jeudi 25 avril 2024
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“Les thérapies ciblées prennent le pas”

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Jill-Patrice Cassuto est le chef du service d'hématologie-greffe de moelle osseuse à l'hôpital de l'Archet.
Jill-Patrice Cassuto est le chef du service d'hématologie-greffe de moelle osseuse à l'hôpital de l'Archet. © Photo D.R.

Jill-Patrice Cassuto est le chef du service d’hématologie-greffe de moelle osseuse à l’hôpital de l’Archet. Rencontre avec ce professeur touche-à-tout, à la fois peintre, écrivain et pilote de rallye (il participe au Monte-Carlo), qui a réalisé la première greffe de moelle osseuse sur un adolescent leucémique à Nice, en 1981.

Par Coralie Bouisset.

Monaco Hebdo?: Vous avez réalisé la première greffe de moelle osseuse à Nice en 1981. Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans les maladies du sang??
Jill-Patrice Cassuto?: Lorsque j’étais étudiant en médecine, j’ai réalisé l’un de mes premiers stages à Marseille en service d’hématologie. Cette spécialité m’a immédiatement intéressé. Il s’agit à la fois d’une discipline clinique et de recherche. De nouvelles thérapies apparaissent constamment et sont très vite proposées aux patients, offrant ainsi d’immenses possibilités. A l’époque où j’ai débuté, certaines maladies avaient un taux de mortalité s’élevant à 99 %. Ces mêmes pathologies ont aujourd’hui un taux de guérison de 99 %?!

M.H.?: Votre branche médicale étant en constante évolution, expérimentez-vous actuellement de nouvelles méthodes de traitement??
J.P.C.?: Nous utilisons bien sûr de nouvelles techniques, notamment contre les cancers du sang. Jusqu’à présent, la chimiothérapie détruisait les mauvaises cellules sans vraiment épargner les bonnes. Aujourd’hui, les « thérapies ciblées » prennent le pas. Des molécules torpilles ont une action ciblée et interviennent à un niveau précis du développement de la cellule. Elles permettent ainsi une nette amélioration des traitements et une réduction des effets secondaires de la chimiothérapie. La seule condition préalable étant de dresser un véritable portait robot de la maladie afin d’avoir le plus de précisions possibles.

M.H.?: Vous êtes spécialiste du sida. Comment les traitements ont-ils évolué??
J.P.C.?: A l’apparition du sida, la plupart des personnes contaminées mouraient. Il est toujours difficile de combattre une maladie inconnue. Aujourd’hui, il n’existe encore aucun traitement pour guérir l’infection au VIH. On parvient seulement à bloquer l’évolution du virus dans l’organisme. Cela permet de faire chuter le taux de mortalité. Les effets secondaires restent lourds et le but reste d’éradiquer complètement le virus.

M.H.?: En 2009, vous avez fait une traversée à vélo bleu de trois pays (France, Monaco et Italie) afin d’attirer l’attention sur le « don de soi ». Vous avez également été conseiller municipal à la santé il y a quelques années. Comment gérez-vous une telle implication??
J.P.C.?: Mon métier est très prenant et pour moi, le sommeil est une perte de temps. Je ne dors que quatre heures par nuit, ce qui me permet de m’adonner à de multiples activités. Ainsi, en dehors de ma profession, j’écris des livres, je peins, je sculpte, je cours, je participe même à de nombreux rallyes comme celui de Monte Carlo. Au lieu de chercher à vivre plus longtemps, il faut vivre plus?!