vendredi 19 avril 2024
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Laurent Banide : « Après un ou deux mauvais résultats, on sent tout de suite une tension »

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Ancien entraîneur de l’AS Monaco d’octobre 2006 à juin 2007, puis de janvier 2011 à septembre 2011, Laurent Banide livre son regard sur le début de saison des hommes de Philippe Clement.

Quelles sont vos relations avec l’AS Monaco ?

Je suis toujours l’AS Monaco. Dès que je peux voir le match, je vais voir le match. J’ai gardé quelques contacts avec des gens qui me sont chers, car on se connaît depuis 30 ans, comme Franck Deleage, Pierre-Joseph Gadeau… Il y a aussi des personnes avec qui j’ai joué, comme Frédéric Barilaro, qui est entraîneur au centre de formation. Forcément, j’ai gardé des contacts. Il y a aussi des joueurs que nous avons formés, comme Manu Dos Santos, il y a eu aussi Squillaci, Givet… Ce sont des gens qui ont beaucoup apporté à l’ASM.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du club depuis votre départ ?

Le club a créé un centre de formation magnifique, avec des installations exceptionnelles à La Turbie [à ce sujet, lire notre article dans nos pages Essentiels — NDLR]. C’est un autre niveau par rapport à quand je suis parti. Quand nous sommes descendus [en Ligue 2 — NDLR], nous étions dans une situation compliquée à tous les niveaux. Peut-être que cette descente a été un mal pour un bien, et qu’elle a permis de rebondir, et de passer à autre chose.

« Descendre avec 44 points, ça fait mal. J’ai mis beaucoup de temps à lE digérer. Ça a été très long »

Avez-vous digéré cette relégation en Ligue 2 ?

Descendre avec 44 points, ça fait mal. J’ai mis beaucoup de temps à la digérer. Ça a été très long.

Pourriez-vous entraîner à nouveau une équipe de Ligue 1 ou de Ligue 2 ?

Non, j’ai fait ma carrière. Je suis très heureux avec le football féminin. Et le jour où je ne serai plus heureux, je partirai.

Le foot masculin, c’est donc fini ?

Aujourd’hui, j’ai 54 ans. J’ai pris de la bouteille. Je suis toujours intéressé, j’aime le foot, mais je ne me vois pas reprendre un club. En revanche, je pense que je peux aider à d’autres postes, car on a toujours besoin d’expérience dans un club. J’ai fait 12 ans de formation à Monaco, j’ai dirigé des pros, j’ai entraîné à l’étranger… J’ai une certaine expérience qui peut être intéressante pour un club. Mais entraîner, aujourd’hui, non. Je suis très heureux là où je suis, parce que je retrouve le foot que j’ai aimé, et je suis dans le contact humain, avec des filles que j’ai plaisir à voir tous les jours. Je suis épanoui.

Vous ne vous retrouvez plus dans le foot moderne ?

Non, ce n’est plus mon monde. Le foot a tellement évolué… Je ne suis pas dans tout ce qui est informatique, les datas… Moi, j’ai un œil et j’essaie de l’affiner. Il me permet de dire si un joueur est capable de faire telle ou telle chose. Je suis dépassé par l’informatique et tous ces nouveaux processus qui, à un moment donné, dénaturent le football.

Que pensez-vous du début de saison de Monaco ?

La deuxième partie de la saison dernière a été exceptionnelle. Manquer la Champions League à une minute près a fait très mal. De nouveaux joueurs sont arrivés cette saison, il faut être patient. Même si aujourd’hui, la patience n’existe plus trop. Les matches s’enchaînent et les périodes compliquées deviennent vite des périodes de crise. Néanmoins, nous avons vu une équipe solide contre le Paris Saint-Germain (PSG) (1-1). Il y a peut-être des choses à régler à domicile pour prendre moins de buts, et trouver plus de liant. Il est difficile, quand on n’est pas sur le terrain, de dire ce qu’il faut faire. J’ai beaucoup de respect pour les entraîneurs. Ce n’est pas évident. Il faut gérer beaucoup de choses tous les jours, avec des matches qui s’enchaînent. Parfois, même des problèmes autres que le foot. Il est compliqué d’entraîner. Le match de Paris nous avait donné confiance, mais le match de Troyes [défaite 2-4 au stade Louis II — NDLR], nous a remis la tête dans l’eau [cette interview a été réalisée vendredi 2 septembre 2022, avant la victoire de l’ASM à Nice (0-1) — NDLR]. La période est un peu compliquée, mais il faut trouver des solutions.

« Entraîner aujourd’hui [une équipe de L1 ou de L2], non. Je suis très heureux là où je suis, parce que je retrouve le foot que j’ai aimé, et je suis dans le contact humain, avec des filles que j’ai plaisir à voir tous les jours »

Il y a eu beaucoup de changements sur le banc monégasque ces dernières saisons : l’ASM manque-t-elle de patience avec ses entraîneurs ?

Ce n’est pas qu’à Monaco, c’est un peu partout pareil. Le métier d’entraîneur est devenu difficile parce qu’on n’a pas trop le temps. Après un ou deux mauvais résultats, on sent tout de suite une tension. C’est la société qui est comme ça.

Pourquoi est-il plus difficile d’entraîner aujourd’hui ?

À l’époque de mon père [Gérard Banide, ancien entraîneur de l’ASM de 1979 à 1983 et de février 1995 à juin 1995 — NDLR], c’était compliqué aussi. Il était à la fois préparateur physique, entraîneur des gardiens… Il entraînait ses joueurs du matin jusqu’au soir, tout seul. Mais il n’y avait pas encore cette pression. Il y avait des matches chaque semaine, mais il n’y en avait pas le mercredi. Aujourd’hui, nous avons des matches tous les trois jours. Il faut se déplacer, prendre le bus ou l’avion, revenir, et le lendemain s’entraîner… Le rythme est vraiment important. Ça s’enchaîne, et il faut des résultats pour tenir le groupe. Il ne faut pas que le doute rentre dans les têtes, sinon ça peut aller vite. Aujourd’hui, heureusement, les entraîneurs sont encadrés. Ils ont un staff autour d’eux, et c’est à tout le monde de faire un effort pour que les choses se passent bien.