jeudi 25 avril 2024
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Le MBA prêt à rebondir après sa relégation

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Le Monaco Basket Association ne rempilera pas une saison de plus en Ligue féminine 2. Le club de la principauté vient en effet d’être relégué en Nationale 1, où il pourrait bien croiser la route de l’AS Monaco Basket la saison prochaine.

Du rêve au cauchemar. Aux portes des play-offs au soir d’une victoire contre Calais (67-66) le 18 février 2023, le Monaco Basket Association (MBA) a depuis enchaîné une terrible série de 7 défaites consécutives en championnat qui l’a fait dégringoler jusqu’à la zone de relégation. Le couperet est finalement tombé, samedi 1er avril 2023, après un nouveau revers à domicile contre Chartres (67-74). Le club de la principauté retrouvera donc la Nationale 1 (NF1) la saison prochaine, un an seulement après son accession en Ligue féminine 2 (LF2). Il s’agit d’un vrai coup dur pour le président Éric Elena qui ambitionnait d’atteindre l’élite dans les deux ans.

Une équipe minée par les blessures

« C’est un truc de fou. Nous allons finir entre 45 et 50 % de victoires et nous descendons. Une telle situation n’était jamais arrivée. Malheureusement, il a fallu que ça tombe sur nous ». Éric Elena peine encore à y croire. Avec un bilan de 9 victoires en 22 matches, son club est officiellement relégué en Nationale 1 (NF1). L’aventure dans l’antichambre de l’élite — la première de son histoire à ce niveau — avait pourtant bien commencé pour le MBA qui avait su prendre la mesure du défi. Rivalisant avec les meilleures équipes du championnat, les joueuses du coach Régis Racine étaient parvenues à se hisser en haut du classement se mêlant à la lutte pour les play-offs à l’approche de la fin de la saison régulière. Mais une succession de coups du sort est finalement venue enrayer la bonne dynamique de l’équipe, à commencer par la grave blessure de la capitaine Victoria Majekodunmi juste avant les fêtes de fin d’année : « Son absence nous a fait beaucoup de mal, car elle était la patronne, le cerveau de l’équipe aussi bien sur et en dehors du terrain. Elle savait gérer le groupe et cachait des lacunes que nous avions au niveau coaching et caractère. Le jour où elle s’est blessée, on a vraiment pris un gros coup derrière la tête », confie le président Elena.

Par la suite, d’autres forfaits majeurs (Ashuane Durant et Katia Mosengo-Massa) viendront s’ajouter à la liste obligeant alors le club à recruter dans l’urgence. « Nous avons eu trois jours pour trouver une joueuse parce qu’après, nous ne pouvions plus recruter. Nous avons pris une joueuse pour faire le nombre sur la feuille de match, mais elle n’était pas du niveau des joueuses blessées, reconnaît Éric Elena. C’est comme si vous enleviez Montiejunas, Diallo et Loyd à la Roca Team. Après, ce n’est plus la même équipe ». Et les résultats s’en font vite ressentir. Entre la victoire contre Calais le 18 février 2023 et la défaite contre Chartres le 1er avril, le MBA va en effet enchaîner une série noire de 6 défaites consécutives qui va s’avérer fatale. « Nous avons perdu des matches, mais à chaque fois, c’est passé très très près, souligne le président. Contre Montbrison, nous étions devant au début du quatrième quart-temps avant de nous effondrer dans les cinq dernières minutes pour perdre de 6 points (73-79). Pareil, contre Chartres, qui est pour moi la meilleure équipe de Ligue 2, les joueuses ont fait un gros match. Sincèrement, je n’ai rien à leur reprocher. C’est vraiment pas de chance ».

Éric Elena Monaco Basket Association
© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo

« C’est un truc de fou. Nous allons finir entre 45 et 50 % de victoires et nous descendons. Une telle situation n’était jamais arrivée. Malheureusement, il a fallu que ça tombe sur nous »

Eric Elena. Président du Monaco Basket Association

« Nous avons fait des erreurs »

Si les pépins physiques ont indéniablement pesé sur la fin de saison des Monégasques, ils ne peuvent toutefois expliquer à eux seuls la relégation du club en Nationale 1. « Nous avons aussi conscience d’avoir fait des erreurs », concède Éric Elena qui regrette en premier lieu son choix d’entraîneur. « Les coachs savent très bien se vendre mais après sur le terrain, ce n’est plus la même chose. Quand vous les écoutez parler, ils vous donnent un discours toujours très positif avec une grande connaissance et à la fin, nous nous sommes aperçus qu’il [Régis Racine — NDLR] ne correspondait pas du tout au profil que nous recherchions ». L’entraîneur passé par Limoges et Sainte-Savine quittera ses fonctions au sein du club de la principauté à l’issue du match contre Calais, en plein cœur du mois de février. Un départ précipité qui marquera le début de la fin pour le MBA : « Quand il a vu que nous perdions nos meilleures joueuses, il est parti parce qu’il savait peut-être que ça allait devenir ingérable. J’assume entièrement la responsabilité, j’ai fait un choix, je me suis trompé. Mais sincèrement, c’est un manque de chance car la saison est belle, insiste Éric Elena. J’ai d’ailleurs dit aux filles qu’elles n’oublient pas les bons résultats que nous avons eus, les bons matches que nous avons faits… Nous avons passé de très bons moments cette année, ça ne sert à rien de pleurer. Le job, on l’a fait ». Selon le président monégasque, le MBA paie aussi son manque d’expérience à ce niveau : « Nous sommes partis avec un effectif de 10, avec une joueuse qui n’a pas forcément le niveau. Quand on perd nos trois meilleurs éléments, on se retrouve à sept. Nous étions trop diminués et trop courts. Aujourd’hui si on doit repartir, il faut que nous repartions avec 12 joueuses minimum », explique-t-il.

Malgré tout, le président Elena garde un merveilleux souvenir de ces premiers pas dans le professionnalisme. Un monde « complètement à part », qui réclame des moyens, notamment en termes d’infrastructures : « Jouer à l’Annonciade n’est peut-être pas la meilleure chose que nous ayons fait. Même si je l’ai accepté. Nous donnons une image de Monaco qui n’est pas bonne. Quand vous allez jouer à Reims, vous évoluez dans une salle de 4 000 places avec plus de 1 500 spectateurs de moyenne à tous les matches. À Chartres, Mondeville et Strasbourg… c’est pareil. J’adore l’Annonciade, j’y ai vécu les plus beaux moments du club mais aujourd’hui, elle n’est pas en adéquation avec notre niveau ». Le président du MBA en appelle donc aux pouvoirs publics : « Je remercie le gouvernement mais dire « on est là pour le sport féminin », la parité homme-femme… Aujourd’hui quand vous regardez la salle Gaston Médecin et l’Annonciade, on voit bien qu’il n’y a pas de parité. Il faut qu’on se donne les moyens de nos ambitions, sans partir dans la démesure ». Et d’insister : « L’argent, c’est le plus important. Cette saison, nous sommes partis avec un budget de 700-750 000 euros, pour finalement arriver à 820 000 euros car j’ai mis de l’argent personnel et j’ai trouvé un partenaire qui nous a un peu aidés. Mais un club comme Mondeville, dans le Nord de la France, avait un budget de 1,2 million d’euros. Il y a 400 000 euros de différence entre eux et nous. Aujourd’hui on comprend, car quand Mondeville a été mal en point, ils ont pris deux joueuses pour rebondir. De notre côté, nous n’avions pas grand-chose ».

« Remonter va être difficile, car nous n’avons droit qu’à quatre nouvelles joueuses. Et je ne sais pas encore combien de joueuses je vais pouvoir garder »

Eric Elena. Président du Monaco Basket Association

Objectif remontée

Cette relégation met évidemment un coup de frein au MBA, qui ambitionnait d’atteindre l’élite dans les deux ans. Pour autant, son président ne désarme pas d’un jour atteindre cet objectif : « Avec cette descente, on va perdre une année et j’espère que nous n’en perdrons pas d’autre. Nous voulons toujours arriver à emmener un club de basket féminin en Ligue féminine pour avoir ce qui se fait de mieux en France. Et quand je vois la salle pleine pour la Roca Team, je me dis qu’on peut élever ce sport féminin à haut niveau, emmener du monde derrière nous et donner une belle image de Monaco aussi ».

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Pas question donc, pour Éric Elena, de faire de vieux os en N1, « nous allons tout faire pour monter une équipe la plus équilibrée et la plus costaude possible pour ramener le MBA en Ligue féminine 2 », promet-il. Reste toutefois à savoir avec quels moyens le club de la principauté pourra y parvenir. Mais à ce sujet, le dirigeant monégasque se montre confiant : « À la fin du match contre Chartres [samedi 1er avril — NDLR], une conseillère nationale est venue me parler et m’a assuré qu’ils [les élus — NDLR] allaient tout faire pour qu’on ait le même budget, la même subvention l’année prochaine pour que l’on puisse remonter. Nous n’avons pas été ridicules, loin de là, et j’espère qu’on nous donnera les moyens de faire une bonne saison ».

Les prochaines réunions avec le gouvernement princier s’annoncent donc cruciales pour l’avenir du MBA, qui devra dans le même temps tenter de conserver ses meilleurs éléments. Même si le dirigeant sait que la tâche s’annonce ardue tant les convoitises sont nombreuses : « Remonter va être difficile, car nous n’avons droit qu’à quatre nouvelles joueuses. Et je ne sais pas encore combien de joueuses je vais pouvoir garder. Je les reçois la semaine prochaine [du 10 au 16 avril 2023 — NDLR] pour faire le point, car je souhaitais que nous finissions le championnat avant. Beaucoup de clubs de ligue s’intéressent à nos joueuses. Et entre jouer en NF1 à Monaco et [dans l’élite] du côté de Charleville-Mézières, Saint-Amand, Toulouse ou Bourges, il n’y a pas photo ». En attendant, le MBA pourrait bien retrouver en Nationale 1 des visages familiers puisqu’à l’heure où Monaco Hebdo bouclait ce numéro, mardi 11 avril 2023, l’AS Monaco Basket restait en course pour monter d’une division à l’issue de la saison. « Je leur souhaite de monter, je connais pratiquement toutes les joueuses. Cette année, ils font du très bon travail » reconnaît Éric Elena. Avant de tempérer : « La marche entre la N2 et la N1 est quand même assez élevée. Je leur souhaite, il y aura un beau derby ».