jeudi 25 avril 2024
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Sylvie Petit-Leclair nommée secrétaire d’État à la justice

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Dans un communiqué publié le 8 avril 2022, le palais princier a indiqué que Sylvie Petit-Leclair remplacera l’actuel secrétaire d’État à la justice, Robert Gelli, à partir du 1er juin 2022.

Le remaniement des hautes sphères de la principauté se poursuit. Nouveaux conseillers-ministres, renouvellement de son cabinet… Ces dernières semaines, le prince Albert II a multiplié les nominations. Cette fois, c’est le poste de secrétaire d’État à la justice qui est visé. Avec l’accord de la France, l’actuel secrétaire d’État à la justice et directeur des services judiciaires, Robert Gelli, a vu son détachement être raccourci, pour prendre fin le 1er juin 2022. Nommé le 21 octobre 2019 pour une durée de trois ans, il aurait donc dû quitter ses fonctions le 21 octobre 2022. Il partira finalement cinq mois avant. Depuis le 14 janvier 2022, Robert Gelli a 67 ans, soit l’âge légal de la retraite. « Réaffirmant son attachement à une justice impartiale au cœur même de l’État de droit, S.A.S. le prince Albert II rappelle que l’indépendance et l’expertise de l’institution judiciaire sont essentielles à la confiance dont elle doit bénéficier de la part de tout justiciable », souligne un communiqué du palais, daté du 8 avril 2022. Le prince Albert a tenu à remercier Robert Gelli « pour le travail effectué à la tête de la direction des services judiciaires. À cet égard, il entend souligner l’intérêt éminent de nombre d’initiatives du secrétaire d’État à la justice qui ont, entre autres, conduit à la création de l’Institut monégasque de formation aux professions judiciaires, ainsi qu’à la signature de divers accords franco-monégasques d’entraide et de coopération en matière de lutte contre le terrorisme ou encore de formation des personnels pénitentiaires ». Pour évoquer les coulisses de son arrivée, à l’automne 2019, celui que l’on dit proche de François Hollande, et qui est aussi un ancien du cabinet de Lionel Jospin à Matignon, assurait en décembre 2019 à Monaco Hebdo : « Je n’ai rien demandé et je n’attends rien. Ce qui est quand même une situation qui est confortable… En septembre 2019, on m’a demandé si j’accepterais de devenir directeur des services judiciaires à Monaco, si un Français devait être nommé ».

« Sérénité »

On se souvient aussi que l’arrivée de Robert Gelli a mis fin à la présence de Monégasques à ce poste pendant plus d’une décennie. En effet, après avoir enchaîné deux directeurs des services judiciaires monégasques, Philippe Narmino et Laurent Anselmi, c’était alors la première fois qu’un Français occupait ce poste en 13 ans. À l’époque, le contexte était particulièrement sensible. Dans le prolongement de l’affaire qui oppose le milliardaire russe et propriétaire de l’AS Monaco Dmitry Rybolovlev au marchand d’art suisse Yves Bouvier, le départ du juge Edouard Levrault fin août 2019 avait fait grand bruit. Robert Gelli s’était donc vu fixer une mission : « On m’a simplement demandé de faire ce que le prince m’a dit, c’est-à-dire rétablir la sérénité, en misant sur mon parcours et mon expérience pour y parvenir. Mais la France ne m’a pas donné une feuille de route », assurait Robert Gelli, quelques semaines après son arrivée, en décembre 2019. Après un échange avec le prince Albert II, le chemin à suivre était donc clair, pour Robert Gelli : « J’ai retiré de cette discussion deux points. D’abord sa volonté de rétablir la sérénité de la justice. Ensuite, d’affirmer et de veiller à l’indépendance de la justice, mais aussi à l’image de la principauté. »

Indépendance

Selon les termes du communiqué de presse rédigé par le palais princier, parce que « l’indépendance et l’expertise de l’institution judiciaire sont essentielles », le choix du successeur de Robert Gelli s’est porté sur l’actuelle procureur général de Monaco, Sylvie Petit-Leclair. Elle prendra ses fonctions à partir du 1er juin 2022. Très volontariste, Sylvie Petit-Leclair a très rapidement affiché la couleur : « Il faut que les dossiers sortent », avait-elle lancée à Monaco Hebdo, quelques semaines après son arrivée, en octobre 2018. Née le 26 mai 1955 à Bar-le-Duc (Meuse), Sylvie Petit-Leclair est issue d’une famille d’enseignants. Assez logiquement, elle voulait donc devenir professeur de lettres, avant de se raviser, et d’opter finalement pour un poste de magistrate. Elle a occupé son premier poste, juge d’instance, à partir du 1er février 1981 à Chateaudun (Eure-et-Loir). Nommée procureur général à la cour d’appel de Caen en 2014, elle a rejoint Monaco en septembre 2018 au poste de procureur général, en pleine crise de l’institution judiciaire monégasque. Ce qui ne l’avait pas effrayée : « J’ai déjà traité des dossiers médiatiques, politiques, et j’ai toujours estimé qu’il fallait traiter tous les dossiers de la même façon », expliquait-elle à Monaco Hebdo en octobre 2018. Avant d’ajouter : « La sérénité ne pourra revenir que lorsque des décisions, quelles qu’elles soient, auront été prises par la justice. Il faut que l’on en finisse. Car, en attendant, chacun y va de son mot, de sa phrase… Ce n’est pas comme ça qu’on avance. S’il faut poursuivre, on le fera. Si on ne peut pas le faire, on ne le fera pas. » Désormais, c’est à elle de valider l’objectif fixé par le prince Albert : continuer à défendre l’indépendance de la justice monégasque.