vendredi 29 mars 2024
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Municipales à Menton :
une bataille ouverte

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Qui va s’imposer pour les élections municipales à Menton ? Monaco Hebdo dresse le panorama de ce scrutin où cinq listes s’affrontent, dont celle du maire sortant, Jean-Claude Guibal.

Cinq listes ont été déposées en préfecture pour conquérir la mairie de Menton. Jean-Claude Guibal, investi par Les Républicains (LR), va tenter de briguer un sixième mandat. Patrice Novelli, se présente à nouveau cette année, investi par l’Union des démocrates indépendants (UDI) et soutenu par le Mouvement démocrate (Modem) et Agir (la droite parlementaire et gouvernementale compatible avec le président Macron). A gauche, Frédéric Pellegrinetti, secrétaire du Parti socialiste (PS) à Menton, se présente à la tête d’une liste citoyenne, soutenue par six partis. Une liste de gauche unie, mais qui n’a pas réussi à intégrer Europe-Ecologie Les Verts (EELV) dans l’escarcelle, malgré des pourparlers entre les différentes entités. Du coup, Laurent Lanquar-Castiel, secrétaire départemental (EELV) se présente lui aussi à la tête d’une liste citoyenne. Deux programmes et approches concomitantes entre les deux listes dites citoyennes, mais divergentes sur le soutien affiché des partis. A noter qu’Olivier Bettati, candidat d’extrême droite soutenu par le Rassemblement national (RN) et investi par le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Transfuge de la droite classique, il a été conseiller municipal à Nice de 2008 à 2014 dans la majorité de Christian Estrosi. Puis, de 2014 à ce jour, dans l’opposition. Il est également conseiller régional depuis 2015, tête de liste des Alpes-Maritimes pour Marion-Maréchal Le Pen, qui milite pour une fusion des droites. Selon la plupart des candidats, Olivier Bettati voit Menton comme un laboratoire potentiel à cette stratégie. Tour d’horizon des quatre têtes de listes ayant accepté de répondre à nos questions.

© Photo Mairie de Menton

Jean-Claude Guibal (LR) « Unis pour Menton »

Sera-ce la fin du règne de Jean-Claude Guibal ? Candidat à sa succession pour un sixième mandat, à 79 ans, le maire Les Républicains de Menton n’y voit pas de problème. « Pourquoi je ne me représenterais pas ? » Il avait pourtant annoncé en 2014 que ce mandat, qui s’achève ces jours-ci, serait le dernier. « Oui, il me semblait que je risquais d’avoir moins le goût, moins le désir, moins d’énergie. Finalement, tout cela s’est trouvé “boosté” par ce mandat que nous venons de terminer. Il s’est trouvé être le plus productif, le mieux géré, le plus dynamique. On a investi 75 millions d’euros sans augmenter les impôts et en diminuant de 13 millions d’euros l’endettement de la commune. » Il dit avoir encore l’énergie, et l’envie de continuer à porter d’autres projets. Après 31 ans passés à la tête de la mairie de Menton, Jean-Claude Guibal n’est pas encore prêt à laisser la place. Selon lui, chaque réalisation prend du temps, et s’étale parfois sur plusieurs mandats. Notamment la réalisation du pôle d’échange multimodal, avec la réhabilitation de la gare et livraison du parking souterrain, comprenant 350 places dont la moitié seront réservées aux usagers du TER.

FINANCES

Comment parvient-on à ces finances assainies ? « On a mieux maîtrisé le budget de fonctionnement. On a bien utilisé toutes les ressources qui étaient disponibles en termes de subventions, régionales ou départementales. Le truc majeur, c’est notre zone d’activité, réalisée dans les années 1960, en bail à construction. Comme la compétence développement économique ne va plus être communale à terme, mais communautaire, on s’est dit que ces lots financés par des contribuables mentonnais, on les vend à ceux qui veulent bien les acheter. C’est-à-dire aux locataires. Cela a permis de dégager une assez belle trésorerie. C’est ce qu’on pourrait appeler de manière un peu pédante une gestion dynamique du patrimoine. »

TRANSPORTS

« Y a-t-il assez de transports collectifs aux heures de pointe ? Jamais. Ou alors on fait payer très cher aux contribuables. » Dès lors, le maire actuel propose d’aider à l’achat de vélos à assistance électrique, à l’instar du candidat de gauche, Frédéric Pellegrinetti. « C’est une multitude de microdécisions, quelques orientations larges, pour favoriser la mobilité par des modes de circulation doux. On subventionne l’achat au niveau de la ville et de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf) : 150 euros pour tout nouveau vélo à assistance électrique acheté. On propose aussi de subventionner les scooters électriques de 50 cm3. » Pour accompagner cette mesure, il propose d’augmenter « le nombre de places de stationnement de vélos dans tous les quartiers ». Mais aussi, de modifier la circulation dans le Careï, en limitant « la vitesse à 30 km/h dans les deux contre-allées ; ce qui veut dire priorité aux vélos ». Il faudra aussi aménager des pistes cyclables, car elles sont inexistantes aujourd’hui à Menton. Ce qui nécessite, selon lui, de repenser « la totalité du plan de circulation de la ville ». Ce à quoi, il ne se sent pas prêt, sans consulter les citoyens. « J’ai besoin pour prendre une décision légitime de l’avis des Mentonnais. Je m’engage au lendemain des élections à faire une concertation approfondie. »

GRANDS PROJETS

Au-delà de ces problématiques, il y a des projets que Jean-Claude Guibal espère inaugurer lui-même. « Même si la ville n’est pas maître d’ouvrage, il y a l’hôtel 5 étoiles de Garavan qui va être livré en octobre 2021, après 17 recours. II y a un projet qui a pris naissance il y a deux-trois ans, qui était la vente des 8 hectares et demi, de l’ancien centre de vacances de la sécurité sociale des mines à des investisseurs suisses, pour faire un “resort”. On avait délibéré et il a vocation à rester touristique et hôtelier. C’est ce que va faire le groupe qui l’a acheté. Je dois vous avouer que ce genre de projets-là, déterminant pour la ville, le “resort” et le 5 étoiles, je ne veux pas laisser ça en l’air. Pour l’attractivité, la prospérité, pour des raisons aussi de géopolitique locale. Qu’est-ce qu’on veut que devienne Menton dans 20 ans ? » Sa préférence : « elle apparaît dans le PLU [Plan local d’urbanisme- N.D.L.R], c’est un PLU protecteur ». Sur la question de la communauté d’agglomération, le maire de Menton et président de la Carf souhaite, comme la plupart des autres candidats, qu’elle demeure en l’état, sans tomber dans le giron métropolitain niçois. « Je suis un vrai partisan des territoires à défendre, plutôt que de tout miser sur la métropolisation au niveau français. Au fil des décennies, on a abandonné les territoires. » Par ailleurs, ce maire LR ne voit pas d’issue possible concernant le déficit de logements sociaux. Et imagine avec fatalisme payer les amendes inhérentes à ce manque, « jusqu’à la fin des temps », par absence de foncier disponible. Enfin, celui-ci a conclu sur une note philosophique : « Ce que j’aime c’est le temps long, ce que je constate, c’est le bien-fondé de ce vieil adage : « Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui »».

© Photo DR

Frédéric Pellegrinetti (Liste citoyenne, soutenue par le PS, PC, MRC, PRG, Génération.s, Nouvelle Donne) « Menton liste citoyenne »

Mentonnais « depuis quatre générations », Frédéric Pellegrinetti se présente à la tête d’une liste de gauche large, allant des communistes aux radicaux. « Depuis le début de cette campagne, je prônais l’union de la gauche la plus large possible. […] Nos partenaires écologistes font cavaliers seuls, mais ce n’est pas propre à Menton, c’est la doctrine nationale. » Selon eux, le social et l’écologie doivent s’imbriquer pour chaque mesure prise. Lesquelles seront financées par de multiples partenaires : européen, étatique, intercommunal, régional, entreprises.

ETHIQUE et DÉMOCRATIE

« C’est une liste citoyenne qui s’est faite avec des ateliers citoyens depuis octobre 2019. Certains Mentonnais et Mentonnaises ont participé de manière assidue. Tous ces débats ont été le fruit de notre projet. Nos propositions en sont issues. […] Cette liste est composée pour moitié de citoyens. On voulait le soutien des partis, car sans partis politiques, il n’y a plus d’élections. […] C’est dans les deux sens : les citoyens peuvent interpeller la mairie. Et la mairie doit consulter les citoyens sur des sujets importants. » De plus, Frédéric Pellegrinetti s’engage, en cas d’élection, de ne pas enchaîner plus de deux mandats. Et signale qu’ils sont les seuls à avoir signé les trente engagements de la charte éthique d’Anticor, l’association anticorruption niçoise.

TRANSPORT

Sur ce thème majeur de la mobilité, la liste Menton citoyenne, propose plusieurs axes afin de remédier aux problèmes liés à la congestion automobile. Un plan de covoiturage avec la création d’une plateforme municipale. Des parkings relais aux entrées et sorties de ville. Un réseau de bus électriques et gratuits pour tous. Des pistes cyclables, inexistantes à Menton. La piétonisation de certains quartiers. Et enfin, une navette maritime à hydrogène, allant de Vintimille à Monaco en passant par Menton. « Un projet autour de 20 millions d’euros. Ce sont des projets transfrontaliers qui doivent être cofinancés. » Toutes ces mesures sont prévues pour permettre un transport facilité des pendulaires vers Monaco notamment. Aussi, le programme contient, comme celui de Jean-Claude Guibal, une aide à l’achat de vélos à assistance électrique pour les particuliers. En revanche, le parking souterrain, dont les travaux débuteront en fin d’année, de la gare SNCF n’est pas une bonne solution selon lui. « C’est un aspirateur à voitures. Il faut sortir de ça. »

LOGEMENT

« Il y a 9 % de logements sociaux, bien loin de la loi SRU qui en impose 25 %. […] Le maire a laissé cette ville aux promoteurs immobiliers. On propose de mieux utiliser le droit de préemption (1). Il faut s’assurer que la part de logements sociaux dans les constructions neuves ne soient pas que des petites surfaces, car ça en exclut les familles. » Un dossier compliqué à gérer sur un territoire contraint avec un gros retard à rattraper en la matière, mais qui coûte tout de même 800 000 euros d’amende à la ville tous les ans. Frédéric Pellegrinetti le reconnaît : « Ça ne va pas se régler en quelques mois. Il faut une politique volontariste sur cette question-là. Le maire est fataliste sur le foncier. » Menton a-t-il les moyens du droit de préemption pour autant ? « Il faut un dialogue avec les services de l’Etat et pouvoir négocier pour mieux utiliser le droit de préemption ». De même, sur la location saisonnière type Airbnb, il veut que la mairie s’assure que ces locations n’excèdent pas 120 jours par an, comme le prévoit la loi. Parmi les solutions innovantes, la liste propose « de créer une coopérative mentonnaise du logement auprès d’un bailleur social qui permettrait l’accession à la propriété à prix coûtant. En cas de revente, vous revendez à la coopérative sans faire de plus-value, corrigé de l’indice des loyers. Il ne s’agit pas de perdre l’argent ». Un moyen d’encadrer les loyers, tout en permettant aux actifs d’acheter un bien dans leur ville.

ECOLOGIE et ECONOMIE

« On sait très bien que l’électrique n’est pas propre à 100 %. Mais on n’a pas autre chose. Un bus électrique c’est 450 000 euros, aujourd’hui. En anticipant le remplacement des batteries et l’électrification du réseau, il faut du cofinancement. Si vous avez des bus gratuits et propres, cela participe à la dynamique de la ville, en faisant gagner du pouvoir d’achat aux populations. » Les entreprises seront-elles associées à cet effort financier ? « Il faut dialoguer avec les acteurs du territoire et voir ce qu’il est possible de faire ». L’augmentation d’impôts ou de taxes n’est pas dans la ligne de mire du programme. En tout cas, pas en période électorale. « Vous avez d’autres leviers avec une gestion dynamique. Si vous piétonnisez, vous redonnez un peu d’air aux commerces de proximité et à l’économie locale. Il faut valoriser aussi les parcours patrimoniaux et architecturaux en lien avec Monaco et la communauté d’agglomération. » La création d’une monnaie locale est prévue, afin de prioriser le commerce local dans la consommation des Mentonnais et Mentonnaise. Enfin, le programme prévoit la construction d’un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) public, inexistant à Menton, malgré une population âgée. et au nord à la sortie de l’autoroute », afin de diminuer la place de la voiture en ville, espèrent-ils. « Remettre le piéton au cœur avec des navettes électriques et revaloriser les gares pour en faire des espaces de centralité urbaine. Qu’on prenne le train comme on prend le bus, avec un titre de transport commun. » Toutes ces idées seront soumises à la population. « On veut généraliser à la ville notre fonctionnement participatif de campagne. L’idée est qu’il y ait des assemblées citoyennes qui se mettent en place à travers la ville. De manière continue, on sollicite leur avis pour trouver le consensus. »

© Photo DR

Laurent Lanquar-Castiel (EELV- Liste citoyenne) « Menton Autrement »

La liste a bien failli ne pas être déposée. Mais l’abnégation de Laurent Lanquar-Castiel a fini par payer. Trente-sept noms composent cette liste citoyenne, dont trois anciens conseillers municipaux issus de l’opposition, menée par Laurent Lanquar-Castiel, secrétaire départemental d’Europe-Écologie-Les Verts (EELV). Pour autant, la démarche se veut sans affichage de partis, collective et citoyenne. Ce qui a du mal à prendre sans le relais médiatique, qui s’attache à des figures, des partis identifiés. « On avait dit qu’on ne ferait pas de meeting, ces trucs qui coûtent cher aux citoyens, qu’on n’avait pas de tête de liste, qu’on était sur une logique collective. […] On a fait un appel citoyen en octobre 2019. Et on a fait des ateliers de travail depuis six mois. On a fait neuf réunions publiques, vraiment ouvertes. On voulait aller au-delà des partis. Face au conservatisme des autres listes, la liste participative est la seule qui apporte du nouveau. »

LISTE CITOYENNE

Laurent Lanquar-Castiel insiste sur le caractère réellement citoyen de la liste. Et sur le terme de sobriété heureuse, ce concept cher à Pierre Rabhi. « Cette sobriété c’est une question qu’on compte appliquer à la vie publique. Tout cet argent qui est dépensé dans les campagnes municipales, c’est l’argent des contribuables français. On peut être généreux c’est sûr, c’est pas leur argent. Cette logique dispendieuse n’est pas cohérente avec une logique environnementale et écologiste. […] On n’a pas besoin de local de campagne, notre local c’est la ville. On fait des réunions toutes les semaines, on va voir les gens dans la rue. On fait des pique-niques partagés. […] A chaque fois qu’on faisait une réunion publique, on développait un projet phare. Sur les neuf propositions, quatre sont des projets structurants ».

NEUF PROPOSITIONS PHARES

Ces propositions comprennent, entre autres, une « naturalisation du bord de mer », « un budget participatif » avec « l’objectif que 10 % du montant global des dépenses soient soumis aux citoyens », un « plan de végétalisation de la ville », une « régie agricole alimentaire mixte, publique et privée », une « ville zéro déchet ». L’écologiste veut redonner un « aspect naturel » au littoral. Et « mettre une piétonisation partielle pour avoir une meilleure qualité de services pour les cafés et restaurants ». Dans le même temps, la liste propose de créer « trois parcs relais à l’est à Garavan, à l’ouest à Roquebrune, sur la base militaire, et au nord à la sortie de l’autoroute », afin de diminuer la place de la voiture en ville, espèrent-ils. « Remettre le piéton au cœur avec des navettes électriques et revaloriser les gares pour en faire des espaces de centralité urbaine. Qu’on prenne le train comme on prend le bus, avec un titre de transport commun. » Toutes ces idées seront soumises à la population. « On veut généraliser à la ville notre fonctionnement participatif de campagne. L’idée est qu’il y ait des assemblées citoyennes qui se mettent en place à travers la ville. De manière continue, on sollicite leur avis pour trouver le consensus. »

RELOCALISER

« Un des éléments forts de notre projet, c’est la relocalisation : relocaliser l’emploi, l’habitat, l’agriculture, le tourisme, l’énergie. […] Il faut changer la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf). Nous on veut que ça devienne la Communauté d’agglomération de la riviera européenne. La CARE. Comme “take care”, en anglais qui veut dire « prendre soin ». On est dans une logique européenne, car on est trois fois transfrontaliers : avec Monaco, avec la Ligure à Vintimille et avec le Piémont à Cuneo. […] Ça permet de disposer de fonds européens qu’on peut avoir sur l’ensemble de nos budgets. Aujourd’hui, rien n’est fait là-dessus, on est fermé sur nous-même. Il y a une communauté de destin, que souligne beaucoup Monaco. Monaco ne serait rien sans la Côte d’Azur, mais la Côte d’Azur ne serait rien sans Monaco ». A ce titre, la relation avec le voisin monégasque est au cœur du projet. « Il faut développer le transport mais aussi le télétravail. Il y a un plan de coopération à faire avec Monaco pour les dix prochaines années. Sur les questions de logement, de transport et de télétravail, en créant des tiers-lieux. Mais aussi d’agriculture. La principauté, comme Menton, sont des territoires très dépendants du point de vue de l’autonomie alimentaire. Un des éléments essentiels de notre projet permet de relier les vallées fructifères au littoral consommateur ». Concernant le problème du logement à Menton, – 9 % de logement social, loin des 25 % imposés par la loi – la liste « Menton autrement » prévoit de s’y attaquer. « Le principal problème de Menton c’est que tous les nouveaux logements concrets vont à la résidence secondaire car il y a une concurrence déloyale. Il faut prendre le mal à la racine, en garantissant l’affectation de certains logements. La monnaie locale permet de rétablir une équité. On pourrait envisager qu’une partie du logement soit payée en monnaie locale ».

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Patrice Novelli (UDI) « Rassemblement républicain mentonnais »

Il a été l’adjoint de Jean-Claude Guibal de 1989 à 2013. Pour les élections municipales de 2014, il s’était lancé contre son maire, et avait recueilli 13,5 % des suffrages exprimés au second tour. Patrice Novelli espère bien que son heure est venue de diriger la ville de Menton. Il dit se situer au centre-droit. Pourtant, comme en 2014, le livret programmatique s’ouvre sur le thème de la sécurité. « La sécurité aujourd’hui tous les candidats en parlent. Il faut arrêter de croire que la sécurité n’appartient qu’au Front national. Que ce soit la gauche ou la droite, tout le monde est sensibilisé par ces problèmes-là. C’est comme l’écologie, c’est plus l’écologie d’il y a vingt ans. Je suis très sensible à l’écologie, mais ça n’appartient pas qu’à… Ils ont sûrement des gens qui sont plus idéalistes que d’autres. »

SÉCURITÉ

« Menton a la capacité pour avoir 40 policiers municipaux, nous sommes à 33 aujourd’hui. L’idée, c’est de renforcer l’équipe de la police municipale pour qu’il y ait des tournées la nuit. C’est là où se font les larcins. Ce n’est pas facile car ça peut être un coût supplémentaire. Mais en termes de sécurité et surtout de prévention, ça pourrait éviter certaines choses. » Sur la page suivante du livret, le candidat UDI promet également d’endiguer l’immigration, qui n’est pourtant pas une compétence municipale. « On en parle [l’immigration] parce qu’on est une ville frontière. Donc on est sensibilisé par la chose. Mais pour avoir visité il y a deux ans le camp des migrants de Vintimille, on s’aperçoit bien qu’il y a deux types de migrants. Il y a les vrais. Les vrais migrants qui ont fui leur pays à cause de la misère. Et on va dire aussi, les profiteurs. Quand je dis les profiteurs, ce qui m’avait choqué durant cette visite, j’ai rencontré des migrants qui avaient des téléphones bien plus performants que le mien. Qui avaient des montres qui avaient une certaine valeur. Il faut être vigilant. Il y a des vrais mais il y a aussi des faux. » Une utilisation de la rhétorique d’extrême droite sur ce sujet pas si étonnante, pour celui qui avait apporté son soutien, circonstancié certes, comme il s’en était expliqué, à Olivier Bettati lors des législatives de 2017 dans sa circonscription. Ce dernier étant le candidat soutenu par le RN dans cette élection municipale à Menton.

DYNAMISME

Comment ce programme a-t-il été construit ? « On a repris pour certaines choses des propositions que j’avais faites en 2014. On estime que certaines sont toujours d’actualité aujourd’hui puisque la majorité en place avait un autre programme que le nôtre. On retient que sur notre programme de 2014, deux propositions ont été prises en cours de mandat. Je pense notamment à la délégation de service public pour le camping Saint-Michel et la rénovation des voûtes pour l’esplanade des Sablettes. » Ancien chef d’entreprise, il espère redynamiser le commerce mentonnais. « Dynamiser le commerce, il y a plusieurs choses. On ne peut pas lutter contre l’achat en ligne, les Cap 3 000, Polygone. Mais on ne peut pas vouloir prétendre être une ville touristique et balnéaire, si à 22 heures 30, parce qu’il y a des décibels de trop, qu’il y ait tout de suite la police. Donc ni le bordel, ni l’anarchie, mais qu’on laisse les gens travailler. L’été, ça doit être synonyme de fêtes dans des villes comme les nôtres. Il faut trouver un équilibre. Pour les commerçants, je propose la gratuité du stationnement de surface, le samedi après-midi toute l’année, pour inciter les gens à venir faire des courses dans le centre-ville. »

TRANSPORT

Concernant le transport. « Il y a deux choses : ceux qui se déplacent en train et ceux qui se déplacent en bus. Demain, une des choses que je ferai, c’est de me rapprocher de la SNCF pour voir s’il n’y a pas la possibilité d’avoir un ou deux wagons supplémentaires à certains créneaux horaires. C’est un problème qui dure depuis toujours. Quand j’étais étudiant déjà, il y avait des horaires où il fallait se battre pour monter dans le train. […] Pour le bus, c’est une compétence de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf). La ligne de bus 100 est la plus utilisée. Peut-être faudrait-il augmenter la cadence de ces bus, à des horaires où il y a le plus d’affluence. »

PROPOSITIONS

Sur le volet écologique, il se dit « favorable à l’installation de panneaux solaires », mais aussi prêt à « implanter une coopérative agricole — modeste — dans la zone industrielle ». « Une chose est sûre : il faut arrêter de bétonner le Careï. Après on est confronté à la loi SRU sur les amendes par manque de logement social. Je vois ça de deux manières. Une chose est certaine, des logements il faut continuer à en créer. Mais qui que soit le maire de Menton de demain, on paiera toujours l’amende. Par rapport aux quotas qui sont demandés, on ne peut pas faire. Celui qui dit qu’il peut faire, c’est un menteur. » Dans son programme, sept chapitres. Pêle-mêle, celui-ci prévoit l’installation d’une maison de retraite en centre-ville. « Je soutiendrai donc tous les projets privés et qualitatifs pour implanter une maison de retraite en centre-ville », indique son livret programmatique.

(1) Droit de préemption : positionnement de la collectivité pour acquérir un bien à la vente en priorité.

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