vendredi 19 avril 2024
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Sondage OpinionWay : « Du jamais vu ! »

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C’est une première. Dans l’affaire du sondage OpinionWay, l’ancien président du conseil national Jean-François Robillon et son ex-chef de cabinet Jean-Sébastien Fiorucci citent à comparaître le procureur général.

« Monaco ou le sondage maudit ». Le titre de l’article du Point, paru le 20 février, donne à l’affaire du sondage OpinionWay des airs de feuilleton tapageur et mélodramatique. Il faut dire qu’après une incursion dans l’hémicycle lors des derniers débats budgétaires, avec des déclarations fracassantes de Jean-François Robillon (voir MH n° 860), elle prend une coloration étonnante. L’ancien président du parlement monégasque et son ex-chef de cabinet Jean-Sébastien Fiorucci viennent de mettre en cause directement le procureur général Jean-Pierre Dreno. Vendredi dernier, leurs avocats ont déposé au tribunal une citation à comparaître devant le tribunal pour violation du secret de l’enquête et atteinte à la présomption d’innocence. « Du jamais vu ! » soufflent des magistrats éberlués, en plein palais de justice.

« Dysfonctionnement »
Que reprochent au magistrat Robillon et Fiorucci, inculpés pour avoir commandité (et s’être rendu complice d’)un sondage, sans avoir déclaré la liste électorale croisée avec le bottin à la CCIN ? « D’avoir volontairement livré des informations à la presse pour accabler les mis en cause via un communiqué de presse », explique Me Michel, qui se défend d’employer « un écran de fumée » ou un effet de manche : « Notre objectif est de montrer qu’il s’est passé quelque chose d’anormal dans cette affaire. Je ne peux que constater un dysfonctionnement. Jamais le parquet ne communique de cette manière. Au travers de cette citation, on essaie de démontrer l’existence d’un règlement de comptes politique. » La “plainte” dénonce également le fait que le procureur ait notifié par courrier au ministre d’Etat Michel Roger la garde à vue de l’ancien chef de cabinet.

Intox ?
Reste à savoir ce que fera le président du tribunal. « L’audiencement dépend de son bon vouloir. L’audience peut-être fixée dans 15 jours ou beaucoup plus tard », affirme Me Michel, qui a déposé la citation chez Cyril Bousseron. Pour l’heure, le procureur, lui, laisse glisser la nouvelle, sans la commenter. « Je n’ai rien reçu à ce jour », nous indiquait-il le 25 février, juste avant que nous bouclions cette édition. Depuis le départ de cette affaire, Jean-Pierre Dreno dénonce une surenchère médiatique et une certaine intox. « Les affaires se plaident dans les prétoires et non en conférence de presse », a-t-il souvent répété. Quoi qu’il en soit, faire comparaître le numéro 2 du palais de justice est bien une première à Monaco. Les avocats ont utilisé une pirouette procédurale : la citation directe permet en effet à une victime de faire comparaître l’auteur des faits devant le tribunal sans passer par la case parquet général. La suite au prochain épisode.

Où en est l’affaire ?

Alors que le juge d’instruction avait rendu un non-lieu dans l’affaire du sondage OpinionWay, la cour d’appel a décidé le 16 décembre 2013, de renvoyer Jean-François Robillon et Jean-Sébastien Fiorucci devant le tribunal correctionnel. C’est aujourd’hui à la cour de révision de trancher sur un tel renvoi. Rappelons que l’affaire porte sur les conditions de réalisation d’un sondage effectué en juin 2012 et commandé à la société OpinionWay par Jean-François Robillon afin de connaître les intentions de vote des Monégasques aux élections nationales de 2013.