« Nous avons intériorisé le fait que la douleur faisait partie de la vie de la femme, alors que ce n’est pas vrai. » Dans le dossier spécial que Monaco Hebdo consacre cette semaine à la santé des femmes, la directrice du centre hospitalier princesse Grace (CHPG), Benoîte de Sevelinges, plante rapidement le décor. Ces dernières années, les études et les articles se sont multipliés pour montrer, et démontrer, que le renoncement aux soins concerne beaucoup plus les femmes que les hommes. D’autres problématiques plus sectorielles existent, et viennent alourdir ce constat. Notamment en France, où en mai 2022, la pénurie de sages-femmes, qui touche particulièrement les maternités parisiennes, a été pointée par Cécile Marest, présidente du conseil départemental de l’Ordre des sages-femmes de Paris. Face à ce contexte, la principauté a décidé de se mobiliser. Comme nous le détaillons dans ce numéro de Monaco Hebdo, le CHPG a déployé un dispositif pour répondre aux attentes des femmes. Il est articulé autour de plusieurs parcours de santé. Au cours de l’été 2020, l’hôpital de Monaco a créé le « Pelvic Center », une filière consacrée aux douleurs pelviennes. Objectif : offrir une prise en charge totale et pluridisciplinaire, sur une seule journée, afin de parvenir à dresser un bilan, et ainsi établir quels sont les traitements à préconiser. Autre « parcours patient » lancé par le CHPG : le « Breastday Center ». Sur le même modèle que le « Pelvic Center », il s’intéresse au dépistage du cancer du sein, qui demeure la première cause de décès par cancer chez les femmes. D’après une étude (1) publiée en juillet 2019 par le réseau français des registres des cancers (Francim), environ 58 000 nouveaux cas sont détectés chaque année en France métropolitaine. Alors que moins de 1 % des hommes sont touchés, le cancer du sein représente un tiers des cancers qui frappent les femmes. Chaque année, plus de 12 000 femmes meurent de ce type de cancer. Enfin, l’hôpital de Monaco va ouvrir une filière consacrée à l’endométriose, un mal qui toucherait environ une femme sur dix, mais qui pourrait devenir « la maladie gynécologique de la prochaine décennie », selon le docteur Abdol-Reza Bafghi, que Monaco Hebdo a pu interroger. Ces trois parcours de santé pourraient, à l’avenir, être réunis dans une seule et même unité. C’est, en tout cas, ce à quoi Benoîte de Sevelinges pense. Pour le moment, le manque d’espace est un frein. Mais il pourrait être levé par la livraison du nouveau CHPG.
1) L’étude Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018, est à consulter sur le site Internet de Santé Publique France.
