jeudi 25 avril 2024
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Les priorités du
gouvernement pour 2019

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Le 15 janvier, au Yacht-club de Monaco, Serge Telle a présenté les voeux du gouvernement à la presse. L’occasion pour le ministre d’Etat d’évoquer les grandes lignes des futures actions de son gouvernement. Décryptage.

Logements, droits des femmes, qualité de vie, transition numérique et énergétique, dialogue avec le Conseil national… L’année 2019 apparaît décisive tant les dossiers essentiels pour l’avenir de la Principauté sont nombreux. En préambule, le ministre d’Etat, Serge Telle, a marqué son indignation au regard des récentes violences en France envers les reporters [en marge des manifestations des gilets jaunes — N.D.L.R]. « En portant atteinte aux journalistes, nous faisons l’amer constat qu’une forme de démocratie est vouée à s’estomper, a dénoncé le ministre d’Etat. Le monde danse sur un volcan ». Serge Telle a réaffirmé son attachement à la liberté de la presse. « Nous avons besoin de nourrir un dialogue constant et constructif avec les journalistes. La profession représente l’équilibre des pouvoirs garantissant le bon fonctionnement de la société. » Pour mémoire, lors de ses vœux à la presse, le 9 janvier, le président du Conseil national, Stéphane Valeri a plaidé, de son côté, pour la création d’une télévision publique, qui sache faire preuve d’indépendance : « Je confirme notre demande de créer un media audiovisuel. Et financé sur fonds publics, avec une rédaction indépendante. » [lire notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1090 — N.D.LR]. Pas de réponse du ministre d’Etat sur ce sujet, mais un hommage appuyé au professionnalisme des représentants des médias : « Le travail de journaliste doit être un surplus et une recherche de vérité, aux bénéfices de tous. » En fonction depuis le 1er février 2016, Serge Telle a souhaité inscrire l’action gouvernementale dans une démarche constructive. « Il n’y a pas de politique publique s’il n’y a pas d’explication », a-til souligné. Et le ministre d’Etat d’ajouter : « Ce qui nous protège le plus, ce sont nos institutions et leur pérennité. »

Dialogue

Le vote du projet de loi de budget primitif 2019, le 19 décembre 2018, a été un soulagement pour Serge Telle. « Le budget a été adopté dans des conditions satisfaisantes », a-t-il expliqué. Ultérieurement, le ministre d’Etat avait indiqué « qu’avec un excédent de 3,7 millions d’euros, le budget répondait à la pérennisation de l’équilibre des finances publiques. » Lors des vœux du Conseil national à la presse, le 9 janvier, son président, Stéphane Valeri, avait estimé que « notre première priorité sera de veiller à l’application concrète et vérifiable des engagements du gouvernement donnés lors du budget primitif 2019 » [lire notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1090 — N.D.LR]. Dans une envie de recherche de conciliation, le ministre d’Etat a salué la qualité des récents débats au Conseil national. « Nos échanges ont marqué la volonté réciproque d’aboutir à l’émergence de l’intérêt général. » Ce qui n’empêche pas la prudence, comme l’a fait sentir le président du Conseil national, Stéphane Valeri : « En votant ce budget à l’unanimité, nous avons fait confiance au gouvernement. Donc c’est à lui désormais de prendre ses responsabilités. » [lire notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1090 — N.D.LR]. Le vote à l’unanimité des 24 conseillers nationaux ne devrait donc pas être un blanc-seing. « Les défis présents et futurs, nous obligent à avoir une réflexion emprunt d’objectivité et de mesure », a indiqué Serge Telle. « Il n’y a pas de bonne ou mauvaise idée. Et la volonté du gouvernement n’est pas l’appropriation des points de vue. » Pour préparer les prochaines budgets, le ministre d’Etat a aussi rappelé l’importance du travail réalisé autour de la comptabilité analytique, ce système de compte qui permet d’analyser la rentabilité de chaque activité.

« Plan logement »

Concernant le logement, le ministre d’Etat a réaffirmé qu’il s’agissait d’une « question sensible, puisqu’il est au cœur du modèle social de la principauté. La question du logement ne doit pas être conflictuelle. Nous allons présenter un plan logement au Conseil national. Et son annonce devrait intervenir d’ici la fin du premier trimestre 2019 ». Stéphane Valeri avait énoncé que « d’ores et déjà, de nombreuses avancées sont inscrites dans les textes. Et le gouvernement s’est finalement engagé à construire 731 appartements domaniaux neufs, à livrer avant 2023. » [lire notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1090 — N.D.LR]. « Dans le cadre du plan logement, des sommes et des moyens matériels importants seront engagés », a promis le ministre d’Etat. Les priorités d’attribution des logements domaniaux se font selon un cumul de points, dont le barème a été fixé par arrêté ministériel. Cette année, 100 millions d’euros sont déjà affectés pour l’amorce du futur plan logement. Serge Telle souhaite dépassionner le débat et voir loin : « Le plan national logement inscrit la problématique sur un horizon de 15 ans. » Le gouvernement a aussi indiqué que les contours de l’opération Testimonio II bis devaient encore être précisés. Cette opération devrait permettre la construction d’environ 172 logements d’ici juillet 2022. Le ministre d’Etat, Serge Telle, espère ainsi que « le plan logement permettra, pour les décennies à venir, de dissiper les tensions. » Par ailleurs, le gouvernement a confirmé la surélévation de 5 étages du bâtiment Testimonio II. Ce qui permettra de construire 30 logements supplémentaires, et d’aboutir ainsi à plus de 180 logements.

« Droits des femmes »

Le 17 octobre 2018, le gouvernement a annoncé la parution de l’ordonnance souveraine n° 7155. Elle permet de faire un pas de plus en faveur du principe de l’égalité homme-femme. Depuis le 1er janvier 2019, les femmes fonctionnaires, agents de l’Etat et de la commune, résidentes à Monaco peuvent opter pour la qualité de chef de foyer. L’occasion pour Serge Telle de revenir sur les avancées concernant les droits des femmes. « Notre engagement en faveur des droits des femmes va au-delà de l’adhésion aux conventions internationales. » Le 25 octobre 2018, le comité pour la promotion et la protection des droits des femmes a été créé et Céline Cottalorda a été nommée au poste de déléguée. Ainsi, une étude va être menée concernant les inégalités salariales entre les femmes et hommes [du secteur privé et public — N.D.L.R]. En outre, ce comité aura pour mission la lutte contre les violences et les discriminations faites aux femmes. Céline Cottalorda a aussi annoncé « la mise en place d’indicateurs sur les violences faites aux femmes. » Ces études seront pilotées par L’Institut Monégasque de la Statistique et des Études Économiques (IMSEE). « J’attends beaucoup des résultats. Et nous devrons avoir des données scientifiques, notamment sur l’égalité salariale », a commenté Serge Telle. Réuni une première fois, le 30 novembre au ministère d’Etat, ce comité se retrouvera pour une deuxième session le 8 mars 2019.

Albert Croési

La principauté est assujettie à la problématique de la qualité de vie. Ces dernières années, cette thématique est devenue un sujet important en principauté. « Vivre à Monaco ne doit pas être uniquement un luxe, mais également un plaisir », a indiqué Serge Telle. Le ministre d’Etat a remarqué « qu’il est complexe de conjuguer la mise en œuvre de projets structurants et essentiels », citant les projets du nouvel hôpital, du futur collège, est de l’extension en mer du Portier. Ainsi, Serge Telle a annoncé la nomination d’Albert Croési en qualité de conseiller interministériel pour le cadre de vie et les relations avec les usagers. Jusqu’à présent, Albert Croesi était chargé de mission dans le cadre de l’opération Apolline. « M. Croési aura une double mission. Premièrement aider les administrés, afin qu’ils puissent mettre en valeur leurs demandes. Et mieux comprendre le fonctionnement de l’administration, a souligné le ministre d’Etat. Deuxièmement, il devra épauler l’administration et l’aider à progresser, en étant une courroie de transmission des idées et suggestions des usagers. » Afin de renforcer les contrôles relatifs aux nuisances sonores, deux postes supplémentaires seront créés, dotés d’une subvention annuelle de 150 000 euros.

« Vision »

La clé de voûte d’une transition numérique réussie repose sur le développement sécurisé des plateformes numériques, comme l’indiquait le Conseil Stratégique pour l’Attractivité (CSA), en novembre 2018. « Nous essayons de développer un “cloud” monégasque », avait alors déclaré Frédéric Genta, délégué interministériel chargé de la transition numérique. « Une plateforme identité numérique est à l’étude. Elle permettra la distribution, la gestion du cycle de vie de l’identité numérique, et l’accès aux futurs e-services. » Serge Telle a rappelé sa volonté de « faire de Monaco une “smart city”. Notre réflexion se situe au niveau de la Cité-Etat. » Mais, dans le monde numérique, le risque zéro n’existe. On se souvient des attaques du printemps 2017, avec Wannacry et NotPetya, des logiciels malveillants, démontrant, si besoin était, l’ampleur internationale des cyber-attaques. « Il est donc nécessaire que l’Agence Monégasque de Sécurité Numérique (AMSN) soit partie prenante pour sécuriser tous les processus de passage au tout numérique », a insisté Serge Telle. « L’économie numérique représente 3 % des emplois et 4 % du PIB à Monaco », avait estimé Frédéric Genta, en novembre 2018. Le ministre d’Etat considére « que nous avons changé de vie. Il est évident que la transition numérique soulève des problèmes humains et culturels. Nous sommes de plus en plus connectés. Et le travail de modernisation de l’administration monégasque doit être entrepris. » En clôture, Serge Telle a aussi pris date avec les médias pour la présentation de la mission pour la transition énergétique dirigée par Annabelle Jaeger-Seydoux. En 2015, la principauté a annoncé un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 % à l’horizon 2030, dans le cadre de la 21ème Conférence des Nations unies (ONU). Avec un objectif simple mais ambitieux : atteindre la neutralité carbone en 2050. « Il y a une nécessité d’agir. Notamment pour la sauvegarde de la biodiversité. Nous allons respecter nos engagements. C’est aussi une nécessité économique. Et il n’y a pas de plan B », a conclu le ministre d’Etat.