jeudi 25 avril 2024
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Elections communales 2023 – Georges Marsan : « A chaque élection, il y a un phénomène d’érosion dans la participation »

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Les 15 membres de la liste L’Evolution Communale portée par le maire sortant, Georges Marsan, ont été élus dimanche 19 mars 2023. Maire de Monaco depuis 2003, Georges Marsan enchaîne donc un sixième mandat d’affilée. Du jamais vu dans l’histoire politique de la principauté. Interview.

Vous êtes maire de Monaco depuis 2003 sans discontinuer, et vous venez d’être réélu dimanche 19 mars 2023 pour un sixième mandat : quelle est votre réaction ?

Je crois que c’est d’abord un grand honneur. Je tiens à remercier tous les Monégasques qui se sont déplacés et ont pris le temps de venir voter. C’est d’abord une liste qui est élue derrière un chef et comme disait Winston Churchill (1874-1965) :  « On considère un chef comme l’homme à abattre… Peu voient en lui le cheval qui tire le char ! ».

Le taux de participation a été de seulement 39,66 % : comment interprétez-vous ce chiffre ?

Il y a un phénomène d’érosion dans la participation à chaque élection (1). C’est un constat international. Je le déplore, mais Monaco n’échappe pas à la règle. Traditionnellement, les élections communales ont un taux de participation inférieur aux élections nationales.

Avec l’abstention, les votes blancs ou nuls, et l’absence de pluralisme, puisqu’une seule liste était en course pour ces élections municipales, comment parvenir à rassembler suffisamment pour représenter tous les Monégasques ?

La question de la participation est une vraie question. Le vote est un droit, et pas une obligation. L’éducation civique pourrait, peut-être, retrouver un peu plus de place à l’école pour les prochaines générations. Il est toujours bon de rappeler d’où viennent les droits démocratiques, et considérer que rien n’est jamais acquis.

Georges Marsan Mairie de Monaco
© Photo Mairie de Monaco

En France, la quatrième enquête de l’observatoire de la démocratie de proximité du CEVIPOF-AMF pour l’association des maires de France publiée en novembre 2022 montre que les maires sont victimes d’agressions (1) et d’attaques sur les réseaux sociaux : vous ressentez également la montée de ce type d’incivilités à Monaco ?

Monaco est préservé de ce genre d’incivilités, voire de violences. Une mairie française est très différente de la mairie de Monaco. En France les prérogatives sont infiniment plus larges, et s’adressent à des populations très diversifiées. Les Monégasques et les résidents sont respectueux, et notre mairie mène une politique consensuelle.

«La question de la participation est une vraie question. Le vote est un droit, et pas une obligation. L’éducation civique pourrait, peut-être, retrouver un peu plus de place à l’école pour les prochaines générations »

Toujours en France, on constate une montée du nombre de démissions des élus locaux par rapport au début des années 2 000 : en principauté, est-il plus difficile de mobiliser pour convaincre des Monégasques de s’engager politiquement ?

Notre liste a été renouvelée de près d’un tiers. Je n’ai eu aucun problème pour trouver des candidats. J’ai choisi ceux qui me paraissaient les meilleurs pour notre ville, à la fois par leurs compétences et par leurs expertises. Face à nous, aucune autre liste ne s’est constituée. Je ne pense pas que ce soit par manque d’intérêt pour la politique, mais davantage par difficulté à ce que les gens puissent trouver du temps à consacrer à la vie publique. Comme je l’ai rappelé dans mon discours, le soir du meeting [le 15 mars 2023 — NDLR], s’engager en politique est un acte sérieux, qui demande du temps, de la rigueur, de la complémentarité, et des compétences.

Comme en 2019, il y a eu une seule liste pour les élections communales du 19 mars 2023 : estimez-vous que Monaco fait face à une crise civique ?

Je ne crois pas. Mais face à une liste qui a un très bon bilan, et un projet très complet, avec des femmes et des hommes compétents, c’est difficile de monter une liste concurrente sérieuse.

Ce manque de motivation pour l’engagement civique est-il le fruit d’une montée de la bureaucratie, qui conduit parfois à déployer énormément d’énergie pour finalement faire avancer très modestement certains dossiers ?

Je ne peux nier que s’engager en politique demande de plus en plus de temps. Les dossiers sont très variés et complexes, parfois rendus plus difficiles par les procédures administratives. Mais à Monaco, nous avons la chance de pouvoir nous parler entre les administrations, et les dossiers avancent.

Comment lutter contre cette crise de l’engagement et favoriser le pluralisme politique à Monaco ?

Comme je vous le disais, l’éducation civique est importante. Toutes nos assemblées élues ont désormais un conseil des jeunes. Ce sont des bonnes pratiques, qui peuvent susciter des vocations.

Quand serez-vous officiellement installé dans le fauteuil de maire de Monaco ?

Le délai est de 30 jours après les élections, soit le 18 avril 2023.

Georges Marsan Mairie de Monaco
© Photo Mairie de Monaco

Quels seront vos premières décisions et les premiers chantiers que vous allez ouvrir pour cette mandature 2023-2027 ?

Pendant la campagne, j’ai insisté sur nos projets structurants que sont l’espace Lamartine, la nouvelle médiathèque, le futur espace Léo Ferré, le Jardin Exotique, et, bien sûr, la restructuration du marché de la Condamine. Ce sont des projets auxquels je suis très attaché. Ils engagent la mairie pour de très nombreuses années. J’ai hâte qu’ils voient le jour !

Serez-vous candidat en 2027, pour un septième mandat ?

Laissez-moi commencer mon sixième ! J’ai une excellente équipe autour de moi, avec laquelle je vais avoir beaucoup de plaisir à travailler pendant ces quatre prochaines années.

1) Lors des élections communales du 17 mars 2019, le taux de participation avait été de 46,49 %.

2) Selon la quatrième enquête de l’observatoire de la démocratie de proximité du CEVIPOF-AMF pour l’association des maires de France publiée en novembre 2022, le type d’agression contre les élus français est à 50 % constitué d’outrages, à 40 % de menaces, et à 10 % de violences volontaires.