jeudi 25 avril 2024
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Le commissaire est bénévole

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Michel Boeri. Président de l'ACM
« Le courage, c'est d'avoir réfléchi avant de se lancer et d'y aller quand même. » Michel Boeri. Président de l'ACM. © Photo ACM.

Sans eux, il n’y aurait pas de Grands Prix. Les 650 commissaires de courses, veillent à la sécurité des pilotes et du public. Et ils sont tous bénévoles. Par Noël Fantoni.

C’est la veillée d’armes en ce mardi 27 avril. La dernière réunion avant les Grands prix de Monaco, l’historique et celui de F1. Les 650 commissaires de course sont rassemblés dans la salle du Canton pour recevoir les dernières instructions.
Ils viennent de Monaco, des communes limitrophes, de Nice et de Vintimille. Il y en a 40 nouveaux chaque année pour remplacer ceux qui décrochent, dont 1 femme parmi les 7 du groupe. Ils ont tous plus de 18 ans et ont participé le week-end précédent au stage de formation ou de remise à niveau obligatoire avec le capitaine Degabriel des sapeurs pompiers de Monaco. Ce recyclage obligatoire n’existe pas dans les autres pays. A Monaco seulement on fait passer des épreuves physiques. Et on se familiarise avec les nouvelles techniques et les nouveaux défis qu’amènent les courses. Cette année, c’est le Grand Prix historique qui posait le plus de questions.

Se méfier du méthanol
Le commandant Varaud des sapeurs pompiers de Monaco, 15 Grands Prix derrière lui, explique : « Le grand prix historique ne sera pas un simple spectacle. C’est un galop d’essai avant le GP de F1, mais il est aussi dangereux que lui. Il faut dire que les voitures n’ont aucune norme de sécurité. » D’autant plus qu’il y aura 240 engagés pour le Grand Prix historique qui représenteront 25 pays : 25 pilotes des Etats-Unis par exemple ou 20 de licence monégasque.
A surveiller de près, les radiateurs à eau à l’avant des voitures qui peuvent ébouillanter les sauveteurs. Mais surtout le méthanol qui sert de carburant à beaucoup de véhicules historiques. Or, en cas d’accident, le méthanol ressemble à de l’eau. Et s’il s’enflamme, on ne voit pas les flammes. On en vient à bout avec des extincteurs spéciaux à poudre. En tout cas les commissaires ne peuvent intervenir que sur ordre des pompiers. Quant aux voitures qui carburent au méthanol, elles portent une pastille orange sur leur carrosserie.

Nouveaux feux pour le Grand Prix de F1
De plus, il a fallu intégrer les nouveautés pour le Grand Prix de F1. Notamment les 20 nouveaux signalements lumineux commandés par les commissaires et la direction de course. De gros projecteurs à LED verts, oranges et rouges autour du circuit qui correspondent aux drapeaux d’alerte actionnés par les commissaires en cas d’anomalie. Des projecteurs qui ne dispensent pas l’utilisation de ces drapeaux d’ailleurs. Autre nouveauté : la création de deux nouveaux sifflets, ces petites niches dans les rails de sécurité qui permettent de placer des voitures d’intervention dans des zones qui ne sont pas à risque. Et la disparition du Kers, le système de récupération d’énergie sur les voitures. « Enfin, pas tout à fait », nuance Michel Ferry le directeur de course. Car selon lui, le Kers n’est pas totalement abandonné. Du coup, on peut toujours l’utiliser jusqu’en 2011. Mais à Monaco aucune voiture ne devrait en être pourvu.
« Attention aussi : si un pilote ne s’extrait pas de sa voiture, n’allez pas le sortir. Si la voiture prend feu, vous l’aidez sur ordre du médecin », explique Ferry. Une petite lampe sur le tableau de bord invite à la méfiance : si elle est allumée, cela veut dire que le pilote a encaissé avant l’accident une décélération qui a dépassé un certain nombre de G. Il a donc pu être traumatisé. Une information qu’il faut bien sûr signaler à la direction de course.
Mais les commissaires peuvent eux aussi risquer leur vie dans ces courses. Comme le souligne Michel Boeri, le président de l’automobile club de Monaco (ACM) : « Vous êtes en situation de stress. Luttez contre vos instincts et évitez la précipitation. Car de toute façon, le temps pour l’accidenté a une autre dimension. Le blessé trouve toujours le temps trop long. Le courage, c’est d’avoir réfléchi avant de se lancer, et d’y aller quand même… »