vendredi 29 mars 2024
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Julien Dejanovic : « Nous travaillons sur un projet de loi contre l’exposition des mineurs aux contenus préjudiciables »

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Julien Dejanovic, directeur des services numériques à la délégation interministérielle chargée de la transition numérique (DITN), explique à Monaco Hebdo comment la principauté peut restreindre l’accès aux contenus sensibles sur Internet, notamment pornographiques.

Techniquement, est-il possible de bloquer l’accès à certains sites Internet à Monaco ?

Il est tout à fait possible techniquement de bloquer l’accès à un site Internet. Mais pour qu’un site soit bloqué, il faut une raison légale de le faire, comme par exemple, la diffusion de contenu illégal tel que la pédo-pornographie, l’incitation à la haine, ou encore les jeux non autorisés. Cependant, juridiquement parlant, il existe encore peu de consensus international sur ce qui constitue un contenu « approprié ». En réalité, l’environnement global d’Internet rend la suppression d’un contenu illégal très compliquée. À Monaco, c’est le fournisseur d’accès Monaco Telecom qui peut techniquement restreindre l’accès à un site Internet, en relation avec la direction de la sûreté publique, pour donner suite à une décision de justice.

En matière de sites pornographiques, le contrôle parental est-il une solution et comment être sûr que les mineurs ne le contournent pas ?

Le contrôle parental est incontestablement une bonne solution pour suivre et contrôler l’activité numérique de son ou ses enfants. Malheureusement, comme tout système, il peut y avoir des failles, et on ne peut se reposer uniquement sur ces outils pour un contrôle parental permanent et exhaustif. C’est en ce sens qu’en France une loi est entrée en vigueur le 5 septembre 2022, pour imposer aux fabricants d’appareils connectés à Internet d’installer le contrôle parental. En principauté, la délégation interministérielle chargée de la transition numérique (DITN) travaille sur un projet de loi, en coordination avec d’autres services de l’État, pour lutter contre l’exposition des mineurs aux contenus préjudiciables.

« Le contrôle parental est incontestablement une bonne solution pour suivre et contrôler l’activité numérique de son ou ses enfants. Malheureusement, comme tout système, il peut y avoir des failles »

Julien Dejanovic. Directeur des services numériques à la délégation interministérielle chargée de la transition numérique

Quels sont les bons gestes que les parents peuvent d’ores et déjà adopter ?

Les parents et l’école [à ce sujet, lire l’interview de la directrice de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Isabelle Bonnal, publiée dans ce dossier spécial — NDLR] ont le devoir d’accompagner et de sensibiliser les mineurs sur ces sujets. L’association monégasque Action Innocence Monaco [à ce sujet, lire l’interview de Frédérique de Chambure, secrétaire générale de l’association, publiée dans ce dossier spécial — NDLR] fait un travail formidable de prévention, pour ne pas en faire un sujet tabou. En complément, dans le cadre du collège et du lycée numérique, la DITN et la direction de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports (DENJS) proposent aux élèves un plan de formation et de sensibilisation sur les thèmes du cyberharcèlement, l’aide à la détection de “fakenews” [de fausses nouvelles — NDLR], et les bonnes pratiques pour gérer son identité sur les réseaux sociaux. Au final, ce sont la pédagogie, le dialogue, et l’écoute qui constituent la clé pour protéger nos jeunes des risques liés à Internet.