jeudi 28 mars 2024
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Mission DART : impact réussi contre l’astéroïde Dimorphos

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« L’impact aura lieu le 26 septembre 2022 à 18h15, heure de Washington. L’objectif de la mission Double Asteroid Redirection Test (DART) est de taper sur la petite lune d’un astéroïde double, pour perturber sa trajectoire autour de son corps principal. La petite lune fait 160 mètres de diamètre, et elle s’appelle Dimorphos. Le corps principal, Didymos, fait 800 mètres de diamètre. » Comme l’expliquait à Monaco Hebdo, l’astrophysicien et directeur de recherche au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur, Patrick Michel, la mission DART consistait à percuter à 22 000 kilomètres par heure l’astéroïde Dimorphos, à 11 millions de la Terre. Objectif : dévier sa trajectoire et ainsi, apprendre à détourner un astéroïde qui pourrait être dangereux pour la Terre et ses habitants. L’impact a bien eu lieu comme prévu, mais avec un peu de retard, puisque la collision s’est finalement produite mardi 27 septembre 2022, à 1h14 du matin (heure de Paris). La séquence a été diffusée sur la chaîne de la NASA grâce à Draco, une caméra fixée sur DART. Il faut désormais patienter, peut-être pendant plusieurs semaines, pour savoir si DART est parvenu à changer la trajectoire de Dimorphos. Les scientifiques scrutent avec des télescopes le duo Didymos-Dimorphos, afin de vérifier cette donnée. Ils vont aussi étudier de près les images filmées par LiciaCube, un nanosatellite italien qui accompagnait DART, mais à distance, de façon à enregistrer la scène, sans risquer d’être détruit par l’impact. La suite sera assurée par la mission Hera de l’agence spatiale européenne (ESA), dont Patrick Michel est responsable scientifique. Hera décollera en octobre 2024.

Patrick Michel
Patrick Michel. Astrophysicien, directeur de recherche au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur. © Photo DR

« Elle arrivera le 28 décembre 2026 sur l’astéroïde Dimorphos, pour 6 mois d’exploration. Heureusement, pour ce que nous voulons mesurer, ça ne change rien, parce que le cratère de l’impact n’aura pas changé, et les propriétés de la cible seront les mêmes. Quant à la déviation, on pourra toujours la mesurer quatre ans après », indiquait Patrick Michel à Monaco Hebdo en mai 2022. L’ensemble des informations collectées par DART et par Hera devrait permettre de mieux comprendre ce qu’il s’est passé mardi 27 septembre 2022, à 1h14 du matin, et de savoir dans quelle mesure l’impact d’un engin permet de dévier un astéroïde de sa trajectoire. Au total, ces deux missions sont estimées à environ un milliard d’euros. Ce qui n’est pas si cher, estimait Patrick Michel : «Le coût de la mission DART est estimé à 300 millions de dollars, et Hera c’est 390 millions d’euros. Pour environ 700 millions d’euros, et en ajoutant la mission qui fera l’inventaire de tous les astéroïdes plus grands que 140 mètres, appelée NEO Surveyor, qui représente environ 500 millions de dollars, on boucle le budget. Donc pour un peu plus d’un milliard d’euros, on réalise trois missions spatiales, qui nous permettront de dire aux prochaines générations que l’on connaît tous les astéroïdes qui représentent un risque au minimum à l’échelle d’une région, et que l’on a testé au moins une méthode de déviation efficace. Ce ne sont donc pas des budgets énormes. Ces budgets sont investis pour une vingtaine d’années, et ils financent également des industries et de l’innovation.»