mardi 16 avril 2024
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Cryptomonnaies : un « potentiel risqué », pour Frédéric Genta

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Présent au Conseil national à l’occasion de la séance publique budgétaire du 9 décembre 2021, le délégué interministériel en charge du numérique, Frédéric Genta, s’est exprimé à propos du positionnement de Monaco vis-à-vis des cryptomonnaies.

En début de séance budgétaire, le 9 décembre 2021, l’élu Priorité Monaco (Primo !) et rapporteur du texte sur ce budget primitif 2022, Balthazar Seydoux, a profité de la présence du délégué interministériel en charge du numérique, Frédéric Genta, pour faire un point sur le numérique en principauté. Après avoir rappelé une nouvelle fois que le numérique à Monaco représente un chiffre d’affaires annuel de 800 millions d’euros, « et que si on y ajoutait les activités annexes, comme le e-commerce, qui ne sont pas comptabilisées, on serait proche du milliard d’euros », le délégué interministériel en charge du numérique, Frédéric Genta, a évoqué la problématique des cryptomonnaies. Et visiblement, le sujet fascine autant qu’il suscite prudence, et même méfiance.

« Est-ce que l’on veut accueillir des entreprises qui créent de la cryptomonnaie ? Ça pose aussi des questions écologiques, mais est-ce que l’on souhaite attirer des entreprises qui font des échanges ? »

Frédéric Genta. Délégué interministériel en charge du numérique

Questions

« Les cryptomonnaies ou les cryptoactifs représentent un intérêt et un risque pour Monaco, a indiqué Frédéric Genta. Il y a donc une fine ligne à trouver par rapport à la réputation de la principauté, car il faut être extrêmement prudent avec ces outils nouveaux et risqués. » Problème : le numérique s’est déjà infiltré à peu près partout dans nos vies personnelles ou professionnelles. Et les cryptomonnaies avec. « En même temps, on ne peut pas ignorer non plus les cryptomonnaies, car elles font partie d’une réalité économique qui se développe. Par exemple, pendant l’été [2021 — NDLR], le gouvernement chinois a durci le ton sur les cryptomonnaies à Hong Kong. Et du jour au lendemain, Singapour a engrangé plusieurs milliards », a ajouté le délégué interministériel en charge du numérique. Frédéric Genta a indiqué qu’aujourd’hui plusieurs questions se posent, des questions « auxquelles on n’a pas les réponses ». Devant les élus, il a posé six grandes interrogations : « Est-ce que l’on souhaite avoir en principauté des “exchanges”, c’est-à-dire des plateformes de cryptomonnaies ? Est-ce que l’on veut accueillir des entreprises qui créent de la cryptomonnaie ? Ça pose aussi des questions écologiques, mais est-ce que l’on souhaite attirer des entreprises qui font des échanges ? Est-ce que l’on souhaite attirer des entreprises qui créent des services sur la blockchain ? Est-ce que l’on souhaite accueillir des résidents qui disposent d’avoirs en cryptomonnaies ? Est-ce que l’on souhaite que nos banques acceptent les cryptomonnaies, et si oui, lesquelles ? ».

« Il y a aussi des risques de blanchiment qui sont bien réels. Aujourd’hui, au moment où Monaco veut lutter contre le blanchiment, on regarde ça avec beaucoup d’attention. Et puis, il y a aussi un risque de hacking [de piratage — NDLR] » 

Frédéric Genta. Délégué interministériel en charge du numérique

Incertitudes

Pour tenter d’apporter des réponses, Frédéric Genta a indiqué qu’il travaillait sur ce sujet « en étroite collaboration » avec le département de l’économie et des finances. Objectif : identifier sur quelle ligne de crête Monaco aurait intérêt à se positionner vis-à-vis des cryptomonnaies. Prudent, le délégué interministériel en charge du numérique a insisté, rappelant qu’avec les cryptomonnaies « le risque de volatilité est grand. Peut-on accueillir des gens qui sont, par définition, plus à risque, car ils peuvent gagner beaucoup, ou perdre beaucoup ? Il y a aussi des risques de blanchiment qui sont bien réels. Aujourd’hui, au moment où Monaco veut lutter contre le blanchiment, on regarde ça avec beaucoup d’attention. Et puis, il y a aussi un risque de hacking [de piratage — NDLR]. » Face à ces multiples incertitudes, le délégué interministériel en charge du numérique a résumé les choses ainsi : « Les cryptomonnaies représentent un potentiel économique, tant professionnel qu’en termes de résidents. Mais c’est un potentiel risqué. » Il faudra donc que le gouvernement monégasque décide d’une stratégie claire et d’un positionnement précis que la principauté devra ensuite tenir sur ce marché. Mais rien ne semble tranché, pour le moment. S’adressant aux élus, Frédéric Genta a promis : « Nous partagerons nos idées avec vous, lorsque nous aurons des positions plus abouties sur ce sujet. » Sans donner d’échéance précise.