jeudi 8 juin 2023
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Le Monaco Basket Association plus ambitieux que jamais

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Promu en Ligue féminine 2 cette saison, le Monaco Basket Association (MBA) réalise un parcours au-delà des espérances pour ses débuts dans le monde professionnel. Encore en lice pour les play-offs, le club du président Éric Elena vise ni plus ni moins qu’une accession à l’élite dans les deux ans.

Si la Roca Team truste les premières places en championnat et en EuroLeague, une autre équipe de basket monégasque brille sur les parquets français cette saison. Le Monaco Basket Association (MBA) signe en effet des débuts tonitruants dans le professionnalisme. Promu en Ligue féminine 2 (LF2) pour la première fois de son histoire, le club de la principauté a d’ores et déjà validé son maintien à quatre journées de la fin du championnat [Monaco Hebdo bouclait ce numéro, mardi 14 mars 2023 — NDLR] et reste plus que jamais en course pour disputer les play-offs d’accession. De quoi nourrir des ambitions légitimes à court comme à moyen terme. Et peut-être même devenir une locomotive du sport féminin en principauté comme le pense son président Éric Elena : « Nous sommes très fiers d’être le premier club monégasque professionnel féminin. Et j’espère que nous allons ouvrir la voie à d’autres disciplines, pour qu’il y ait vraiment un sport féminin professionnel développé à Monaco ».

« Nous sommes très fiers d’être le premier club monégasque professionnel féminin. Et j’espère que nous allons ouvrir la voie à d’autres disciplines, pour qu’il y ait vraiment un sport féminin professionnel développé à Monaco »

Eric Elena. Président du Monaco Basket Association
Monaco Basket Association
Eve Wembanyama © Photo Vincent Chabrier

Une progression fulgurante

Éric Elena est un président heureux. Parti de la départementale préexcellence il y a treize ans, son club du MBA a gravi les échelons un à un pour décrocher la saison dernière son accession en ligue 2, synonyme d’entrer dans le monde professionnel. « Ça faisait cinq ans que nous étions en Nationale Féminine 1 (NF1). La première année, nous avions fini cinquièmes. Et les saisons suivantes, nous avons toujours été en course pour la montée. Il y a eu également les deux années Covid où nous ne sommes pas allés au bout du championnat. L’année dernière, l’objectif, comme beaucoup d’autres équipes, était de gravir cet échelon. Et nous y sommes parvenus à l’issue d’une très belle saison ». Auteur d’une saison régulière remarquable et d’un parcours sans faute en play-offs (quatre victoires en autant de rencontres), le club de la principauté va écrire la plus belle page de sa jeune histoire en remportant, dans le même temps, la Coupe de France — sa deuxième en cinq ans — aux dépens de l’US Le Poinconnet (69-50) dans une Accor Arena de Paris-Bercy pleine comme un œuf. « Jouer dans une salle de 16 000 places, alors qu’on s’entraînait sur un parking à nos débuts, c’était extraordinaire », se souvient Éric Elena non sans émotion.

« La coach de la saison dernière [Alexandra Tchangoue – NDLR] n’avait pas les diplômes nécessaires pour entraîner à ce niveau. Nous avons bien essayé de trouver des moyens, mais en Ligue 2, ça ne passe pas. C’est contrôlé, il faut que l’entraîneur ait un contrat à plein temps. C’est un peu les contraintes du professionnalisme »

Eric Elena. Président du Monaco Basket Association

Malgré ces résultats historiques, le MBA décide contre toute attente de repartir d’une page blanche, ou presque, au cours de l’intersaison renouvelant son effectif à 70 %. Seules trois joueuses resteront sur le Rocher : Lucie Laroche, Ashunae Durant et Julia Chandler. Un choix pleinement assumé par son président, contraint également par le règlement national : « Quand vous montez en Ligue 2, vous êtes obligés d’avoir quatre joueuses de moins de 23 ans. Et nous n’en avions pas. Après, l’année dernière, nous sommes certes montés, mais il y a eu beaucoup de choses qui ne correspondaient pas à l’esprit du MBA. Nous nous étions un peu égarés dans les valeurs du club, et j’ai voulu recentrer tout ça. En accord avec mon bureau, nous avons donc renouvelé l’effectif. Et je ne le regrette pas car les filles font une super saison », explique Éric Elena. Un nouvel entraîneur posera aussi ses valises durant l’été. Il s’agit de Régis Racine, qui officiait auparavant au sein du club aubois de Sainte-Savine. Un choix là encore dicté par les exigences du haut niveau à en croire le président du club : « La coach de la saison dernière [Alexandra Tchangoue – NDLR] n’avait pas les diplômes nécessaires pour entraîner à ce niveau. Nous avons bien essayé de trouver des moyens, mais en Ligue 2, ça ne passe pas. C’est contrôlé, il faut que l’entraîneur ait un contrat à plein temps. C’est un peu les contraintes du professionnalisme ». Car en accédant à l’antichambre de l’élite, le MBA est véritablement entré dans une nouvelle dimension : « Ça change beaucoup, ne serait-ce qu’au niveau administratif ou surveillance. Nous sommes plus contrôlés. C’est carré et structuré. Il y a des réunions régulières en visio-conférence, nous sommes convoqués à Paris. Tous les trois mois, nous devons montrer l’évolution de notre budget, où nous en sommes… C’est lourd, mais on le fait ».

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Katia Mosengo-Masa © Photo 2V Production

« Le parcours est magnifique. Nous allons certainement nous qualifier pour les play-offs, ce qui est incroyable pour une première année à ce niveau »

Eric Elena. Président du Monaco Basket Association

L’accession à l’élite d’ici deux ans ?

Sur le parquet aussi, l’exigence est montée d’un cran. « La LF2, c’est plus intense et plus jeune », reconnaît Éric Elena. Pas de quoi pour autant impressionner ses joueuses qui, malgré leur inexpérience, parviennent à se hisser au niveau des meilleures équipes du championnat. À quatre journées du terme de la saison régulière, le MBA pointe ainsi à la huitième place à cinq points seulement du leader Charnay. « Le parcours est magnifique. Nous allons certainement nous qualifier pour les play-offs, ce qui est incroyable pour une première année à ce niveau ». Le président n’oublie pas non plus le beau parcours de son équipe en Coupe de France, éliminée en quarts de finale par Strasbourg après s’être offert le scalp de deux clubs de l’élite Toulouse et Charleville-Mézières. « Tous ces bons résultats sont le fruit du travail des filles, qui ont vraiment tout donné et qui sont bien entrées dans le projet. J’espère qu’elles vont continuer car nous avons encore de belles choses à voir avant la fin de la saison ».

Lire aussi : Interview d’Éric Elena, président du Monaco Basket Association

Le maintien déjà en poche, le MBA peut-il alors viser la montée en ligue féminine dès cette année ? « Nous avons malheureusement perdu notre capitaine qui s’est gravement blessée le dernier match avant les fêtes [Victoria Majekodunmi, victime d’une rupture du ligament croisé — NDLR]. Avec une équipe au complet, nous pouvions inquiéter tout le monde. Aujourd’hui, nous avons quand même perdu un élément majeur. Mais nous avons un bon groupe, tout est possible », avance Éric Elena, qui estime toutefois qu’une nouvelle accession serait prématurée pour le club de la principauté. « Je ne pense pas que ce soit la meilleure chose qui puisse nous arriver, car nous devons encore nous structurer. L’année prochaine, nous n’allons pas faire de révolution. Mais si nous arrivons à faire quelques petites retouches, nous pouvons vraiment jouer le podium, voire la finale du championnat de France. Et se donner deux ans pour monter ».

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Julia Chandler © Photo Philippe Lombard / MBA

« Il faut rester les pieds sur terre »

Car aujourd’hui, la priorité des dirigeants est avant tout de continuer à structurer le club à la fois en termes organisationnel et infrastructurel comme l’explique le président du MBA : « Nous avons eu une réunion avec la fédération française, qui va nous imposer beaucoup de contraintes. Par exemple, au niveau administratif, il va nous falloir d’ici deux ans, deux personnes à plein temps. Il va aussi nous falloir un centre d’entraînement, et 24 mètres de LED, soit pratiquement autant qu’à la salle Gaston Médecin… Il y a donc beaucoup de choses à mettre en place ». Pour ce qui est du sportif, peu de mouvements sont à prévoir au cours de la prochaine intersaison. Le club de la principauté ne fera pas de folie sur le marché des transferts malgré les sollicitations de nombreux agents. « Il ne faut pas se tromper sur l’endroit où on vient. La vie ici n’est pas si facile. Il ne faut pas que les gens croient qu’on va leur sortir le tapis rouge, et leur donner des salaires démesurés. Il faut faire très attention à ça. C’est un peu ce qui m’a fait peur la saison dernière. Quand ils voient Monaco, les agents en profitent pour réclamer 50 % de plus, voire ils doublent la mise. Il faut donc bien rester les pieds sur terre, prévient Éric Elena. Ce que je souhaite avant tout, c’est passer d’un groupe de dix, qui est le minimum, à douze. Parce qu’avec toutes les blessées que nous avons eues cette saison, c’est parfois devenu injouable. Nous devons avoir une équipe au complet pour pouvoir tenir notre rang. Il nous faut plus de marge de manœuvre ». Les profils des futures recrues seront définis par le futur coach des Rouge-et-Blanche, qui ne sera pas Régis Racine qui a quitté ses fonctions au MBA à l’issue du match contre Calais (67-66). Un départ surprise que justifie Éric Elena : « Nous avons un règlement intérieur et nous demandons à tous nos membres de l’appliquer. Nous apprenons certaines valeurs à nos jeunes joueuses de 7-8 ans et même quand on est coach de l’équipe première, on se doit de les respecter. Personne n’est au-dessus. Le coach n’a pas respecté certaines choses. Je l’ai sanctionné. Il a souhaité partir, plus pour un problème d’égo. Mais je lui souhaite de réussir ailleurs ». En attendant de connaître l’identité de son successeur, qui sera chargé d’apporter « un nouvel élan et surtout une nouvelle vision », un duo composé d’Olivier Tuso et Paul Damas assurera l’intérim jusqu’à la fin de la saison.

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