vendredi 19 avril 2024
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Laurent Banide et l’ASM FF, les raisons du divorce

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Nommé à la tête de l’équipe première de l’AS Monaco Football Féminin en juillet 2022, Laurent Banide a quitté ses fonctions d’entraîneur à la surprise générale, jeudi 16 mars 2023. Pour Monaco Hebdo, le technicien de 54 ans revient sur les raisons de ce départ précipité.

La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe dans le microcosme sportif monégasque. Le 16 mars 2023, l’AS Monaco Football Féminin (ASM FF) officialisait la fin de sa collaboration avec son entraîneur Laurent Banide, par le biais d’un communiqué lapidaire. « Changements au sein du club. Tony Ribeiro prend la suite du binôme qui était composé de Laurent Banide et de Christophe Almeras », pouvait-on lire, sans en apprendre davantage sur les circonstances et les raisons de ce départ précipité.

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Peak6 se retire du projet

Aux yeux des suiveurs du club de la principauté, cette décision est apparue d’autant plus abrupte et inattendue que sportivement parlant, la mayonnaise semblait avoir pris entre le technicien de 54 ans arrivé au cours de l’intersaison pour succéder à Stéphane Guigo, et les joueuses monégasques. À l’heure où Monaco Hebdo bouclait ce numéro, mardi 28 mars 2023, l’ASM FF occupait en effet la première place du classement de Régional 1 (R1) en compagnie de l’AS Cannes, mais avec un match de plus au compteur. À quatre journées de la fin du championnat, les Rouge-et-Blanche restent donc plus que jamais en course pour décrocher une accession en troisième division [une nouvelle division va être créée la saison prochaine — NDLR], objectif annoncé en début d’exercice.

Laurent Banide AS Monaco Football Féminin
« Je suis déçu par rapport au projet, par rapport aux filles qui ont beaucoup apporté, et qui ont toujours été présentes. C’est dommage qu’on n’ait pas pu créer un gros gros club féminin à l’AS Monaco, car il y avait vraiment un gros projet derrière. » Laurent Banide. Ex-entraîneur de l’ASM FF. © Photo Stéphane Danna / Direction de la Communication

Si la raison du divorce ne semble donc pas sportive, les motivations seraient plutôt à chercher du côté de l’administration du club. Et notamment de l’actionnaire majoritaire, le fonds américain Peak6 : « Le groupe Peak6 arrivé l’an dernier dans le projet de l’ASM FF a effectué d’importants investissements financiers et humains qui devaient aboutir à une signature de convention avec l’ASM FF. Cette négociation étant à présent sans issue, le groupe a pris la décision de se retirer. Et étant employé par le groupe Peak6, ma mission auprès de l’ASM FF s’est arrêtée en même temps que le retrait du groupe », explique Laurent Banide. « C’est dommage, car il y avait un gros projet. Mais, à partir du moment où ils ne peuvent pas avoir les possibilités de maîtriser leur équipe, ils ont préféré partir. Nous allons désormais travailler ensemble sur d’autres missions ».

« Le groupe Peak6 arrivé l’an dernier dans le projet de l’ASM FF a effectué d’importants investissements financiers et humains qui devaient aboutir à une signature de convention avec l’ASM FF. Cette négociation étant à présent sans issue, le groupe a pris la décision de se retirer »

Un goût d’inachevé

La soudaineté et surtout le timing de ce retrait, qui intervient à quelques journées seulement de la fin du championnat, laissent en tout cas présager une dissension et un désaccord profonds entre l’actionnaire majoritaire et la présidence du club asémiste. Contacté par Monaco Hebdo, le président de l’ASM FF André-Pierre Couffet n’a pas souhaité s’exprimer sur la situation, expliquant seulement que des changements étaient en cours en interne. À commencer par les retours de Jean Petit et Louis Ducruet, nommés respectivement au poste de conseiller sportif du président et de conseiller sur le développement et la croissance du club. « Je leur souhaite bonne chance. Ils vont travailler avec un groupe, et ils vont essayer de faire au mieux. L’association et le football féminin continuent à Monaco, avec d’autres objectifs et d’autres horizons », glisse Laurent Banide qui s’en va avec un goût d’inachevé, n’ayant pas pu aller au bout de sa mission « montée ». « Je suis déçu par rapport au projet, par rapport aux filles qui ont beaucoup apporté, et qui ont toujours été présentes. C’est dommage qu’on n’ait pas pu créer un gros gros club féminin à l’AS Monaco, car il y avait vraiment un gros projet derrière », regrette-t-il.

« C’est dommage, car il y avait un gros projet. Mais, à partir du moment où ils [le groupe Peak6 — NDLR] ne peuvent pas avoir les possibilités de maîtriser leur équipe, ils ont préféré partir. Nous allons désormais travailler ensemble sur d’autres missions »

Laurent Banide. Ex-entraîneur de l’ASM FF

« J’ai découvert un autre monde »

L’ancien coach de l’ASM garde malgré tout de très bons souvenirs de cette expérience, la première de sa carrière en tant qu’entraîneur d’une équipe féminine. « On a toujours quelque chose à apprendre. Je suis dans le football depuis longtemps. J’ai fait tous les métiers qu’on pouvait faire dans ce milieu. J’ai découvert un autre monde. J’ai chanté dans le car avec les filles, c’étaient des moments de bonheur qui ne m’étaient jamais arrivés », confesse Laurent Banide, « très touché » par les messages envoyés par ses joueuses après l’annonce de son départ. « C’est une histoire qui se termine malheureusement, mais je reste sensible à ce que nous avons vécu ensemble. Les joueuses ont été magnifiques, elles ont bien travaillé. Nous avons eu de gros problèmes en début de saison, mais, finalement, tout a bien tourné. Nous étions en course pour la montée, même si Cannes a une très belle équipe. C’est une situation qui est difficile, mais j’ai suffisamment d’expérience pour la digérer et passer à autre chose ». Le technicien, qui a connu la descente en Ligue 2 (L2) avec l’ASM en 2011, en a en effet vu d’autres au cours de sa carrière, mais il a toujours su rebondir.

Lire aussi l’interview de Laurent Banide : « Après un ou deux mauvais résultats, on sent tout de suite une tension »

Son avenir, et celui de Christophe Almeras, devrait selon toute vraisemblance s’écrire à l’étranger : « Nous sommes en discussions avec le groupe [Peak6 — NDLR] pour travailler sur d’autres missions. Ils sont implantés dans pas mal de pays. Nous allons voir comment nous allons envisager la suite ». Un nouvel exil qui ne l’effraierait nullement.