jeudi 28 mars 2024
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Le climat facteur de maladies émergentes

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Moustique Tigre
Moustique Tigre Aedes Albopictus © Photo D.R.

Le 23 mars dernier, à l’hôtel Hermitage, se tenait le colloque international sur les changements environnementaux et les impacts sur la santé. L’événement était organisé par l’Institut Pasteur, le Centre scientifique de Monaco et la Fondation Prince Albert II.

«On découvre une maladie émergente à peu près chaque année ». Le constat émane du professeur Alice Dautry, directrice générale de l’Institut Pasteur. Ces nouvelles maladies trouvent de plus en plus souvent leur origine dans les changements climatiques. Le 23 mars dernier à l’Hermitage, plusieurs spécialistes, de l’expert en génétique à l’historien des maladies vectorielles, ont ainsi tenté d’évaluer l’impact de ces évolutions naturelles sur la santé humaine. « Les maladies émergentes nécessitent absolument une approche pluri-disciplinaire. On manque de données actuellement », poursuit Alice Dautry. L’influence des changements climatiques sur la santé est ainsi difficilement mesurable. Néanmoins, un chiffre illustre l’importance du phénomène. En 2009, l’Organisation mondiale de la santé estimait à 140?000 le nombre de décès causés en raison des changements climatiques soit 0,2 % de la mortalité globale. Pour le professeur Arnaud Fontanet, qui dirige l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, « un grand événement, tel que le SRAS (cette pneumonie atypique a fait 800 morts et 8?000 cas ont été recensés à travers le monde, N.D.L.R.), intervient en moyenne tous les cinq ans ». Interrogé sur la détection de traces de maladies nouvelles, le spécialiste indique que « des épidémies peuvent être prévues un an à l’avance dans certaines régions ».

Le facteur hygiène
Le climat devient surtout partie prenante de ces maladies émergentes dans les régions les plus pauvres du globe. Une situation qui s’aggrave dès lors que cohabitent êtres humains et détritus. « Dans une mégapole où résident des dizaines de millions de personnes, de mauvaises conditions hygiéniques et une absence d’eau ou une eau stagnante peuvent devenir facteurs d’une maladie émergente. Monaco, c’est tout l’inverse. Tout est propre. Les maladies émergentes restent très localisées. Elles se répandent rarement mais parfois elles le font comme le Sida qui est parti d’Afrique et le SRAS, qui heureusement a été isolé à Hong Kong », explique la directrice de l’Institut Pasteur.
Seule solution pour les experts, former des personnes dans les pays en développement capables d’informer les populations sur les risques de maladies émergentes et de mettre en place des méthodes de prévention. En France, la prévention a permis de limiter les cas importés et autochtones de personnes atteintes de la dengue et du chikungunya en 2010. Le réchauffement climatique a en partie favorisé l’apparition des moustiques tigres, vecteurs de ces deux maladies tropicales, en région PACA.

Prévention insuffisante
Mais la prévention ne trouve pas toujours écho favorable auprès du grand public. « Il y a un problème comportemental majeur par rapport à la diffusion de maladies émergentes potentielles. Le vaccin contre la grippe H1N1 a été un fiasco en France car pour des raisons irrationnelles, les gens ne se sont pas faits vacciner », pointe Pierre Dellamonica, ex-chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nice.
Rappelons que l’Institut Pasteur et la Principauté de Monaco sont partenaires depuis 2010 dans le financement de projets communs en faveur de la lutte contre les maladies émergentes durant cinq ans. Deux d’entre eux ont déjà été engagés. Le premier vise à lutter contre la méningite bactérienne aiguë au Niger et le second a pour but de combattre les infections infantiles résistantes aux antibiotiques dans les pays à faibles revenus.