samedi 27 avril 2024
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Laura Georges : « Le but est d’utiliser notre football pour accompagner d’autres fédérations »

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L’édition féminine de la Coupe du Monde aura lieu pendant l’été 2023, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Laura Georges, secrétaire générale de la Fédération française de football (FFF), rencontrée à Monaco à l’occasion des Sportel Awards, en octobre 2022, a livré son point de vue sur la discipline et sur son développement à Monaco Hebdo.

La Coupe du monde féminine en Australie et en Nouvelle-Zélande pendant l’été 2023 (1) pourra-t-elle faire rayonner le football féminin à grande échelle, notamment comme alternative aux déçus de l’édition masculine AU Qatar ?

Je pense que nous n’allons pas anticiper quoi que ce soit à propos de cette Coupe du monde au Qatar (2). Cette compétition se fera [cette interview a été réalisée le 24 octobre 2022 — NDLR], mais elle concerne notre équipe nationale masculine. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, c’est une autre compétition. C’est une compétition féminine. Je pense que les filles ont été déçues à l’Euro cet été en Angleterre, et elles ont à cœur de faire une belle compétition, et même, de ramener un titre.

« Je pense que les filles ont été déçues à l’Euro cet été en Angleterre, et elles ont à cœur de faire une belle compétition, et même de ramener un titre »

Les Bleues sont classées en troisième position au classement FIFA : auront-elles enfin leur chance de prendre leur revanche face à l’Allemagne, après la déroute des demi-finales de l’Euro ?

En tout cas, elles se préparent. Leur premier objectif est d’être performantes dans leurs clubs. Ensuite, elles monteront en puissance pour se préparer en vue de la Coupe du monde. Certaines joueuses sont en fin de carrière, il y a donc pour elles cet enjeu de gagner un titre. Une nouvelle génération arrive, une génération qui a gagné des titres chez les jeunes, mais qui ne connaît pas forcément le très haut niveau, ni les seniors. Mais, avec cette envie et cet engouement, elles auront envie d’apporter quelque chose de supplémentaire à l’équipe. Elles seront dans un état d’esprit positif, ça c’est sûr.

Laura Georges
« À un moment donné, le gouvernement américain a donné beaucoup plus de subventions à toute université qui investissait dans le sport féminin. C’est la loi « Title IX ». Cela veut dire que le football féminin s’est développé là-bas, car ils y ont mis des règlements, et que les gens ont investi dans la discipline. » Laura Georges. Secrétaire générale de la Fédération française de football féminin (FFFF). © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo

Le football féminin a gagné en popularité, mais, quand vous avez débuté votre carrière, en 1996, vous vous y intéressiez déjà ?

Je connaissais très peu l’équipe de France féminine quand j’ai commencé. Il n’y avait alors pas forcément de matches retransmis à la télévision. Il n’y en avait même pas du tout. Et c’est marrant, parce que, lorsque j’ai réalisé mon mémoire en école de commerce sur la question « est-ce que le développement de la discipline féminine passera par la télévision ? », ma conclusion était « non » [rires]. Ma conclusion était de dire que le développement de la discipline passerait par Internet, par le streaming. Et, aujourd’hui, je suis contente de voir que, non, ce n’est pas le cas. La télévision est bien le média qui permet vraiment de donner une exposition ultime pour notre discipline. Mais on sait aussi que les gens consomment les médias différemment, et que cela passera aussi par l’engagement sur les réseaux sociaux. C’est toute une combinaison, mais c’est positif. Le football féminin est très bien suivi à la télévision.

Vous avez passé trois saisons à Boston, entre 2004 et 2007, avant de revenir en France, à l’Olympique Lyonnais (OL) : avez-vous noté une vraie différence dans le développement du football féminin outre-Atlantique ?

Je dirais que le développement du football féminin est vraiment dû au fait que, à un moment donné, le gouvernement américain a donné beaucoup plus de subventions à toute université qui investissait dans le sport féminin. C’est la loi « Title IX ». Cela veut dire que le football féminin s’est développé là-bas, car ils y ont mis des règlements, et que les gens ont investi dans la discipline. C’est d’ailleurs devenu vraiment populaire. Le “soccer” réunirait un million de licenciés depuis son lancement, sachant que certaines ont arrêté entre temps.

C’est aussi culturel ?

C’est aussi une culture, car, pour les parents, il est important de mettre leurs filles au sport. Les joueuses de football sont des “role model” [des modèles — NDLR] aux États-Unis. En France c’est un peu différent, même si les choses évoluent. Les Américaines ont aussi leurs difficultés. Elles se battent pour l’égalité des salaires par exemple, et elles l’ont obtenue. Mais rien n’est jamais acquis.

« Je connaissais très peu l’équipe de France féminine quand j’ai commencé. Il n’y avait pas forcément de matches retransmis à la télévision. Il n’y en avait même pas du tout »

Quels sont vos objectifs pour le football féminin, en tant que secrétaire générale de la fédération française depuis le 18 mars 2017 ?

Actuellement, je travaille sur les relations internationales à la fédération. Le but est d’utiliser notre football, nos compétences de formation des entraîneurs, pour accompagner d’autres fédérations, comme la fédération africaine. On vient notamment de signer avec la Côte d’Ivoire, et on a également des partenariats avec Singapour, et avec l’Indonésie. Nous voulons aider ces fédérations à progresser dans le développement de leurs pratiques féminines, à accompagner le niveau de leurs coachs. Nous voulons faire en sorte d’utiliser le football pour faire grandir et accompagner des ONG à l’international.

Des partenariats sont-ils prévus avec Monaco ?

J’aime énormément intervenir auprès d’ONG pour partager mon expérience. Faire du “mentorship” [du mentorat — NDLR], pour toute association qui aimerait avoir des “role models”, des femmes qui sont dans le “leadership”, et qui ont été aussi anciennes joueuses. Alors, oui, pourquoi pas à Monaco. Les échanges se feront sur comment utiliser mes compétences au service des jeunes.

Avec quelles ONG avez-vous travaillé récemment ?

Avec la fédération, on a travaillé avec l’ONG Plan International. Quant à moi, à titre personnel, j’ai travaillé avec Sport en Commun, la plateforme de l’Agence française de développement (AFD), avec qui nous sommes intervenus l’an dernier au Sénégal par exemple, auprès d’associations et d’écoles proches de Dakar.

1) La neuvième édition de la Coupe du monde féminine de football aura lieu du 20 juillet au 20 août 2023.

2) À ce sujet, lire l’interview de l’ancien joueur et international gallois Ian Rush