Chaque semaine, en partenariat avec l’association des Monégasques de l’Etranger, un expatrié monégasque ou enfant du pays témoigne de son expérience hors de la principauté et livre son regard extérieur sur son pays natal.
Monaco Hebdo?: Présentez-vous, s’il vous plaît. Nicolas Delorme?: J’ai 27 ans, je travaille à Singapour depuis fin 2008. J’ai grandi et fait mes études à Monaco avant d’intégrer une école de commerce à Nice, l’ESPEME. J’ai effectué mon stage de fin d’études en Suisse, dans la banque pour laquelle je travaille actuellement. L’entreprise m’a gardé et après trois ans et demi en Suisse, j’ai mis en place le département pour lequel je travaille à Singapour. Je suis en charge des intermédiaires financiers.
M.H.?: Comment perçoit-on Monaco à Singapour??
N.D.?: C’est assez amusant. Il y a trois images qui ressortent même si souvent, les Singapouriens ne savent pas où se situe Monaco. Le Grand Prix de Formule 1, la princesse Grace, qui est connue et reconnue car il y a une forte culture anglo-saxonne à Singapour, et les casinos. Singapour est assez semblable à Monaco. C’est un petit Etat mais 350 fois plus grand que Monaco. Le pays se construit beaucoup depuis les années 1960 et est dirigé par le même parti depuis 1965.
M.H.?: Que vous dit-on quand vous dîtes que vous êtes monégasque?? N.D.?: On me regarde comme une bête curieuse…
M.H.?: Y-a-t-il des aspects négatifs à travailler à l’étranger??
N.D.?: Lors d’un séjour en Thaïlande, je me suis retrouvé bloqué à la douane de l’aéroport á cause de ma nationalité, mon épouse, de nationalité suisse, est, elle, passée sans problème. Les agents ne connaissaient pas Monaco, ils confondaient Monaco et Morrocco (Maroc, ndlr). Plus sérieusement, l’éloignement de nos proches est le principal aspect négatif.
M.H.?: Conservez-vous un attachement fort à la principauté??
N.D.?: Je reviens trois à quatre fois par an à Monaco. Je consulte régulièrement les sites des médias monégasques. Ma famille et mes amis me tiennent aussi au courant. Je reste très attaché au pays.
M.H.?: Quelle est votre vision de la principauté, vue de l’étranger??
N.D.?: Avant de partir à l’étranger, j’avais l’impression que Monaco était en avance sur les autres pays. Ma vision était probablement trop positive. On se rend compte aujourd’hui que nous sommes derrière. Nous sommes derrière car trop de gens considèrent leur statut comme acquis. Nous devons nous battre pour faire évoluer la principauté dans le bon sens car pendant que nous stagnons, les autres avancent et nous dépassent. Mais je sais que le prince Albert œuvre à rattraper voir dépasser le retard de Monaco dans certains domaines.
M.H.?: Parle-t-on du mariage princier à Singapour??
N.D.?: A Singapour, les gens sont assez friands de ce genre d’actualité. C’est d’ailleurs un de mes collègues qui m’a annoncé le mariage du prince Albert. Il y a déjà eu quelques articles très brefs.
M.H.?: Envisagez-vous à terme de revenir, sur le plan professionnel, à Monaco??
N.D.?: Un jour ou l’autre, je rentrerai. Les opportunités que l’on nous propose à l’étranger sont incomparables avec celles proposées à Monaco. Si je dois revenir, ça sera plus tard dans ma carrière. Je veux rouler ma bosse avant pour pouvoir apporter un vrai plus à mon pays.
