jeudi 28 mars 2024
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“Faire de Monaco une vitrine du made in Italie”

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Antonio Morabito ambassadeur d'Italie
Antonio Morabito est depuis le 14 octobre le nouvel ambassadeur d'Italie à Monaco. Il succède à Franco Mistretta parti à la retraite. © Photo Monaco Hebdo.

Depuis plus d’un mois, Antonio Morabito est le nouvel ambassadeur d’Italie à Monaco. Il livre à Monaco Hebdo les principaux objectifs de son mandat.

Monaco Hebdo?: Vous avez pris vos fonctions à Monaco depuis le 14 octobre. Racontez-nous votre parcours??

Antonio Morabito?: J’ai commencé ma carrière diplomatique en 1986 après avoir obtenu un diplôme de sciences politiques à l’université de Rome, la Sapienza. J’ai occupé d’abord un poste à la direction des affaires politiques étrangères. Ma carrière s’est ensuite prolongée à l’étranger, à Jakarta, en Indonésie, de 1989 à 1993. J’ai ensuite été consul en Argentine de 1993 à 1996, à Mendoza. Une ville dont 70 % de la population était d’origine italienne.

M.H.?: Vous avez ensuite commencé à collaborer avec les Présidents du Conseil en Italie.

A.M.?: De 1997 à 2000 j’étais dans le bureau du conseiller diplomatique du président du conseil des ministres. J’ai suivi des dossiers pour les Nations Unies, le Saint-Siège, l’Amérique latine et l’Afrique. J’ai accompagné le premier ministre dans plusieurs voyages officiels à l’étranger et en Italie. J’ai ensuite été en Iran, à Téhéran, de 2001 à 2003. Puis je suis revenu à Rome au ministère des affaires étrangères dans le secteur de la communication pour promouvoir tout ce que faisait l’Italie en matière d’aide au développement. De 2006 à 2008, j’ai également été conseiller diplomatique du ministre de la famille. Enfin, avant de venir à Monaco, j’étais au ministère des affaires étrangères en charge de la communication. Et notamment de la promotion de la culture italienne à l’étranger.

M.H.?: Quelles ont été vos premières impressions en arrivant à Monaco??

A.M.?: Monaco est un lieu global de rencontres et d’échanges. J’ai été surpris de voir à quel point c’était un pays cosmopolite. La communauté italienne y est très forte. On compte 7?000 résidents italiens dont 1?200 mineurs de moins de 16 ans. C’est une communauté très active et très intégrée.

M.H.?: Quelles sont vos priorités??

A.M.?: J’aimerais promouvoir un certain nombre initiatives dans la continuité et non de manière sporadique. En matière culturelle par exemple, j’ai rencontré le directeur du théâtre princesse Grace qui m’a proposé d’intégrer dans la programmation 2011/2012 des pièces italiennes. Avec des compagnies théâtrales de renommé internationale. Nous avons aussi eu des contacts avec le théâtre des Variétés. Pour le cinéma, je souhaiterais faire venir à Monaco des comédiens ou de grands réalisateurs italiens. Autres que ceux déjà présents avec succès pendant le festival de comédie. Car il y a un vrai public ici à qui cela pourrait plaire.

M.H.?: D’autres initiatives??

A.M.?: L’Italie étant très en pointe dans le secteur nautique, il y aurait éventuellement un projet à créer sur ce thème autour des nouvelles technologies. J’aimerais aussi promouvoir davantage la gastronomie italienne. Un salon existe déjà depuis 4 ans?: Sapori e salute. Mais je souhaiterais renforcer la visibilité de la cuisine et des produits issus des différentes régions italiennes. Il serait intéressant de promouvoir un parcours de visite de délégations officielles des régions avec entrepreneurs et grands chefs italiens. En février, il est déjà prévu un important évènement autour de la culture, de l’œnologie et de la gastronomie de l’Emilie Romagne. Plus spécifiquement de la ville de Parme. Des initiatives sont aussi en programmation avec l’Ombrie, la Toscane, la Calabre ou encore le Piémont. En somme, faire de Monaco une « vitrine du made in Italie ».

M.H.?: Et d’un point de vue économique??

A.M.?: Il y a plus de 1?100 entreprises italiennes à Monaco. Dans tous les secteurs. Que ce soit dans le trading alimentaire international, le tourisme, dans les services ou l’hôtellerie. Je souhaiterais donc favoriser les échanges pour les entrepreneurs monégasques qui voudraient investir en Italie et pour les entrepreneurs italiens qui souhaiteraient investir à Monaco. Il y a des secteurs en Italie comme l’énergie propre et notamment le secteur éolien qui bénéficient de fonds européens importants. C’est un travail que je pourrais éventuellement accomplir en collaboration avec l’association des entrepreneurs italiens.

M.H.?: Monaco accueille également de nombreux travailleurs italiens…

A.M.?: 4?500 italiens viennent en effet travailler à Monaco. Dont 4?000 viennent de la seule commune de Vintimille. C’est une communauté qui rencontre toutefois un certain nombre de difficultés, notamment en matière de transport. Un de nos objectifs communs avec Monaco et la France est donc de renforcer le système ferroviaire. Un projet était à l’étude. Il s’agissait notamment de prolonger les lignes TGV françaises jusqu’à Vintimille. L’autre difficulté concerne le secteur de la santé. Les travailleurs qui viennent à Monaco ne bénéficient pas de l’assistance sanitaire monégasque et doivent se soigner dans les structures hospitalières italiennes, sauf en cas d’urgence. On travaille sur ce point avec le conseiller aux affaires sociales et sanitaires, Stéphane Valeri, et avec les structures sanitaires de la Ligurie pour trouver une solution.

M.H.?: L’autre projet dont on parle depuis des années, est la création d’une zone franche à Vintimille. Où en est-on aujourd’hui??

A.M.?: Ce qui freine ce projet, c’est la difficulté de réunir, à haut niveau, à la fois les gouvernements français italien et monégasque. Il serait souhaitable que les ministres de chaque pays se rencontrent pour prendre une décision politique. Au mois de mai dernier, une rencontre était prévue, mais elle n’a finalement pas eu lieu.

M.H.?: Et en matière de fiscalité??

A.M.?: Des négociations sont en cours en matière de transparence fiscale entre Monaco et l’Italie depuis maintenant plus d’un an dans le cadre de l’OCDE. Cela prend du temps, mais il y a de la bonne volonté de part et d’autre.

M.H.?: Comment est perçu Monaco depuis l’Italie??

A.M.?: Il faut reconnaître qu’il y a peu d’informations sur les réalités économiques monégasques en Italie. C’est le côté glamour qui est évidemment très prédominant. Ainsi que l’aspect touristique. Le gouvernement monégasque a lancé une importante campagne de communication sur « le rôle que Monaco joue dans le monde » et pour renforcer son attractivité. C’est une initiative de grande envergure.

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