Alors que la région vient de connaître ses pics d’alerte maximum aux pollens de cyprès, de nombreux spécialistes s’inquiètent des risques d’allergies croisées, avec certains fruits notamment. Explications.
Si elles irritent depuis plusieurs semaines trachées et bronches des personnes sensibles, les allergies aux pollens de cyprès et d’olivier pourraient bien prolonger leurs effets au-delà du printemps?! Derrière les allergies aux graminées, de plus en plus de patients se découvrent en effet des allergies dites « croisées » à différents fruits et légumes. Susceptibles de se révéler à court ou moyen terme, ces allergies associées peuvent rendre redoutables du jour au lendemain la consommation de prunes, pommes ou fruits exotiques. On estime ainsi que 55 % des allergiques au pollen de bouleau sont susceptibles de le devenir également… aux pommes, prunes ou aux noisettes?! Ceux aux pollens d’ambroisie risquent de faire mauvais ménage avec le céleri ou l’aneth… Les allergiques aux pollens de cyprès et d’olivier ont eux intérêt à se méfier particulièrement… des pêches?! 2 % de la population française serait globalement touchée par ces croisements d’allergies.
Longtemps méconnu, ce phénomène s’explique aujourd’hui de mieux en mieux. Un pollen qui vole dans l’air, un fruit que l’on croque ou même un bout de viande que l’on mange peuvent en effet partager des protéines communes qui, chez un même individu, sont susceptibles de générer des réactions et intolérances en chaîne. La molécule responsable des symptômes de l’asthme et des rhinites présente dans le pollen de bouleau se retrouve également dans la cerise ou la pomme, expliquant la fréquence des allergies croisées. Certains de ces croisements peuvent être nettement plus déroutants?: escargots et acariens ou noix et fruits exotiques partagent eux aussi des protéines allergisantes communes.
Mécanisme complexe
Si les chercheurs identifient de mieux en mieux ces différents croisements et les diagnostiquent de plus en plus facilement chez une personne allergique, ils ont encore du mal à expliquer leurs mécanismes d’actions et à prédire le risque de développer une allergie croisée au fil de sa vie. « On est face à un mécanisme très complexe, explique le docteur Philippe Auriol, allergologue à Bordeaux. Car il existe en fait de très nombreuses protéines allergisantes au sein d’un même fruit ou pollen. On ne les connait pas forcément toutes et elles n’entraîneront pas les mêmes réactions chez un individu. On a donc encore beaucoup de chemin avant de pouvoir prédire des facteurs de risques individualisés en terme de croisement. »
D’ici là, mieux vaut commencer… par se faire dépister?! D’autant qu’un tiers des personnes allergiques n’ont pas identifiées leur intolérance. Une première journée nationale de dépistage gratuite est d’ailleurs organisée le 7 avril prochain en France (1). Profitez-en?!