samedi 27 avril 2024
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À Monaco, la lutte contre le moustique tigre s’intensifie

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Vecteur de plusieurs maladies telles que la dengue ou le chikungunya, le moustique tigre est devenu l’ennemi public numéro 1 en principauté. Surveillance renforcée, opérations de démoustication, appel à la vigilance… Tout est mis en œuvre pour tenter de limiter sa prolifération.

Son nom : Aedes albopictus. Plus communément appelé « moustique tigre » en raison de ses rayures blanches et noires très reconnaissables sur son abdomen et ses pattes, ce nuisible est devenu le cauchemar de nos étés. Longtemps cantonné aux régions tropicales, notamment d’Asie du Sud-Est d’où il est originaire, il a profité de l’expansion du commerce international, du tourisme et du réchauffement climatique pour se répandre comme une trainée de poudre sur toute la planète. Apparu en France en 2004 à Menton, le moustique tigre a depuis colonisé la quasi-totalité de l’Hexagone grâce à ses fortes capacités d’adaptation et de résistance. Et la principauté n’est, évidemment, pas épargnée par cette prolifération. En mai 2023, un cas importé de dengue, c’est-à-dire contracté à l’étranger, a même été recensé à Monaco. Car, en plus d’être source de nuisances et d’inconfort, le moustique tigre peut aussi véhiculer des virus. Outre la dengue, le chikungunya et le Zika peuvent être transmis par cet insecte, dont l’une des particularités est de piquer le jour avec un pic d’agressivité à la levée du jour et au crépuscule [à ce sujet, lire notre interview du docteur Delaunay]. Pour tenter de limiter sa prolifération sur le territoire national, les autorités sanitaires monégasques multiplient donc les actions de sensibilisation et de lutte antivectorielle.

« Un enjeu de santé publique »

Le 8 juin 2023, un appel à la vigilance à l’égard du moustique tigre a ainsi été diffusé par le gouvernement princier, afin de rappeler à la population les bons gestes à adopter, les symptômes à surveiller et la conduite à tenir en cas de suspicion. Car cette lutte est bien l’affaire de tous. Et chacun, à son niveau, peut empêcher la prolifération du nuisible comme l’explique à Monaco Hebdo le médecin-inspecteur de santé publique, Éric Voiglio : « Le but de cette communication était double : sensibiliser à la nécessité de lutter contre la prolifération des moustiques tigres en éliminant les endroits où l’eau peut stagner (coupelles des pots de fleurs, gouttières mal entretenues…) et sensibiliser aux symptômes des arboviroses, afin d’éviter leur transmission à d’autres personnes par l’intermédiaire des moustiques ». Si, à ce jour [Monaco Hebdo bouclait ce numéro mardi 18 juillet 2023 — NDLR], la principauté n’a enregistré qu’un seul cas de dengue d’importation en mai 2023, plusieurs cas autochtones sont, en revanche, signalés chaque année de l’autre côté de la frontière. En 2022, un foyer de 34 cas et un autre de 10 cas de dengue ont par exemple été observés dans les Alpes-Maritimes. En Italie du nord, c’est le virus du Nil occidental (West Nile Virus) qui a sévi l’été dernier, avec 144 cas d’infection, dont 10 mortels. Cette recrudescence des cas d’arboviroses dans la région pousse aujourd’hui les autorités sanitaires à considérer le moustique tigre comme un véritable « enjeu de santé publique » et à prendre des mesures de protection. « Il transmet notamment la dengue, le zika et le chikungunya. Il existe pour ces trois maladies des formes graves, heureusement rares. Mais si on laissait proliférer les moustiques et circuler les virus, le nombre de cas graves augmenterait », prévient le docteur Voiglio.

« Récemment, la direction de l’action sanitaire a effectué une cartographie complète de tout le domaine public de la principauté de Monaco, dans le but de recenser exhaustivement les gîtes potentiels de reproduction des moustiques »

Éric Voiglio. Médecin-inspecteur de santé publique

La chasse au moustique tigre est ouverte

Pour éviter toute épidémie, la principauté met donc tout en œuvre pour limiter la prolifération du moustique tigre. À commencer par une surveillance renforcée visant à détecter l’implantation et l’activité du nuisible sur le territoire national : « Récemment, la direction de l’action sanitaire a effectué une cartographie complète de tout le domaine public de la principauté de Monaco, dans le but de recenser exhaustivement les gîtes potentiels de reproduction des moustiques. Cette initiative vise à identifier les zones les plus favorables à la prolifération du moustique tigre et à prendre les mesures appropriées pour réduire au maximum sa population ». Des opérations de démoustication sont ainsi régulièrement réalisées sur le domaine public par les agents de la direction de l’aménagement urbain. « La lutte se concentre sur l’utilisation de larvicides, afin d’éliminer les larves de moustiques de manière écologique, sans nuire à l’environnement, ni à la biodiversité », tient à préciser Éric Voiglio. Ces actions sont menées tout au long de la saison estivale, période d’activité la plus importante pour le moustique tigre. Ce dernier ayant besoin d’eau stagnante pour se reproduire, il revient également à chacun de vider ou supprimer les coupelles sous les pots de fleurs, de ranger à l’abri de la pluie seaux, matériels de jardinage et récipients divers, ou encore de nettoyer régulièrement les retenues d’eaux comme les gouttières, chéneaux et autres rigoles. Pour se protéger des piqûres, il est par ailleurs recommandé de porter des vêtements longs, amples et clairs, d’utiliser des répulsifs cutanés et de s’équiper de moustiquaires. Enfin, si une personne a contracté une arbovirose lors d’un déplacement lointain (pays exotiques) ou proche (région Provence-Alpes-Côte d’Azur, plaine du Pô), « il est indispensable que l’examen de laboratoire soit fait très rapidement, et que la direction de l’action sanitaire soit prévenue afin de mettre en œuvre les mesures individuelles (répulsif adapté à Aedes albopictus) pour la personne malade et son entourage, et collectives (démoustication) », rappelle le docteur Voiglio. En l’absence de solution pour éradiquer totalement l’espèce, seule la mise en œuvre de ces gestes permettra de diminuer sa présence, et donc de réduire sa nuisance et le risque de maladie.