samedi 27 avril 2024
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Les premiers bus 100% électriques mis progressivement en service

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Fin mars 2022, la Compagnie des autobus de Monaco a présenté ses premiers bus électriques, avec l’ambition d’abandonner totalement les moteurs thermiques — y compris hybrides — dans les prochaines années. Pour Roland de Rechniewski, directeur d’exploitation, « cet investissement représente une belle promesse en termes de bilan carbone ». Explications.

Des teintes rouge et crème, des véhicules plus confortables et plus spacieux (65 places au lieu de 46), quelques gadgets, comme des prises USB pour les passagers, un intérieur plus lumineux, des caméras de rétrovision… Mais aussi, et surtout, en fonctionnement, un silence total. Et zéro émission locale de polluants. Et pour cause : présentés fin mars 2022, les nouveaux bus de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM) sont 100 % électriques. Et s’il n’est, pour l’instant, possible de les emprunter que sur la ligne 3 (Fontvieille/Hector Otto), ils sont appelés à se généraliser sur les différents trajets opérés par la CAM, à commencer par la ligne 5 (hôpital/Larvotto), dès l’automne 2022. « En complément de l’amélioration du niveau de service offert, la décarbonation des transports collectifs, tant au niveau de l’offre de service public qu’au sein des entreprises et établissements engagés, est une action majeure pour le gouvernement princier, commente Céline Caron Dagioni, conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme. Le développement d’une mobilité propre et durable participe à la qualité de vie de tous. » En effet, la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports est l’objectif majeur de cet investissement — qui atteindra, à terme, quelque 30 millions d’euros. Et pour cause : les émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité représentent près de 30 % de celles de la principauté, derrière la construction et la demande en énergie des bâtiments. La CAM prévoit donc que les 6 lignes de son réseau évolueront progressivement, au gré des commandes, vers le 100 % électrique jusqu’à l’horizon 2025-2026.

La réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports est l’objectif majeur de cet investissement – qui atteindra, à terme, quelque 30 millions d’euros. Et pour cause : les émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité représentent près de 30 % de celles de la principauté

L’hydrogène, jugé non-pertinent pour Monaco

Pour démarrer cette transition, la CAM a fait confiance à Heuliez, et à son bus GX 137 Elec, produit dans les Deux-Sèvres, et équipé d’un moteur électrique de 160 kW. Les batteries sont logées sur le pavillon et dans le compartiment arrière. La maintenance doit être opérée après environ 7 ou 8 ans d’exploitation. « Ces batteries sont capables d’assurer, en une recharge, l’intégralité d’une journée sur nos lignes, assure Roland de Rechniewski, directeur d’exploitation de la CAM. C’était important pour nous, car nous connaissons les enjeux qui entourent la fabrication de ces éléments, indispensables pour les véhicules électriques. Nos nouveaux véhicules nous imposent aussi d’adapter nos installations du dépôt de Fontvieille, avec deux transformateurs de 20 000 volts. Nous procéderons donc à nos recharges la nuit, assez lentement pour équilibrer les charges, et faire durer les batteries. » Si les batteries entraînent de telles contraintes, pourquoi ne pas avoir opté pour des bus à hydrogène, qui fonctionnent avec une pile à combustible pour transformer l’hydrogène en électricité, et qui rejettent uniquement de l’eau ? « Cette solution n’a pas été retenue car elle n’est pas, selon nous, adaptée à Monaco et aux caractéristiques de nos installations, répond Roland de Rechniewski. Après étude, nous avons constaté que l’électrique offrait un meilleur rendement sur nos parcours, marqués par de fortes pentes, une vitesse commerciale faible, et un usage important de la climatisation pendant la période estivale. Sans oublier que l’hydrogène, il faut le stocker. Or, c’est un gaz potentiellement dangereux, car explosif. Nous avons donc fait le choix de l’électrique. Et je dois dire qu’il s’agit d’une belle promesse en termes de bilan carbone. » Ce choix doit en tout cas permettre à la CAM de franchir un palier dans sa démarche de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à présent, la moitié de la flotte était composée de véhicules hybrides. « Avec nos bus électriques, nous allons plus loin et nous démontrons notre ambition en matière de transport propre, estime le directeur d’exploitation de la CAM. Mais surtout, nous le faisons de manière raisonnée : nous n’avons pas changé l’ensemble de nos bus pour des modèles électriques d’un seul coup, parce que le remplacement prématuré d’un véhicule en bon état de marche alourdit considérablement sa facture énergétique. Ainsi, lorsque notre flotte électrique le permettra, les bus hybrides, les plus récents deviendront des véhicules de remplacement. Puis, ils seront mis au rebut lorsque la fin de leur vie sonnera. »