Halles de la capitale, où la nourriture et le peuple se retrouvaient en abondance. Cette métaphore pourrait s’appliquer au quartier de la Condamine, “le ventre de Monaco”. L’un des quartiers les plus vivants et typiques de la principauté. Du port à la place d’Armes, en passant par l’église sainte Dévote, les rues sont bordées de petits immeubles anciens, commerces et gargotes en tout genre, baignant dans une ambiance populaire. Il n’est pas rare d’entendre au marché, sur la place d’Armes, des personnes âgées exprimant leur amour pour le quartier. Et parfois même en monégasque?! Comme Marie, 82 ans, qui vit au 19 rue Princesse Caroline depuis 1972. Cette retraitée, ancienne employée de l’usine d’anchois « La Monégasque », revendique son attachement à la Condamine, soupirant qu’elle serait « très triste » si elle devait la quitter?: « J’aime m’y promener, m’installer sur mon balcon et regarder les gens qui passent ». Une amoureuse du quartier, contente que « sa partie » reste intacte. Pas comme au nord. En effet, plus haut, sur les délaissés de la SNCF, et jusqu’à Cap d’Ail, les pelleteuses et autres grues ont pris le pouvoir pour changer totalement l’aspect du quartier, et le rendre plus dynamique.

Le jardin des De Millo

Car au fil du temps, la Condamine s’est métamorphosée. Jusqu’au XVIIIème siècle, « ce n’était qu’un vaste jardin avec des oliviers, des caroubiers – pour donner à manger aux ânes et aux mulets -, et quelques agrumes », souligne l’historien Claude Passet. Difficile d’imaginer qu’à la place de cet espace urbanisé, prédominait la verdure. A l’époque, une famille, les de Millo, crée un grand jardin occupant la rue Caroline actuelle à l’avenue du Port, en passant par la place d’Armes. Pour se loger, la famille avait opté pour une villa à l’emplacement exact où se situe la banque BNP Paribas de la Condamine. « D’ailleurs, si vous levez la tête, vous verrez que les armoiries des de Millo sont toujours là, à l’étage », conseille l’historien. Aujourd’hui, cette grande famille est toujours mise à l’honneur, puisqu’une des rues de la Condamine a été baptisée à leur nom. Tandis que de nombreuses autres rues et ruelles du quartier « évoquent, pour la plupart, le nom de personnes ou familles ayant marqué l’histoire de Monaco », précise Georges Marsan, maire de Monaco. C’est le cas pour la famille Terrazzani, Suffren Reymond, premier maire élu en 1918, ou encore Louis Notari, premier magistrat de la ville de 1933 à 1944, ex-président du conseil national et membre du conseil de la couronne.

Jusqu’au XVIIIème siècle, bien entendu, il n’y avait ni restaurants, ni bars, sur le port. Encore moins de piscine. A la place, on peut imaginer un quartier de la marine d’où partaient deux axes principaux. Le premier, l’actuelle rue Grimaldi, faisait communiquer le rocher, la place d’Armes, le chemin du Prince en passant par Sainte Dévote pour rejoindre l’avenue de la Costa, et le boulevard des Moulins. Le deuxième, le chemin de la Turbie, « partait de la place d’Armes, traversait la rue de la Turbie, puis les escaliers du chemin de la Turbie et amenait, évidemment, à la Turbie », rappelle Claude Passet.

La Condamine
© Photo Bibliothèque Louis Notari / Fond Régional Cliché Detaille.

De Monaco-Ville à la Condamine

Après la révolution, en 1814, la famille Grimaldi récupère le trône mais, comme l’explique l’historien, « puisque la France avait d’autres soucis, avec notamment la chute de Napoléon », les Sardes prennent le protectorat de Monaco jusqu’en 1860. Ainsi, ils récupèrent un morceau du jardin des de Millo pour en faire la place d’Armes que nous connaissons aujourd’hui. Et qui était alors dédiée au maniement des troupes. Dès ce moment-là, des casin (petite maison en langue monégasque) se construisent. Puis s’agrandissent. Petit à petit, les propriétaires de terrain commencent à construire, à tracer des voies. Des constructions liées aux conceptions hygiénistes du XIXème siècle. Les plus riches, appartenant à la petite bourgeoisie monégasque, quittent alors les quartiers insalubres, à savoir les rues étroites et sombres de Monaco-Ville, pour s’installer à la Condamine, synonyme de soleil, d’appartements lumineux et aérés.

Théâtralisation de richesse

« L’architecture y était particulière car la bourgeoisie voulait étaler sa richesse, en rajoutant tout ce qui peut montrer la réussite sociale, sur les façades », observe Claude Passet. En effet, mosaïques, carreaux de céramiques, motifs végétaux et représentation de soi ou de sa famille ornent les façades des bâtiments. Cette théâtralisation de la réussite sociale est visible au 25, rue de Millo. « La maison est remarquable, sur 3 étages, tous les styles d’architectures sont présents, comme si tout ce qui était présent sur les catalogues de décoration avait été acheté et installé ». Mais puisque tout était dans l’apparence, la décoration intérieure des maisons ne reflétait aucunement cette richesse extérieure. « La plupart du temps, l’intérieur était très modeste », décrit l’historien. Pendant ce temps, Monaco devient une ville balnéaire, où les touristes affluent de plus en plus, surtout en hiver. Favorisant la construction d’hôtels de luxe comme le Beauséjour et le Renaissance. La Condamine se transforme en un quartier populaire.

Dans les années 1900, la place d’Armes est complètement réaménagée dans le style piémontais avec des galeries de commerces couvertes, comme on peut en trouver à Turin ou dans d’autres villes de l’Italie du nord. Le marché, jusque-là basé à Monaco-Ville, s’installe, devenant le cœur de la Condamine. « Le fait de concentrer en un seul lieu un nombre conséquent de commerces et tout ce qui était disponible comme biens de consommation était un pas de plus vers la modernité », analyse Claude Passet.

La Condamine
C’est dans l’optique de conserver cette image urbaine ancienne, reconnaissable grâce à son architecture fin XIXème, par ses immeubles bas, ses façades décorées, sa voirie étroite et ses toitures en tuiles rouges, que des mesures de protection ont été édictées en 2006. © Photo DPUM.

Des oliviers aux logements domaniaux

Urbanisation rapide, construction des infrastructures, mise en souterrain de la gare SNCF… Depuis 50 ans, le quartier de la Condamine s’est métamorphosé.

Qui peut croire aujourd’hui que vers 1856, au moment où Charles III devient prince de Monaco, le quartier de la Condamine ne se résumait qu’à des oliviers, des caroubiers, des jardins et quelques maisons de campagne?? Selon Jean-Michel Manzone, directeur de la prospective, de l’urbanisme et de la mobilité (DPUM), plans à l’appui, ce n’est qu’à partir de 1875, que l’on peut dater « une première tendance à l’urbanisation ». En effet, à l’époque, diverses études de lotissement sont menées, ainsi qu’une tentative, sans grand succès, d’établissement du tout premier casino. Une aventure infructueuse, avant que ce dernier ne prenne racine dans le quartier des Spélugues. La même année, les premières règles rédigées en matière d’urbanisme apparaissent sur la partie nord du quartier, mieux exposée, au travers « d’un cahier des charges avec quelques directives et plans d’alignement ». Des règles édictées pour le boulevard Charles III, la place d’Armes et l’avenue du Port. L’urbanisation de la Condamine Nord consiste alors en des villas sur 2 à 4 niveaux, en continuité ou séparées les unes des autres de 4 mètres. Les villas sont placées en retrait par rapport à la voie, avec au milieu un jardin. Tandis que la clôture sur voie est alors constituée d’un mur surmonté d’une grille. Au fil du temps, ces reculs ont été transformés en trottoirs, terrasses de restaurants, jardinières publiques ou privées, etc. Puis, en 1894, débute l’urbanisation de la Condamine sud, moins bien ensoleillée, au sein de laquelle subsistaient deux grands jardins.

Pour l’historien Claude Passet, « l’urbanisation de la Condamine s’est faite avec la venue du chemin de fer ». En effet, après que Charles III a cédé Menton et Roquebrune à Napoléon III, en 1861, est prévu dans les accords l’arrivée du chemin de fer à Monaco, « qui va bouleverser l’espace naturel même si la voie ferrée passait plus haut que la Condamine, pour préserver les terrains agricoles ».

La Condamine
© Photo Bibliothèque Louis Notari / Fond Régional.

Le nord et le sud

« L’urbanisation a continué sans véritable renouvellement des règles d’urbanisme jusqu’à la seconde guerre mondiale », précise le directeur de la DPUM. Mais à la suite des bombardements sur la principauté, certaines constructions sont touchées. Et comme pour effacer les séquelles, l’architecte français Eugène Beaudouin livre ses premières réflexions. Assez radical dans sa démarche et dans l’esprit de l’urbanisme d’après-guerre, il propose un plan d’urbanisme du quartier de la Condamine conduisant à un renouvellement total des constructions. Mais face aux oppositions, ce plan reste à l’état de proposition. Jusqu’en 1959, des autorisations de construction, telles que des surélévations et des reconstructions commencent à être délivrées au coup par coup. Des opérations singulières voient le jour comme l’Héraclès vers le milieu des années 50?: « C’était le premier immeuble de grande hauteur, un immeuble que le prince Rainier a toujours regretté », commente Claude Passet. Entre 1959 et 1963, « deux architectes monégasques, Jean et José Notari, travaillent avec Eugène Beaudouin pour décliner le plan d’urbanisme en principe directeur d’urbanisme pour la Condamine ». C’est ainsi qu’un plan de coordination partiel est établi?: un plan de masse, qui définit la disposition et la volumétrie des constructions, la part des espaces publics, les orientations programmatiques et architecturales pour arriver à reconfigurer l’urbanisme du quartier. En 1967, une ordonnance souveraine formalise la zone nord de la Condamine. Mais avec le temps « on s’aperçoit qu’au lieu d’aboutir à une ordonnance souveraine qui définissait globalement le plan d’urbanisme de la Condamine nord, ce dernier a été décliné îlot par îlot, 7 au total ».

Urbanisme d’opportunité

Ainsi, l’urbanisme de la Condamine nord a été conduit, au fil du temps, par des opportunités et des besoins largement contrariés par le parcellaire très découpé. De son côté, la Condamine sud, suspendue à des projets de rénovation totale car jugée inadaptée aux normes de l’urbanisme d’après-guerre et à l’arrivée en masse de la voiture, est restée malgré tout dans sa configuration ancienne et n’a pratiquement pas été modifiée, à l’exception de la réalisation de la caserne de pompiers. Pour Jean-Michel Manzone, c’est dans l’optique de conserver cette image urbaine ancienne, reconnaissable grâce à son architecture fin XIXème, par ses immeubles bas, ses façades décorées, sa voirie étroite et ses toitures en tuiles rouges, que des mesures de protection ont été édictées en 2006.

A la recherche de l’espace

Mais comme toujours, Monaco a besoin de gagner de l’espace. Les premiers dessins de Beaudouin d’après guerre proposaient d’ailleurs la libération d’une bonne partie de la Condamine sud afin d’avoir une perspective de la place du marché au port. « Mais à l’époque, ces idées ne sont pas passées vis-à-vis des décideurs », rappelle Jean-Michel Manzone. Aujourd’hui encore, la tendance est de réfléchir, pour la Condamine nord, à des possibilités de construction limitées qui s’inscrivent dans le cadre de la ville constituée avec le respect des alignements, des rapports au bâti, de l’architecture et des volumes. Bref ce qui fait le caractère actuel du quartier tout en respectant le principe d’amphithéâtre, partie intégrante de l’identité de la principauté.

Aujourd’hui, le quartier de la Condamine s’étend au-delà des ses frontières traditionnelles au travers de l’un des grands chantiers menés par l’Etat monégasque afin de poursuivre le développement de Monaco, dans un souci d’espace?: l’enfouissement de la gare SNCF et l’urbanisation des terrains correspondants, les fameux « délaissés SNCF ». En 1985, les premières études de faisabilité sont menées, les travaux commencent en 1993. Le 27 novembre 1999, le tout premier train passe par la nouvelle gare, longue de 500 m.

Refonte des couleurs

Cette mise en souterrain, au cœur du vallon de Sainte Dévote, a permis l’urbanisation d’un ourlet de 4 hectares destiné à recoudre les quartiers séparés par la voie ferrée. Sur ces 4 hectares, entre le vallon de Ste Dévote et la frontière ouest, de nombreux travaux sont entrepris. Près de 500 nouveaux logements domaniaux, sur les îlots Rainier III, Jacarandas, Canton, Castelleretto, sont sortis ou vont sortir de terre avec, en rez-de-chaussée, des commerces et des équipements. « Un grand changement du point de vue urbanistique », précise Claude Passet. Les architectes ont produit des immeubles avec un cachet ancien, des couleurs douces, des moulures et des balcons en fer forgé. Toutes ces réflexions conduisent la DPUM à lancer aujourd’hui « une étude de fond sur la palette de couleurs de la principauté car cette dernière datant des années 60, elle n’était plus du tout d’actualité ». Des projets d’urbanisation à suivre car ils ne vont pas s’arrêter là?!

Eugène Beaudouin, après guerre
Né en 1898 à Paris, Eugène Beaudouin a suivi des études à l’école nationale supérieur des beaux-arts afin de devenir architecte et urbaniste. Précurseur de l’architecture moderne dans l’entre-deux guerre, il a exercé son activité dans le cadre des plans de reconstructions de Marseille, Monaco, Saigon, Toulon, Montpellier et Clermont-Ferrand. Ses réalisations sont nombreuses et diverses?: écoles, ambassades, maisons du peuple, la cité Rotterdam de Strasbourg, immeuble du Vieux Port de Marseille, le quartier Maine-Montparnasse, etc. Eugène Beaudouin a également été directeur de l’école d’architecture à l’université de Genève, puis professeur à l’école nationale supérieure des beaux-arts ainsi que membre de l’académie des beaux arts, président de la société française des urbanistes et président de l’union internationale des architectes.
Ilot Rainier 3
© Photo D.R.

La Condamine s’offre un lifting

Grâce aux espaces libérés, le quartier de la Condamine va dévoiler son nouveau visage, d’ici quelques mois, voire quelques années. Tour d’horizon des projets.

Rien ne se perd, tout se transforme. Surtout en principauté où le nombre de travaux est considérable. Le visage de la Condamine va encore beaucoup évoluer dans les prochaines années. La transformation est déjà lancée. Même si la partie sud de la Condamine reste intouchable dans son aspect général et doit garder ce cachet typique et ancien, le marché, déjà réhabilité en 1992, va changer. Comme l’explique Georges Marsan, maire de Monaco, « les travaux de restructuration, financés par l’Etat, auraient dû débuter en 2010 mais ont été reportés du fait de la crise économique ». Finalement, ces derniers démarreront en 2011 et dureront un an. Les commerçants ne seront pas oubliés puisqu’un chapiteau, sur la place d’Armes, sera érigé pour les accueillir. « Dans un premier temps, ces travaux permettront une extension limitée de la mezzanine qui laissera subsister en son centre un large puits de lumière et qui accueillera une activité de restauration. Le marché intérieur sera réaménagé avec une implantation différente des cabines », décrit le maire. Sans oublier la création de deux zones avec des tables et des chaises installées en libre service pour la clientèle. Dans un second temps, la place sera elle aussi revisitée avec un repositionnement des maraichers, des kiosques et de l’aire de jeux dont la superficie augmentera de 60 %. Tout ceci, « dans le but d’améliorer la visibilité du bâtiment et le fonctionnement de l’ensemble et de faire évoluer commercialement le marché de la Condamine, tout en conservant son identité et son authenticité ». Ce que confirme Jean-Michel Manzone, directeur de la prospective, de l’urbanisme et de la mobilité (DPUM)?: « Il n’est pas prévu, à ce jour, de faire évoluer la réglementation de la Condamine Sud. Les travaux du marché n’occasionnent aucun changement sur le plan urbanistique, il s’agit juste d’aménagements de l’espace public ».

Liaison entre Fontvieille et Condamine

Toujours dans un souci de rendre le quartier plus dynamique, grâce aux commerces, le directeur de la DPUM confirme le projet d’une liaison entre Fontvieille et la Condamine?: « Aujourd’hui, si vous prenez l’ascenseur qui relie la galerie de Carrefour à la place du Canton, au boulevard Charles III, vous pouvez voir des affiches signalant des travaux car, une galerie est en construction », indique Jean-Michel Manzone. En effet, le but est de créer, par cette nouvelle galerie et des ascenseurs, une continuité entre la galerie marchande de Fontvieille, et les futures implantations de commerces au rez-de-chaussée de l’ilot Rainier III. « Ensuite, en descendant l’avenue du port, les piétons pourront arriver au marché de la Condamine, ce qui permettra, en résumé, d’élaborer un cheminement commercial sur une surface importante », explique le directeur de la DPUM.

Lycée et crèche

L’aspect du quartier va également évoluer avec l’implantation du lycée technique initialement placé dans le quartier de l’Annonciade. Les travaux sont déjà en cours et permettront l’ouverture de l’établissement dès la rentrée 2013. « La réflexion est ancienne », d’après Jean-Michel Manzone. Déplacer le lycée libérera des surfaces importantes en liaison avec des projets immobiliers qui ont vu le jour, comme la tour Odéon, et qui vont donner à ce quartier, une possibilité d’aménagement comme un centre d’affaires urbain. D’ailleurs, « des bureaux et des commerces y sont envisagés dans le cadre du développement économique de la principauté ». En ce qui concerne le collège Charles III, située juste en face du lycée, « des réflexions sont en cours pour son relogement sur les délaissés SNCF dans le cadre des îlots Pasteur et Charles III en liaison avec le relogement de l’hôpital dont on examine la faisabilité de pouvoir également l’implanter sur ces deux îlots mais aussi sur 3 autres sites potentiels en fonction du nouveau programme sanitaire défini par la DASS », détaille Jean-Michel Manzone.

En parallèle, des projets de médiathèque et de crèche murissent. La médiathèque était prévue sur l’îlot Canton, mais des immeubles domaniaux vont être érigés. Néanmoins « la réflexion se poursuit toujours pour une construction sur plusieurs sites envisageables, afin de trouver le site d’implantation consensuel entre les différentes parties prenantes ». La crèche, elle, est maintenue, et sera livrée en 2013 dans l’îlot Canton, au rez-de-chaussée des logements domaniaux. D’ailleurs, en sous-sol de ces logements, le fond régional, les archives et les stockages de la médiathèque trouveront leur place. En résumé, d’ici deux ans, « toute la partie ouest de la Condamine sera reconfigurée », précise le maire Georges Marsan.

Nouveau mode de transport ?

Qui dit nouvelles constructions dit population accrue et besoin de transport. La réflexion est en cours pour un transport en commun en site propre (TCSP). Afin de peaufiner les objectifs du TCSP, des enquêtes de mobilité ont été réalisées en 2008. « Nous voulions connaître les déplacements, autrement dit, qui se déplace, et de où à où », ajoute Jean-Michel Manzone. A Monaco, 40 % des trajets se font à pied, et à la limite, d’après le directeur de la DPUM, pour faciliter les déplacements « il serait imaginable de multiplier les ascenseurs, escalators et translators de manière à faciliter la marche à pied ». Les réponses possibles sont donc multiples. Mais avant de savoir si Monaco disposera d’un funiculaire ou d’un tramway, il faudra patienter. En fonction des scénarios de tracés proposés, et de la difficulté rencontrée, entre 5 et 7 ans seront nécessaires avant de finaliser le projet.

Le cas Plati
Le quartier de la Colle, plus communément appelé Plati, est généralement associé à la Condamine. Pourtant, il est totalement distinct de la Condamine, tant du point de vue de sa morphologie que de sa réglementation. Sur le plan réglementaire, il n’est pas prévu à ce jour de grands changements dans cette partie de la principauté. Les grands chantiers, telle que la résidence Athéna, ont été effectués ou sont en cours, comme L’Oiseau Bleu. Le quartier est donc censé a priori conserver son cachet ancien et ses rues étroites. Mais jusqu’à quand ?
Monaco en chantiers
Lycée technique et hôtelier :
Coût : 82,5 millions d’euros
Fin des travaux : fin 2012
Ilot Canton :
66 logements, crèche de 60 berceaux, 2 000 m2 réservé au fonds régional de la bibliothèque Louis Notari.
Coût : 90 millions
Ilot Rainier III : 237 logements dans 2 immeubles de 9 et 10 étages. 117 logements domaniaux livrés en février 2012. Et 120 en février 2013. Coût : 126 millions d’euros
Travaux de voirie et de réseaux :
Coût : 180 millions d’euros