samedi 27 avril 2024
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Docteure Cécilia Marcacci Braggiotti : « Un leader ne vaut rien sans son équipe »

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La docteure Cécilia Marcacci Braggiotti, chirurgienne cardiaque et directrice médicale de la clinique Monte-Carlo, a reçu le prix de femme de l’année par l’association Femmes Leaders Mondiales de Monaco le 8 mars 2024, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Elle raconte son parcours à Monaco Hebdo.

Quelle est votre histoire ?

Je viens d’un petit village de 300 habitants à côté de Perugia [Pérouse — NDLR], en Italie, où il n’y avait pas grand-chose à faire autour. Mais toute petite déjà, j’étais très ambitieuse, et j’ai cherché assez tôt à devenir la première dans tous les domaines. C’est dans le sport que j’ai connu mes premiers succès, avec le volley-ball. J’ai joué dans l’équipe nationale et la ligue nationale italienne, entre 15 et 19 ans. Puis, j’ai étudié et je suis devenue chirurgienne cardiaque.

Pourquoi avoir choisi la cardiologie comme spécialité ?

Mon père est ingénieur et c’était mon héros, je voulais devenir comme lui. Mais j’avais aussi cet instinct de prendre soin des autres. Et lorsque que mon grand-père a rencontré un souci cardiaque un jour, ça a été le déclic. J’ai voulu devenir chirurgienne. Mais ça n’a pas été facile. La chirurgie, en elle-même, est très exigeante, et la chirurgie cardiaque d’autant plus. C’est une spécialité merveilleuse, mais qui est aussi physique, et stressante. J’y ai consacré intégralement mes 40 premières années, car c’est une mission qu’on ne peut pas exercer autrement qu’à 300 %. Il faut être intégralement disponible pour ses équipes et ses patients. J’ai sacrifié une partie de ma vie pour y parvenir, notamment familiale. Mais je suis très heureuse aujourd’hui, et j’ai un mari formidable, qui me soutient beaucoup.

« Je viens d’un petit village de 300 habitants à côté de Perugia [Pérouse — NDLR], en Italie, où il n’y avait pas grand-chose à faire autour. Mais toute petite déjà, j’étais très ambitieuse, et j’ai cherché assez tôt à devenir la première dans tous les domaines »

Vous avez exercé dans plusieurs régions du globe ?

Je me suis formée à la chirurgie robotique à Helsinki, où j’ai ensuite exercé. Puis, j’ai réalisé mes premières transplantations cardiaques à Barcelone, avant de rejoindre New-York, où j’étais régulièrement invitée lors de congrès, pour travailler avec les meilleurs chirurgiens cardiaques du pays. Et enfin, j’ai rallié Monaco, fin 2012, après m’être passionnée par la réparation de la valve mitrale, grâce à un professeur expert de la principauté. Je ne devais rester que trois mois à l’origine, puis six. Finalement, j’ai passé dix ans au centre cardio-thoracique de Monaco, qui est pour moi un établissement de pointe, reconnu à l’international.

En 2023, vous avez contribué à la création de la Clinique Monte-Carlo ?

Depuis février 2023, je suis en effet devenue directrice médicale de la clinique Monte-Carlo, en contribuant à sa création. Je me suis associée à Enrica Segond, chirurgienne esthétique et capillaire, qui a lancé ce projet, à Philippe Berros, chirurgien ophtalmologue et oculoplastique, et à Emilie Matamoros, chirurgienne ophtalmologue et réfractive. Nous sommes spécialisés dans la chirurgie de la vision et la greffe capillaire. Et c’est déjà un succès, notre liste d’attente grandit encore.

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Vous avez changé de spécialité, en vous consacrant désormais à la chirurgie capillaire, mais vous n’abandonnez pas la cardiologie pour autant ?

Avant, je prenais soin des gens de l’intérieur. Maintenant, je le fais de l’extérieur [rire]. Mais je n’abandonne pas le cœur. Je suis instructeur de premiers secours et, chaque année en octobre, avec l’association Femmes Leaders Mondiales Monaco (FLMM), nous formons plus de 50 femmes à la pratique du massage cardiaque et à la défibrillation. Nous les formons pour sauver des vies et pour secourir. C’est une initiative de Chantal Ravera, la présidente de cette association, qui m’a proposé de la rejoindre.

Docteure Cecilia Marcacci Braggiotti
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

Qui peut se former au massage cardiaque ?

Tout le monde peut se former au massage cardiaque, dès l’âge de 7 ans, et jusqu’à ce qu’on ait suffisamment de force dans les bras. N’importe qui peut apprendre, mais les gens ont encore peur de le faire. Or, ne rien faire, c’est le pire qui puisse arriver lors d’un malaise cardiaque, car chaque minute est importante. En l’absence de réanimation, des lésions neurologiques permanentes se formeront en seulement 7 minutes. C’est très rapide, 7 minutes, surtout quand on sait à quel point il peut être difficile de circuler à Monaco. Il faut donc être en mesure d’intervenir avant l’arrivée des secours, car un malaise peut survenir n’importe où, dans la rue, comme à la maison. Nous avons la chance d’avoir des défibrillateurs un peu partout à Monaco, il faut donc apprendre à les utiliser. C’est très facile et, avec cette association, on l’apprend en s’amusant, en musique, pour dépasser cette peur.

« La chirurgie, en elle-même, est très exigeante, et la chirurgie cardiaque d’autant plus. C’est une spécialité merveilleuse, mais qui est aussi physique, et stressante. J’y ai consacré intégralement mes 40 premières années, car c’est une mission qu’on ne peut pas exercer autrement qu’à 300 % »

En tant que « femme leader à Monaco », quelles sont les valeurs qui vous ont guidé ?

Les mêmes qui m’ont guidé à travers le sport, celles que ma maman m’a transmises : faire preuve de gentillesse, de respect, et d’humilité. C’est la base pour bien mener sa vie professionnelle, mais aussi personnelle. Grâce au sport, j’ai aussi appris à travailler en équipe, à donner deux fois plus de moi-même, quand un collègue est affaibli, et à me reposer aussi sur lui quand c’est à mon tour de l’être. Il faut donc apprendre à écouter les autres. C’est de cette manière que l’on apprend et que l’on s’enrichit. L’équipe, c’est la base. Un leader ne vaut rien sans son équipe. Mais je ne me considère pas vraiment comme une leader. J’ai simplement beaucoup travaillé et mené beaucoup de projets.

Est-ce plus difficile pour une femme d’être leader ?

Quand on veut quelque chose, on peut l’obtenir. Les femmes y arrivent très bien, avec intelligence et respect, sans violence, ni besoin de s’imposer.