jeudi 28 mars 2024
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Faut-il continuer à désinfecter
les rues de Monaco ?

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Selon l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, il est à la fois « inutile » et « dangereux » de désinfecter les rues de Paris.

Pourtant, à Monaco, la désinfection des rues devrait continuer jusqu’à la fin du confinement. La directrice de l’environnement, Valérie Davenet, explique pourquoi.

Depuis le 25 mars, Nice, Menton, Antibes, Vallauris, Cannes ou encore Villeneuve-Loubet, pour ne citer que ces villes-là, se sont lancées dans la désinfection de leurs rues. Objectif : tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus. A Monaco, le gouvernement, à travers la Société monégasque d’assainissement (SMA), les a devancées, puisque les rues de la principauté sont soumises au même régime depuis le 23 mars (lire notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1146). Pourtant, « l’aspersion de javel ou autre désinfectant dans les rues est inutile, tout en étant dangereuse pour l’environnement », assure l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France dans un e-mail envoyé à la Ville de Paris, cité par nos confrères du Parisien. Tout en ajoutant : « Compte tenu, d’une part, de la faible persistance du virus sur les surfaces et, d’autre part, de l’obligation générale de confinement, la charge virale dans l’environnement doit être considérée comme négligeable. De plus, les mesures barrières sont maintenant bien connues, et plutôt bien appliquées par nos concitoyens. Il reste recommandé de se laver les mains dès le retour à domicile. » En conclusion, l’ARS d’Ile-de-France estime que « le nettoyage des rues, avec les matériels et les équipements de protection individuelle habituels, est à maintenir sans risque ».

« Tensioactif »

Du coup, Monaco doit-il vraiment continuer à désinfecter ses trottoirs ? C’est la question que nous avons posée à la directrice de l’environnement, Valérie Davenet : « En principauté, nous avons pris le parti de ne pas utiliser un produit à base de javel. Nous avons préféré miser sur un désinfectant qui est conforme à la réglementation européenne sur les détergents. Il s’agit d’un tensioactif biodégradable à plus de 90 %, et qui s’utilise à faible dose. Un tensioactif, c’est du savon amélioré. Quand on dit qu’il faut se laver les mains pour détruire le virus, ce sont des tensioactifs qui agissent contre le Covid-19. » Si la possibilité d’utiliser, comme à Paris par exemple, de l’eau de javel diluée, a un temps été étudiée par le gouvernement monégasque, cette idée a finalement été écartée. « On s’est nous aussi posé la question, car l’eau de javel est plus puissante, et elle offre un effet virucide plus prononcé », raconte la directrice de l’environnement. En ce qui concerne la question de l’impact humain et environnemental, certains évoquent la crainte que certaines personnes puissent être gênées par l’inhalation de relents de ces produits, alors que d’autres évoquent des risques pour les cours d’eau, où peuvent se répandre les désinfectants utilisés. Des inquiétudes balayées par Valérie Davenet, qui assure qu’en principauté « notre désinfectant ne présente pas de toxicité sur les humains, ni sur les animaux, ni sur l’environnement en termes d’inhalation ». Il reste tout de même un point sur lequel tout le monde est d’accord pour le moment : l’efficacité de la désinfection des rues n’est pas scientifiquement prouvée, ce que reconnaît d’ailleurs volontiers la directrice de l’environnement. Pour tenter de trancher le débat, l’ARS a saisi le Haut Conseil pour la santé publique fin mars 2020, afin de réaliser une étude comparative, puisque certains pays, comme la Chine ou la Corée du Sud par exemple, ont décidé de miser sur cette technique quand d’autres s’y sont refusé. « On entend les avis pertinents de chacun. Mais, dans la mesure où on utilise des produits sans impact, pourquoi s’en priver ? », ajoute Valérie Davenet. Reste donc à attendre le résultat de cette étude, que Monaco devrait, en toute logique, suivre. Dans l’intervalle, la désinfection des rues monégasques devrait se poursuivre, au moins tant que la période de confinement n’est pas terminée.

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