vendredi 19 avril 2024
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La réforme contestée

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© Photo Monaco Hebdo.

Remis en cause par la fédération patronale, le projet de loi sur la réforme des retraites est contestée aussi dans la rue.

Par Sabrina Bonarrigo et Milena Radoman.

Hasard du calendrier, c’est le 21 juin, le jour-même de la manifestation organisée par l’union des syndicats, que sera déposé, en commission du conseil national, le projet de loi sur la réforme des retraites. A ce jour, difficile de pronostiquer la mobilisation des salariés avides de défendre le régime actuel de la CAR. On sait juste que la problématique touche au-delà du secteur privé. Le syndicat des agents de l’Etat participera au défilé qui se rassemblera devant les caisses de retraites à 15h. Persuadé qu’après la réforme des retraites des salariés, le gouvernement passera à celle des fonctionnaires…
Avant que cette contestation ne déboule dans la rue, le conseil national a commencé la phase de consultation des partenaires sociaux. Le 12 juin, c’était au tour de la fédération patronale de défendre sa vision des choses. Avant l’Union des retraités le 22 juin et l’ISM le 25. « D’après leurs études, c’est très clair. Si l’on adopte le projet gouvernemental tel quel, la faillite est repoussée de 2030 à 2034 », a expliqué Jean-François Robillon au lendemain de cette entrevue. La fédération patronale, qui prétend être le seul partenaire à avoir accepté de faire évoluer sa position (1), s’interroge en effet sur l’hypothèse de croissance fixée à 2,5 % par le gouvernement. « Sur 20 ans, entre 1991 et 2011, on a 2,31 % de croissance. Et sur les 10 dernières années on a fait 2,22 % seulement. Or durant ces périodes, notre territoire a bénéficié de l’extension de Fontvieille qui a permis un développement économique important, avec plus de 30 hectares supplémentaires, puis des surfaces libérées par la SNCF. Aujourd’hui, il n’y a plus tout ça », a expliqué Philippe Ortelli devant la presse le 18 juin. Avant d’ajouter?: « La projection gouvernementale de cette croissance prévoit en 2050, 115?000 salariés. En l’état actuel, nous ne voyons pas d’infrastructures (routes, tunnels, bureaux) capables de les accueillir même avec 2 % de croissance. »

Taux de croissance de 2 %
C’est pourquoi le patron des patrons demande de privilégier l’hypothèse d’un taux de croissance à 2 %. En clair, pour le patronat, le projet gouvernemental n’est pas réaliste ni efficace. Il propose donc de modifier le schéma proposé par le conseiller Stéphane Valeri. « Nous demandons une évolution différenciée plus forte de la valeur du salaire de base (limitée à 1,1 % dans le projet de loi, N.D.L.R.) et moins de cotisations salariales », afin de ne pas pénaliser les petits salaires. Philippe Ortelli craint en effet une hausse inconsidérée des cotisations. Y compris patronales à l’horizon 2032. « Nous alertons le gouvernement car nous sommes déjà assommés par des charges parmi les plus hautes d’Europe. Aujourd’hui la compétitivité des entreprises de Monaco est menacée par des taux de cotisations importants. Soyons donc prudents avec cette réforme. »
A la veille du mouvement social, la fédération patronale a affiché une autre revendication?: « Nous demandons que dans la loi, l’évolution du point de retraite soit limitée à l’inflation. » Ce qui n’est pas le cas dans le système actuel.
De son côté le conseil national pense déjà à proposer au gouvernement certains amendements?: un taux de cotisation fixe — et non variable — ainsi que l’instauration d’une retraite minimale. Des idées qui pourraient évoluer lors des rencontres avec les autres partenaires sociaux. A suivre.

(1) « La position de départ de la FPM reposait sur un effort tripartite entre salariés entreprises et retraités. Aujourd’hui, nos représentants ont reçu mandat pour accepter une répartition égale (50/50) de l’effort entre salariés et employeurs. »