samedi 20 avril 2024
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Accès automobile à la principauté – Bretelle de Beausoleil : fin des travaux en vue

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Lancés en juillet 2021, les travaux de construction de la bretelle de Beausoleil entrent dans leurs derniers mois. Une visite de contrôle par les services de l’État est prévue pour le mois de juin 2023. Ensuite, ce nouvel accès à la principauté pourra être ouvert à la circulation automobile.

Située sur le territoire de la commune de La Turbie, et destinée à fluidifier l’accès automobile à Monaco, la bretelle de Beausoleil se sera fait attendre. Mais, bonne nouvelle pour les automobilistes habitués aux embouteillages à l’entrée du Rocher, cette voie longue de 400 mètres, servant de point d’échange entre l’autoroute A8 et le réseau départemental et située au niveau de l’aire de services du même nom, devrait être prochainement livrée par les équipes de Vinci Autoroutes. « Nos équipes sont en phase de finalisation des travaux, notamment ceux qui concernent les aménagements paysagers, explique ainsi Charlotte Desveaux, responsable de la communication chez Vinci Autoroutes. Nous allons très prochainement entrer dans une nouvelle phase, celle des finitions et des vérifications techniques, afin de peaufiner ce qui a été fait depuis le lancement des travaux. » De quoi espérer une ouverture prochaine de cette nouvelle voie de circulation, appelée à être précieuse pour l’accès à la principauté ? « L’ouverture de la bretelle approche, en effet. Mais il n’est pas encore possible d’annoncer une date précise pour son ouverture. Une inspection de contrôle va être effectuée par les services de l’État, à la mi-juin 2023, lorsque tout sera achevé. Elle peut se terminer de différentes manières. S’il y a des réserves au terme de cette visite, nous devrons effectuer des travaux pour « corriger » les défauts constatés. Cela peut prendre quelques semaines, en fonction des retours et des demandes. S’il n’y a pas de réserve, la mise en service de la bretelle peut s’effectuer dans la foulée, après obtention de l’autorisation du ministère des transports », ajoute-t-on chez Vinci Autoroutes.

Bretelle autoroute beausoleil
Des efforts ont aussi été faits concernant les opérations de terrassement, puisque sur les 10 000 m3 de déblais produits, seuls 20 % ont été évacués : 4 000 m3 ont été réutilisés sur la structure du chantier, et 4 000 autres m3 ont servi au modelage paysager. © Photo VINCI Autoroutes / JP MOULET

« Nos équipes sont en phase de finalisation des travaux. Nous allons très prochainement entrer dans une nouvelle phase, celle des finitions et des vérifications techniques » 

Charlotte Desveaux. Responsable de la communication chez Vinci Autoroutes

« Redonner de l’air »

La mise en service de la bretelle de Beausoleil signera la fin d’une longue attente, débutée… en 1995. Cette année-là, les élus décidaient la réouverture de cette sortie autoroutière, fermée un an plus tôt. Ces travaux avaient été lancés en 1979, et avaient duré 10 ans. Sa mission initiale ? Compenser un retard éventuel de la portion autoroutière entre Roquebrune-Cap-Martin et La Turbie. Sauf que depuis sa fermeture, l’accès automobile à la principauté pouvait être très compliqué, notamment aux heures de pointe – chaque jour près de 47 000 personnes se rendent à Monaco pour des raisons professionnelles. D’où la nécessité de rouvrir la bretelle de Beausoleil, afin de « redonner de l’air » aux autres voies. « Ces travaux créeront un nouveau point d’échange entre l’autoroute A8 et le réseau départemental (RD 2564 — grande corniche), soulageant automatiquement les autres accès à Monaco, dont le tunnel de Monaco sur l’A500 et la moyenne corniche, explique-t-on chez Vinci. La nouvelle bretelle permettra aussi d’améliorer les conditions de circulation entre La Turbie et Menton. » Selon Vinci Autoroutes, ce sont quelque 3 000 véhicules qui devraient l’emprunter tous les jours. De quoi justifier largement le budget engagé dans cette opération d’envergure [voir notre encadré — NDLR].

« Ces travaux créeront un nouveau point d’échange entre l’autoroute A8 et le réseau départemental (RD 2564 – grande corniche), soulageant automatiquement les autres accès à Monaco, dont le tunnel de Monaco sur l’A500 et la moyenne corniche »

Vinci Autoroutes

Un nouveau giratoire mis en service

Lancés en juillet 2021 (1), les travaux vont en tout cas considérablement modifier la circulation à l’entrée de la principauté. D’abord, parce qu’un carrefour giratoire aura été créé, entre la nouvelle sortie et la grande corniche, en lieu et place de l’ancienne patte d’oie. Ensuite, parce qu’ils devraient « soulager » la commune de La Turbie. En effet, jusqu’à présent, le trafic était souvent chargé sous le tunnel de l’A500. Sauf que celui-ci est régi par un arrêté préfectoral d’exploitation imposant sa fermeture, pour des raisons de sécurité, dès 100 mètres d’embouteillages. Ce qui avait pour conséquence de détourner la circulation vers La Turbie, générant de nombreuses nuisances : bruit, pollution, saturation du centre-ville… Mais aussi, parce que le chantier aura imposé de repenser totalement cette zone aux importantes contraintes techniques. En effet, un élargissement de la bretelle d’accès à l’aire de Beausoleil a été réalisé — nécessitant, de fait, la création d’un mur de soutènement, ancré dans la paroi rocheuse grâce à des micropieux métalliques verticaux, fichés à une quinzaine de mètres de profondeur, et d’autres horizontaux.

Bretelle autoroute beausoleil
La route a dû être surélevée de 3 à 4 mètres par rapport à la voie existante, au niveau du virage qui précède l’aire de service, lequel n’était plus conforme aux normes autoroutières actuelles. « Ce changement a permis de mettre en place une rotation plus large, adaptée aux besoins d’une bretelle d’autoroute, commente-t-on chez Vinci Autoroutes. Le tout, avec une descente plus douce ». © Photo VINCI Autoroutes / JP MOULET

De plus, la route a dû être surélevée de 3 à 4 mètres par rapport à la voie existante, au niveau du virage qui précède l’aire de service, lequel n’était plus conforme aux normes autoroutières actuelles. « Ce changement a permis de mettre en place une rotation plus large, adaptée aux besoins d’une bretelle d’autoroute, commente-t-on chez Vinci Autoroutes. Le tout, avec une descente plus douce ». Et, par extension, moins accidentogène. Enfin, les équipes en charge du chantier ont renforcé et stabilisé l’ancien mur de soutènement du chemin de service, long de près de 100 mètres et haut, sur certaines portions, de 7 à 9 mètres. Mis en service voilà plus de 40 ans, il devait impérativement être remis aux normes sismiques. Imitant la forme de la roche, une matrice en béton le complète, pour améliorer son intégration dans le paysage. La complexité de ces opérations a ainsi entraîné un retard dans le chantier. Celui-ci devait en effet initialement se terminer en 2022. Quelques mois supplémentaires auront été nécessaires « pour minimiser les risques pour les usagers et prendre le temps de bien faire les choses ».

« Compte tenu des enjeux de fluidification de circulation et de sécurité, le dispositif voté par la Métropole est indispensable, car la sortie de Monaco est de plus en plus congestionnée du fait des dizaines de milliers de personnes qui s’y rendent chaque jour pour travailler, alors que le tunnel Rainier III est trop souvent fermé pour des raisons de sécurité liées à la règlementation en vigueur » 

Le gouvernement monégasque, à propos du projet de trémie sur la moyenne corniche

Des enrobés et des bétons moins carbonés

Pour réaliser cette nouvelle bretelle d’autoroute, un chantier aussi attendu que scruté, les équipes de Vinci disent avoir cherché à maîtriser au maximum l’impact de la nouvelle infrastructure sur l’environnement [à ce sujet, lire notre encadré par ailleurs — NDLR]. Pour cela, elles se sont concentrées notamment sur le choix des enrobés et des bétons, qui font partie des principaux postes d’émissions de CO2 sur un chantier de ce type. Concernant les enrobés, les usines les plus proches ont été privilégiées, ainsi que celles qui les produisent grâce au gaz naturel, au détriment de celles éloignées et utilisant du fioul lourd. Les bitumes d’anciennes chaussées ont aussi été réutilisés. Ceux-ci représentent 30 % des sous-couches et 10 % de la couche de roulement de la bretelle de Beausoleil. S’agissant des bétons, des ciments moins carbonés, de type CEM III, ont été privilégiés, sans altération de la qualité de roulement. Vinci Autoroutes n’est pas allé jusqu’à utiliser des ciments alternatifs, tout en précisant mener « un travail expérimental » sur d’autres chantiers que celui qui se termine à La Turbie. Des efforts ont aussi été faits concernant les opérations de terrassement, puisque sur les 10 000 m3 de déblais produits, seuls 20 % ont été évacués : 4 000 m3 ont été réutilisés sur la structure du chantier, et 4 000 autres m3 ont servi au modelage paysager. « L’objectif, c’était de faire ce chantier, qui présente vraiment un intérêt en termes de services et de sécurité pour nos usagers, avec un minimum d’impact environnemental possible, notamment sur les espèces protégées et en termes d’utilisation des ressources, en intégrant l’économie circulaire dans nos enjeux et la réduction des gaz à effet de serre », assure Guillaume Lefebvre de Laboulaye, responsable environnement sur le réseau Escota de Vinci Autoroutes.

Bretelle autoroute beausoleil
© Photo VINCI Autoroutes / JP MOULET

Prochaine étape, la trémie sur la Moyenne Corniche ?

Pour poursuivre la fluidification du trafic automobile aux alentours de Monaco, une fois la bretelle de Beausoleil achevée, la prochaine réalisation importante devrait être le projet de trémie sur la moyenne corniche. Le Conseil métropolitain de Nice en a acté le principe en octobre 2022.

Lire aussi : La mairie de Cap d’Ail envisage un recours contre le projet de trémie entre Cap d’Ail et Monaco

Une décision saluée par le gouvernement monégasque : « Compte tenu des enjeux de fluidification de circulation et de sécurité, le dispositif voté par la Métropole est indispensable, car la sortie de Monaco est de plus en plus congestionnée du fait des dizaines de milliers de personnes qui s’y rendent chaque jour pour travailler, alors que le tunnel Rainier III est trop souvent fermé pour des raisons de sécurité liées à la règlementation en vigueur. » Reste à savoir quand les travaux, qui représentent une enveloppe d’environ 30 millions d’euros, seront lancés, et dans quelles conditions ils seront financés. D’ici là, la bretelle de Beausoleil devrait avoir atteint, pour sa part, son rythme de croisière. Près de 30 ans après avoir vu ses travaux être actés par les pouvoirs publics, donc.

Bretelle de beausoleil : combien ça coûte ?

Le montant global de la réalisation de la bretelle de Beausoleil s’élève à 6,06 millions d’euros hors taxes, répartis de la façon suivante :
• Principauté de Monaco : 2,145 millions d’euros
• Réseau Escota/Vinci Autoroutes : 2,480 millions d’euros
• Conseil départemental des Alpes-Maritimes : 1,235 millions d’euros
• Communauté d’agglomération de la Riviera Française (CARF) : 200 000 euros

Ecologie : un chantier qui se veut exemplaire

Les équipes en charge du chantier de la nouvelle bretelle de Beausoleil ont porté une attention particulière à la dimension environnementale du projet. Ainsi, la création d’un bassin de protection de la ressource en eau a été décidée. « Ce bassin va avoir trois fonctions », explique Charlotte Desveaux, responsable de la communication chez Vinci Autoroutes. Il va permettre de réguler les apports d’eau, lors de pluies importantes, dans les zones sensibles aux inondations. Il va aussi permettre de collecter et de traiter par décantation, déshuilage et élimination des corps flottants les eaux de ruissellement de la plateforme. Enfin, il va aussi servir de confinement en cas de pollution accidentelle, par exemple en cas d’accident avec rejet d’hydrocarbures sur les voies. Par ailleurs, un programme d’aménagements paysagers a été mis en œuvre. « Pour le choix des plantations, les espèces locales ont été privilégiées, et certains arbres ont été conservés afin d’être replantés à la fin du chantier. Au total, près de 7 000 m² seront enherbés, et plus de 700 arbustes et sous-arbrisseaux seront plantés sur 1 100 m² : des pins d’Alep, des oliviers, des chênes pubescents, et des chênes verts. Afin de donner rapidement un aspect végétalisé, Vinci Autoroutes a fait le choix d’acquérir 32 arbres de hautes tiges, donc déjà grands lors de la plantation, et 693 chênes verts de 40 à 60 cm de haut, qui auront un aspect arbustif à la plantation, mais qui deviendront grands au fil du temps. » De plus, les travaux engagés ont fait figure de « chantier pilote » en termes de décarbonation. Vinci Autoroutes s’est en effet engagé à réduire de 50 % les gaz à effet de serre de ses chantiers, d’ici 2030. Pour cela, plusieurs leviers ont été actionnés, sur quatre principaux types d’émetteurs : les enrobés, le béton, l’acier, et les opérations de terrassement. Les émissions de gaz à effet de serre du projet ont pu être réduites de quelque 300 tonnes. Ce qui représente environ 15 % des émissions. Enfin, les équipes de Vinci Autoroutes ont dû composer avec la présence sur le sol de la zone, de nombreux plans d’euphorbe arborescente, une plante de la famille des Euphorbiacées, qui abrite le Dichromacalles rolletii, une espèce rare de coléoptère. Ainsi, les plans d’euphorbes directement impactés par le chantier ont été transplantés dans une zone dédiée, située à proximité du chantier. Tous les plans ont été mis en défens, c’est-à-dire matérialisés à l’aide de grillages, afin d’éviter les intrusions accidentelles.

1) La pose de la première pierre s’était déroulée le 13 juillet 2021, en présence notamment de Marie-Pierre Gramaglia, alors conseillère-ministre de gouvernement pour l’équipement, de l’environnement et l’urbanisme, d’Alexandra Valetta-Ardisson, députée Renaissance de la 4ème circonscription des Alpes-Maritimes, ainsi que de Xavier Beck, Jean-Claude Guibal (1941-2021), et Jean-Jacques Raffaele, respectivement maires de Cap d’Ail, de Menton, et de la Turbie. Jean-Claude Guibal est décédé le 25 octobre 2021. Yves Juhel lui a succédé à la tête de la mairie de Menton.