Alors que Monaco attend la réforme française sur la prise en charge de la dépendance pour savoir quelle direction prendre, les tarifs pratiqués par la maison de retraite A Qietüdine, aussi bien que son “taux de remplissage”, font débat.
Laurent Nouvion a lancé son missile lors d’un point presse la semaine dernière?: « La politique de santé nous inquiète. L’A Qietüdine est un flop. 30 % des lits sont inoccupés. Les chambres sont bien trop onéreuses. » Une attaque directe au gouvernement à laquelle le conseiller des affaires sociales Stéphane Valeri s’est empressé de répondre, lors d’une conférence de presse, le 11 avril dernier. « On entend des choses plus ou moins vraies sur A Qietüdine. Cette maison de retraite ouverte en juillet 2010 serait trop chère?? » Faux selon Stéphane Valeri?: « Les tarifs appliqués se situent dans la moyenne des prix retenus par les maisons de retraites privées françaises, offrant les mêmes qualités de service. »
En fonction des ressources
En clair, les forfaits hébergement journaliers, fixés par ordonnance souveraine, vont de 112,75 à 215,25 euros. « Il n’y a qu’une infime catégorie de chambres – 13 sur 70 – qui coûtent plus de 140 euros par jour », précise le conseiller, chiffres à l’appui. Ce qui correspond tout de même à un forfait mensuel allant de 3?382 euros pour les chambres les moins onéreuses à 6?457,50 euros?: « Les tarifs ont été calculés de la façon la plus juste, en fonction de la taille et de la situation des chambres. Il est en effet légitime que des personnes bénéficiant d’une chambre dans les étages supérieurs et/ou avec terrasse, s’acquittent d’un tarif supérieur aux personnes occupant des chambres dans les étages moins élevés », se défend Stéphane Valeri. Avant de rappeler?: « Aucun résident n’est exclu pour des raisons économiques et tous participent aux frais selon leurs moyens. Les pensionnaires qui n’en ont pas les moyens peuvent bénéficier, au même titre que ceux de la résidence du Cap Fleuri, d’une aide allouée par l’office de protection sociale ainsi que de la prestation d’autonomie. Et nous leur laissons plus de 200 euros d’argent de poche. »
Le coût réel de l’hébergement ne serait d’ailleurs pas facturé?: « Une somme de 290?500 euros est prévue au budget primitif 2011 afin de compenser le déficit et je ne compte pas le budget d’aides de l’office de protection sociale », ajoute Stéphane Valeri. En revanche, pas question pour le gouvernement « de développer l’assistanat?: Heureusement il y a des résidents fortunés qui payaient 10?000 euros de loyer et qui peuvent assumer un hébergement à 6?000 euros par mois… »
41 résidents sur une capacité totale de 70
A ceux qui jugent la résidence quasiment vide, Stéphane Valeri inverse la logique?: « Que ne diraient-ils pas si la résidence était saturée et s’il y avait une liste d’attente?? La maison a été crée pour les décennies qui viennent. Et compte tenu du vieillissement de la population, les besoins sont grands. Nous avons ouvert avec 30 pensionnaires. Le nombre de résidents a été porté à 41 sur une capacité totale de 70 chambres individuelles. Fin 2012-début 2013, si on suit cette évolution, elle sera pleine. » Aujourd’hui, en dehors des considérations financières, tout le monde ne peut pas taper à la porte de la maison de retraite de l’avenue du port. La politique de l’A Qietüdine est en effet d’accueillir les résidents ayant 5 ans d’ancienneté en principauté. Et pour cause. Selon Stéphane Valeri, « certaines personnes sont prêtes à prendre un bail à Monaco pour demander ensuite à entrer en maison de retraite… » Sans condition de résidence, l’A Qietüdine serait peut-être pleine depuis un moment…