samedi 20 avril 2024
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Ouverture 24h/24 : jackpot à la SBM ?

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Les jeux doivent amorcer leur relance, avec de nouvelles recettes comme l’ouverture du Café de Paris 24h/24. Des changements qui ne passent pas sans grincements de dents…

La SBM n’a plus le choix. Avec les projets immobiliers qui doivent démarrer en octobre, il faut relancer la machine. Certes au dernier exercice, le chiffre d’affaires est remonté par rapport aux exercices précédents tandis que le résultat opérationnel de l’entreprise a comblé une partie de son déficit (-11,8 millions contre -32,7 millions en 2012/2013). N’empêche. L’embellie n’est pas suffisante à garantir la “profitabilité” de la SBM.
Il s’agit alors de booster tous les secteurs d’activités. Les projets d’avenir concernent l’hôtellerie et l’immobilier avec le lifting de l’Hôtel de Paris et la construction du complexe du futur Sporting d’hiver. La relance actuelle, elle, doit concerner le secteur traditionnel : les jeux. Le dernier exercice a vu une « amélioration assez sensible » du chiffre d’affaires Jeux, qui s’élève à 207,9 millions d’euros. Il faut faire mieux. A la SBM, l’homme qui doit incarner la relance s’appelle John Galvani. Nommé il y a un an, le Britannique connaît les atouts et les inconvénients de la place. « À Monte-Carlo, nous avons une offre variée avec des établissements aux cibles différentes. Le casino luxueux, avec des clients haut de gamme qui peuvent miser des millions d’euros par soir. Mais aussi les machines à sous, avec une clientèle locale, où la perte moyenne est de 50 euros. Il faut donc combler plusieurs désirs », juge le directeur des jeux dans une interview récente à Monaco-Matin. Les Italiens fréquentant moins les tables monégasques, le directeur vise d’autres marchés, plus exotiques (l’Europe de l’est, la Turquie et le Moyen-Orient). Et qui dit nouveau marché, dit capacité d’adaptation. Exemple : « Les Chinois aiment toucher les cartes, ce qu’on ne pouvait pas faire dans nos casinos. Certains veulent des salles privées, d’autres ont des exigences car ils sont superstitieux. Nous avons aussi triplé les limites de jeux possibles, mais nous sommes toujours en deçà de ce qu’on offre ailleurs. Comme à Londres où les joueurs chinois sont nombreux », indique Galvani.
Face à ces besoins, la SBM a décidé de tester de nouvelles recettes. « Il faut qu’on puisse être ouvert 24h/24 et s’organiser pour pouvoir travailler dans leur langue maternelle », avait prévenu le président-délégué Jean-Luc Biamonti en juin. C’est désormais chose faite. Enfin presque…

Grève
Flashback. Le 5 juillet, le lancement de l’ouverture des machines à sous 24h/24 au Café de Paris est acté. La soirée est réglée dans les moindres détails, sauf qu’un léger imprévu vient se greffer à ce qui devait être une belle fête. Une grève d’une partie du personnel des jeux automatiques. La cause de ce mouvement ? Le manque de personnels. Leurs revendications ? Obtenir 4 personnes supplémentaires, quitte à ce qu’elles ne soient embauchées qu’en CDD de 3 mois pour voir si leur apport serait superflu ou au contraire, impératif. Car les employés pointent les modifications des plannings et la surcharge de travail qui pourraient être liées à cette ouverture en non-stop. La direction avait précisé que l’évolution des plannings avait été réalisée en respectant les dispositions légales. Une réunion entre la direction et les délégués du personnel était prévue le 10 juillet dernier, mais elle n’a pas eu lieu. La faute à un problème lié à la communication qui règne dans la société depuis plusieurs mois maintenant. C’est en tout cas ce que pense Jean-Charles Allavena, président de Rassemblement & Enjeux, qui « constate simplement la difficulté du dialogue social dans cette maison. On a l’impression que c’est bloqué de chez bloqué. »
Heureusement pour la SBM, la grève a cessé au bout de six jours. Le 15 juillet, une réunion du syndicat des jeux annexes a permis d’acter certaines avancées comme le rehaussement du plancher des primes qui repasse de 600 à 800 euros. « Jean-Luc Biamonti n’était pas content de cette grève mais il s’est montré ouvert au dialogue, souffle un délégué syndical. Il a pris l’engagement de mettre en place des réunions de travail pour résoudre les problèmes sociaux. Un bilan sera fait avec Jean-Luc Biamonti dans 3 mois ». Une première réunion de travail est d’ailleurs programmée le 24/07. De quoi permettre de « calmer un personnel sur les nerfs », ajoute un délégué du personnel.

Mentalité
Pourtant, initialement le personnel n’était pas hostile à cette ouverture du casino 24h/24. Le projet avait même été plutôt bien accueilli. Cette grève traduit également le fait que le personnel ne se sente que moyennement impliqué dans les projets de la direction. « On met en route le projet de l’Hôtel de Paris, un projet extraordinaire, mais on n’arrive pas à associer le personnel à la dynamique de ce projet », regrette Allavena. De son côté, la direction des jeux a une autre analyse. « Mon plus grand défi ici est de changer la mentalité des gens », a annoncé John Galvani dans son interview accordée à Monaco Matin. Avant de préciser sa pensée : « Les équipes doivent s’adapter et ouvrir leurs esprits. Surtout les jeunes. Historiquement, il est difficile de changer les habitudes dans les casinos monégasques. Chaque fois qu’il y a eu des avancées, il fallait donner des récompenses. Nous sommes dans une situation financière qui ne le permet plus. » Un problème de mentalité qui ne semble pas étonner grand monde. Le leader de R&E abonde en ce sens lui aussi, se risquant à aller plus loin. « On a l’impression aujourd’hui qu’à chaque fois qu’on essaie de tirer sur un fil il y a tout qui craque. Tant mieux si les employés des jeux ont bien ou très bien vécu pendant un certain temps, quand le marché, la situation de l’entreprise, le contexte des jeux le permettait. Aujourd’hui, c’est assez légitime de se dire que dans un contexte difficile, on n’a plus forcément les moyens d’assumer le même modèle de fonctionnement que précédemment. »
Reste que cette évolution des us et coutumes à la SBM est complexe à mettre en place. « Quand on connaît la SBM et Monaco, on sait combien la tâche est lourde », souffle l’élu. Cependant, si le plan de relance des jeux n’a pas été présenté au conseil national, hormis quelques points, Galvani a affiché sa feuille de route : « Je suis convaincu que les casinos de Monte-Carlo peuvent entrer en concurrence avec ceux de Macao ou Las Vegas. […] Il faut remettre le client au cœur de notre processus, qu’il devienne la personne la plus importante. Et cela passe par une modernisation de la façon de penser des équipes. Il s’agit d’être plus concurrentiel, polyvalent, d’avoir plus de souplesse. Tout cela passe par de la formation, que nous avons commencé à mettre en place. Nous avons les atouts pour devenir les meilleurs et permettre à l’ensemble du personnel d’en profiter. »