jeudi 25 avril 2024
AccueilActualitésSociétéRéforme des retraitesTemps mort

Réforme des retraites
Temps mort

Publié le

Après quelques réactions en chaîne sur la réforme des retraites, le conseil national entame la « trêve des écuries ». Avant de démarrer ses consultations des partenaires sociaux en juin.

Après la tempête, le calme plat… Si la semaine dernière, la déclaration du prince sur la réforme des retraites a sonné comme un coup de tonnerre, depuis, la vie politique monégasque a repris, période de Grand Prix oblige, un cours paisible. Il faut dire que le chef d’Etat monégasque s’était montré très clair. Alors que la majorité parlementaire venait d’afficher devant la presse sa volonté de prendre son temps pour étudier le texte de loi, consulter les partenaires sociaux et faire appel à un expert extérieur, la réponse d’Albert II fut sans appel puisqu’il a annoncé qu’il convoquerait une session extraordinaire fin septembre. Selon le journal officiel publié vendredi dernier, elle aura lieu dans la semaine du 24 au 28 septembre.

« Un nombre substantiel d’erreurs »
Après ce coup de semonce, le président du conseil national Jean-François Robillon a justifié dans Monaco-Matin l’action de sa majorité. Pourquoi recourir à un expert?? Aucune des études d’actuaires n’indique concrètement « quel sera le revenu des retraités dans 10, 20, 30 ou 40 ans. » Une question clé pour une réforme touchant, selon Robillon, « près de 40?000 salariés dont près d’un millier de Monégasques ». Quant au projet de réforme lui-même, il comporterait « un nombre substantiel d’erreurs qui ne sont pas seulement techniques ». C’est bien simple, selon le président de l’assemblée, le texte qui a déjà été remanié par le gouvernement — l’obligeant à le redéposer sur le bureau du conseil national — nécessitera bien des amendements.
Mais c’est également sur un plan institutionnel que Jean-François Robillon a souhaité clarifier les choses. Pas question de laisser penser que la majorité a souhaité rogner les pouvoirs constitutionnels du prince en indiquant qu’il n’y aurait pas de session extraordinaire de l’assemblée. Le président du conseil national rappelant au passage que le chef de l’Etat n’est pas le seul à pouvoir en convoquer une. Selon la constitution (article 59), les deux tiers des élus peuvent demander au président de le faire. En l’occurrence, ce ne sera pas la peine…

« Manipulation »
Parue samedi dans les colonnes de Monaco-Matin, cette interview a suscité l’ire de l’indépendant proche de R&E Christophe Spiliotis-Saquet. L’ancien membre de la majorité accuse carrément Robillon de vouloir « manipuler l’opinion publique avec de nouvelles contre-vérités », égratigne son chef de cabinet Jean-Sébastien Fiorucci et surtout balaie du revers de la main toute justification de la majorité liée à la « précipitation ». Pour Christophe Spiliotis-Saquet, « la majorité UDM est dans le droit fil de l’Union des syndicats de Monaco ». Et visiblement dans la bouche de l’élu, ce n’est guère un compliment puisqu’il a qualifié l’USM d’« union radicale ultra minoritaire », qui, « constante dans sa politique de la terre brûlée appelle à une journée de grève… histoire de nuire à l’image de Monaco?! » Quitte à se faire des amis à l’USM, il va même plus loin en déclarant?: « La crise qui se prolonge et se répand autour de nous a fait prendre conscience à de nombreux compatriotes qu’il faut remettre en cause l’Etat providence et accepter la réalité. Accepter cette réforme des retraites est un premier pas courageux et responsable vers cette prise de conscience. » A Monaco, remettre en question l’Etat providence, c’est remettre en cause le modèle social de Monaco. Jusqu’où?? La question se pose d’autant plus qu’à partir du 12 juin, la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses (CISAD) du conseil national démarre l’audition des partenaires sociaux — fédération patronale, USM (13 juin) et Union des retraités (22 juin). Dans un contexte particulier. A la veille ou au lendemain d’un mouvement de grève le 21 juin…

(1) La démarche avait été initiée par le groupe formé par l’UDM, l’Unam et les indépendants Pierre Svara et Philippe Clérissi.