vendredi 29 mars 2024
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Alzheimer : « environ 500 personnes atteintes à Monaco »

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A l’occasion de la journée mondiale pour Alzheimer, le 21 septembre, l’AMPA (association monégasque pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer) souhaite sensibiliser le grand public à cette maladie dégénérative liée au vieillissement. Rencontre avec sa présidente Catherine Pastor.

Propos recueillis par Clarine Baudin.

Monaco Hebdo : Où en est la recherche sur les causes de la maladie d’Alzheimer et sur les solutions à apporter ?
Catherine Pastor : Globalement, la recherche stagne. Nous revenons toujours dépités des congrès mondiaux… La maladie est tellement multifactorielle que cela rend la recherche très compliquée. Elle est donc obligée de se segmenter, dans la génétique, les vaccins. S’il n’y avait qu’un facteur, une cause exacte, tout serait plus simple…
Cela dit, on a découvert des molécules qui pourraient permettre de retarder le processus de la maladie. Deux sont actuellement à l’étude. Il existe aussi quelques traitements médicaux qui permettent de retarder l’apparition de certains troubles, mais aucun ne stoppe, ne guérit ou ne prévient la maladie d’Alzheimer.
Cependant tout n’est pas négatif ! En 20 ans de recherches, même s’il n’y a toujours pas de solution à Alzheimer, le gain de connaissances sur le cerveau humain est considérable. Nous avons maintenant une meilleure compréhension de celui-ci. L’argent provenant des dons n’a donc pas été gaspillé !

M.H. : Existe-t-il des moyens de retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer ?
C.P. : J’estime, comme les médecins, qu’il faut avoir une activité sportive journalière douce. On peut pratiquer la natation, le tai-chi-chuan ou encore la marche. Il faut avoir au moins une demi-heure de détente par jour. C’est la démarche obligatoire de prévention. Pour cette raison, l’AMPA organise le 20 septembre sa quatrième marche solidaire Alzheimer à laquelle tout le monde peut se joindre.

M.H. : Quels sont les signes qui permettent de déceler la maladie d’Alzheimer ?
C.P. : Les premiers signes apparents sont les troubles de la mémoire. Il faut pourtant les distinguer des oublis bénins dus, par exemple, à la fatigue (l’oubli d’un prénom, d’un numéro de téléphone ou d’une date). La perte de mémoire causée par Alzheimer est différente. La personne peut se demander pourquoi sa fille ne lui a pas rendu visite, alors que celle-ci vient de la quitter. Elle peut aussi oublier où sont rangés les couteaux, dans quel tiroir. Ce genre d’oubli est caractéristique de la maladie et doit alerter les proches à partir du moment où ils sont répétitifs et posent des problèmes dans la vie quotidienne de l’individu.

M.H. : Combien de personnes sont malades à Monaco ?
C.P. : Il y a, à Monaco, environ 500 personnes atteintes d’Alzheimer. C’est un chiffre stable depuis quelques années. A l’échelle mondiale, une étude réalisée en 2010 comptabilisait 35 millions de malades d’Alzheimer. Mais ce chiffre n’est qu’une estimation. Il est difficile de savoir ce qu’il en est vraiment car tous les malades ne sont pas diagnostiqués. Il faut savoir que la part de la population atteinte d’Alzheimer devrait doubler d’ici cinq ans pour deux raisons. Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’être humain augmente ses chances de développer la maladie. De plus, les progrès effectués par la médecine permettent de mieux la diagnostiquer.

M.H. : A Monaco, quels sont les moyens mis en œuvre pour la prise en charge, les soins et l’accompagnement des personnes atteintes d’Alzheimer et de leurs proches ?
C.P. : Nous avons la chance d’avoir, en principauté, des services variés et de très grande qualité au service des malades d’Alzheimer. Le centre de coordination gérontologique est un peu le guichet unique pour toute personne âgée qui commence à éprouver des difficultés dans sa vie quotidienne. Après évaluation de son état de santé et de sa dépendance, il la redirige vers les soins appropriés. Cela permet de détecter, entre autres, la maladie d’Alzheimer. Il existe à Monaco quatre structures adaptées à l’accueil et au soin de ces malades. Le centre Speranza, qui permet l’accueil de jour des malades, donne un peu de répit aux proches. L’accueil de jour propose des activités adaptées à l’état de santé du malade ainsi que des formations pour les parents aidants. Il y a également deux maisons de retraite et le centre Rainier III pour la filière hospitalière.

M.H. : Le 25 septembre, l’AMPA présente, pour sa soirée de gala, un ballet contemporain, intitulé Paradis Perdu. Pourquoi avoir choisi la danse pour exprimer cette maladie ?
C.P. : Paradis Perdu est un ballet contemporain de la compagnie cubaine Compania Danza Espiral. La chorégraphe, Liliam Padron, est très attachée à la maladie d’Alzheimer, si bien qu’elle a décidé de la mettre en scène. Elle a alors créé le personnage d’Henri, un industriel monégasque très actif, pour montrer que la maladie peut atteindre tout le monde, même ceux qui se croient invulnérables. Le ballet veut faire passer le message suivant : il ne faut pas s’embarrasser d’une vie trop matérielle, courir le monde, être un boulimique du travail… Il faut aller à l’essentiel. Quand la maladie nous touche, il est trop tard.

M.H. : Comment seront utilisés les gains engendrés par cette soirée ? Quel est le montant des fonds réunis par l’AMPA chaque année ?
C.P. : Chaque année, l’AMPA arrive à réunir entre 130 000 et 140 000 euros pour financer la recherche. Pour les chercheurs, cette somme parait dérisoire en comparaison des millions dont ils ont besoin, mais cela permet tout de même de participer à l’effort de recherche, et de sensibiliser le grand public à cette maladie. L’AMPA participe à des projets innovants comme la « Data Sharing Alzheimer ». Il s’agit d’une banque de données qui réunit les résultats et observations des laboratoires de recherche à travers le monde. Jusqu’à présent, les laboratoires gardaient leurs données. En conséquence, certaines études étaient réalisées plusieurs fois. La Data Sharing Alzheimer est un beau projet qui peut faire gagner du temps et de l’argent.

Le programme en un coup d’œil

Vendredi 20 septembre :
10h00 – « Flash Mob » Alzheimer. Place du Palais
11h30 – 4ème marche solidaire Alzheimer. Place du Palais

Mercredi 25 septembre :
20h30 – Représentation unique du ballet contemporain Paradis Perdu de la Compania Danza Espiral. Sur réservation uniquement. Salle Garnier à Monaco.

Jeudi 26 septembre :
14h. Conférence grand public autour de la problématique : « Maladie d’Alzheimer : quelle prévention ? quelle prise en charge ? ». Théâtre des Variétés.
• Facteurs de risque et prévention de la maladie d’Alzheimer (Professeur Alain Pesce, centre hospitalier Princesse Grace)
• Que faire devant des troubles de la mémoire ? (Dr Sandrine Louchart de la Chapelle, centre hospitalier Princesse Grace)
• Mieux accompagner au quotidien : l’accueil de jour Centre Speranza-Albert II (Philippe Migliasso, cadre supérieur de santé)
Les nouvelles technologies au service du bien vieillir : l’exemple de KODRO (Patrick Bonarrigo, psychologue).

18h. Projection exceptionnelle du dessin animé La tête en l’air d’Ignacio Ferreras.

Informations et réservations : 06 68 89 10 07 ou info@ampa-monaco.com