jeudi 18 avril 2024
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Une manif, et après??

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Manif USM URM
Un millier de salariés sont descendus dans la rue le 17 novembre lors de la manifestation interprofessionnelle. © Photo USM.

Plus d’un millier de salariés sont descendus dans la rue le 17 novembre lors de la manifestation interprofessionnelle. Alors que les partenaires sociaux se préparent à la prochaine réunion tripartite, le conseiller de gouvernement Stéphane Valeri souhaite rassurer sur l’avenir des retraites.

Le cortège était certes un peu moins massif qu’à l’ancienne manifestation interprofessionnelle. Mais le 17 novembre quelque 1?100 personnes selon la police, 1?500 selon les syndicats, sont descendues dans la rue. Les salariés ont battu le pavé pour défendre le régime des retraites monégasques et demander une revalorisation généralisée des salaires. « C’était une manifestation réussie. Beaucoup d’entreprises ont appelé à des actions de grève », explique Monique Ferreté, secrétaire générale adjointe de l’USM. Hôtellerie, industrie, fonction publique, banques, casino ou secteur hospitalier… Tous les corps de métier étaient représentés. Les employés de Monaco Telecom, de la compagnie des autobus, de la Smeg ou encore du commerce (notamment de la Fnac, de Zara et de Carrefour) ont également répondu à l’appel des syndicats. Les agents de parkings, une trentaine au total, sont même venus pour la toute première fois grossir les rangs de la manifestation.

Réplique à la fédération patronale

Et c’est sans surprise la vaste campagne de communication lancée par la fédération patronale, début novembre, qui a été l’une des principales cibles des critiques ce jour-là. Point par point, Monique Ferreté a répondu aux arguments avancés par la fédération patronale sur les avantages des salariés monégasques?: « Il paraît que nous sommes trop bien payés?: 1/3 de salaire net en plus par rapport aux salaires français nous disent-ils. Pourquoi font-ils toujours référence au salaire net si ce n’est pour éviter de parler de la différence qu’il y a en moins à Monaco par rapport aux salaires bruts français. Car notre salaire ne se mesure pas en net mais bien en brut », a lancé la secrétaire générale adjointe de l’USM devant la foule. Avant d’ajouter?: « Ils oublient de dire qu’ils vous payent 4 heures de moins par semaine par rapport à vos collègues en France en dépit d’une loi sur le salaire qui doit s’appliquer tel que l’a jugé le Tribunal d’appel dans une affaire récente. » Au micro, Betty Tambuscio a de son côté insisté sur l’unité syndicale. « L’USM, c’est 38 syndicats professionnels, unis, représentatifs de l’économie monégasque, n’en déplaise à Monsieur Valeri qui s’exprime dans la presse pour contester la représentativité de l’USM. L’USM c’est 2?500 syndiqués qui agissent, qui se concertent, qui opposent une résistance résolue au recul social. Et ces 2?500 agissent en accord avec la majorité des salariés?! » De son côté, Stéphane Valeri tente de rassurer (voir interview). Début novembre, le conseiller aux affaires sociales a d’ailleurs multiplié les interventions publiques. Trois en une semaine. L’une devant l’AMAF, l’autre devant l’association des femmes chefs d’entreprises. Une autre enfin devant l’association des entrepreneurs italiens où il a expliqué les grandes orientations de sa politique sociale. Alors que le 20 octobre dernier avait lieu la première réunion tripartite sur le travail au noir, la deuxième est actuellement en préparation. Aucune date n’a pour l’heure été fixée.

“Singer leurs confrères syndicalistes français”
Via un communiqué, les élus de l’opposition sont à leur tour montés au créneau. « Nous constatons avec stupeur que les syndicats de salariés à Monaco en viennent maintenant à déclencher des grèves “préventives”, entraînant des centaines de personnes dans la rue. En période de crise économique, ces journées d’actions sont insupportables et déplacées », souligne Rassemblement et enjeux (R&E). Des élus qui estiment par ailleurs que les autorités ont laissé « s’envenimer les relations patronat-syndicats » et que l’Etat n’a pas suffisamment joué son rôle de médiateur. « Il est temps que certains arrêtent de se plaindre et d’entraver la productivité de nos entreprises et de nos services publics en trouvant de nouveaux prétextes pour singer leurs confrères syndicalistes français », conclut l’opposition.

“Pas d’amalgame avec la France”

Monaco Hebdo?: Comment réagissez-vous par rapport à l’inquiétude des salariés??

Stéphane Valeri?: Le gouvernement comprend que le contexte général en France favorise l’inquiétude par rapport aux retraites. Mais la situation à Monaco n’est absolument pas comparable. On ne peut pas parler de réforme, car ce serait faire un amalgame erroné avec la situation française. Nous avons calculé que selon les niveaux de salaires, un salarié monégasque touche de 30 à 80 % de retraite en plus par rapport à un salarié français. Ce sont les chiffres de la direction des caisses sociales qui ont été calculés sur des exemples précis. Je souhaite d’ailleurs rassurer les salariés. A Monaco, l’âge légal de départ à la retraite est de 65 ans et l’âge de départ anticipé est de 60 ans. Ça ne changera pas. Pour autant, il y a des seuils d’alerte qui ont été signés le 22 juin 2009 au sein du comité de contrôle de manière consensuelle. Si un de ces seuils était franchi, ce qui est probable l’année prochaine, dans ce cas, on lancerait une concertation à des mesures de protection du régime. De toute manière, parce qu’on s’y prendrait suffisamment tôt, nos mesures seraient très modérées et non pas brutales. Notre régime de retraite est en bien meilleure santé que les autres régimes européens. On a plus d’un milliard d’euros de fonds de réserve.

M.H.?: Quels seront les thèmes abordés lors de la prochaine réunion tripartite??

S.V.?: Le thème propriétaire sera la revalorisation des pensions des invalides A la dernière réunion de la commission qui gère les accidents du travail, le gouvernement a proposé une double mesure. A savoir diminuer de 15 à 7,5 % le taux de cotisation obligatoire sur les assurances du travail pour les entreprises. Donc un allègement des charges. Mais on a décidé également de renforcer les droits du salarié en proposant une augmentation de 10 % au-delà de l’inflation des pensions d’invalidité pour les accidentés du travail et pour les salariés qui sont en maladie professionnelle.

Depuis des années, on a cumulé un fonds considérable. Il y a 36 millions d’euros qui n’ont pas été dépensés. Dès janvier, les pensions des invalides seront donc augmentées. La loi sur le contrat de travail et la loi sur les salaires seront également à l’ordre du jour. Il y a par ailleurs des sujets qui tiennent particulièrement à cœur à chacune des parties. Pour la fédération patronale, il s’agit de nationaliser le système de retraite complémentaire qui est pour l’instant un système ARCO-AGIRC français. Pour l’USM, c’est la modernisation sur la loi des syndicats. Tout ceci sera également abordé.