jeudi 25 avril 2024
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Le drame d’un policier de Monaco

Publié le

Pierre Barbagelata, un policier de Monaco, a assassiné sa compagne avant de se suicider.

« C’est affreux ce qu’une dépression peut conduire à faire. Jamais je n’aurais pu imaginer que Pierre en arrive là », souffle un policier. Encore éberlué que son collègue, qui aurait sombré psychologiquement ces derniers mois, ait abattu sa compagne Carole dans sa villa de Saint-Martin-du-Var. Le 12 juillet, vers 19 heures, cet agent de police de 49 ans a abattu sa victime d’une décharge de fusil de chasse avant de retourner l’arme contre lui. L’homme n’a sans doute pas supporté que son amie soit venue récupérer des affaires en fin d’après-midi. La rencontre a vite dégénéré. La quinquagénaire avait beau être accompagnée par son fils et un ami. Suite à une première dispute du couple, les deux adolescents ont été contraints de quitter la demeure. Ils se sont vus braquer l’arme sur eux, avant que deux coups de feu ne soient tirés en l’air… C’est alors que les gendarmes ont été alertés par le voisinage. Au total, une soixantaine de militaires français (dont certains du peloton d’intervention d’Orange, équivalent du GIGN) sont intervenus dans le périmètre. Le directeur de la Sûreté publique monégasque Régis Asso et le commissaire Haget, avertis, s’étaient d’ailleurs également aussitôt rendus sur les lieux.
Ignorant que le policier avait déjà tiré sur sa compagne, les gendarmes ont essayé d’entrer en relation avec Pierre Barbagelata et ont même fait appel aux services d’un négociateur. Hélas, en vain. Lorsqu’ils sont rentrés dans la maison vers 1h45, les militaires ont alors découvert les deux corps dans un bain de sang. Le policier avait laissé une lettre expliquant les raisons de son désarroi.

Du Mess à la police maritime
Pierre Barbagelata était bien connu à la Sûreté publique monégasque. Notamment lorsqu’il était affecté au Mess, le restaurant de la police fermé en 2010 sous l’ère Muhlberger. « On le voyait arriver tous les matins en vélo de Saint-Martin-du-Var. Il était toujours à son poste dès 8h », indique un policier. Depuis, le triathlète avait été “muté” à la police maritime puis à la police secours. Mais des ennuis de santé en 2013 avaient contraint ce père divorcé de deux enfants à être opéré à l’épaule et à mettre son activité sportive puis sa carrière en pointillés. Une opération orthopédique l’avait ainsi obligé à s’arrêter en mars. Diminué physiquement, il aurait alors sombré psychologiquement et s’était vu prescrire des anti-dépresseurs depuis quelques semaines.

Lettre de suicide
Si les deux corps doivent être rapidement autopsiés à Nice, l’enquête des gendarmes se poursuit. Il s’agit aujourd’hui de savoir comment le policier s’est doté de l’arme du crime et si le meurtre était prémédité. « Il n’était pas en possession de son arme de service détenue, comme c’est la règle à la direction de la sûreté publique (pour les fonctionnaires en congé maladie) », a souligné immédiatement le gouvernement monégasque, dès qu’il a eu connaissance de ce « drame horrible ». L’étude de la lettre du suicidé et les auditions de témoins permettront de savoir pourquoi l’homme en est arrivé à commettre un tel acte. Ils transmettront ensuite le dossier au parquet de Nice. Face à ce drame intime, à la Sûreté, on ne sait pas encore qui participera aux obsèques. « Ce sera en fonction de ce que souhaitent les familles », juge un proche de la direction. En attendant, « le gouvernement s’associe aux policiers de la Principauté pour présenter ses vives condoléances aux familles dans le deuil », a indiqué le communiqué officiel.