jeudi 25 avril 2024
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Monaco drague les Britanniques

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Michel Bouquier
Ringo Starr, son épouse, l'ex-James Bond girl Barbara Bach et Michel Bouquier. © Photo DTC Monaco.

Monaco veut conquérir le marché britannique. Le 29 septembre, la direction du tourisme (DTC) a mené une opération séduction à Londres, en plein cœur de Chelsea.

ttirer les Britanniques sur le territoire monégasque, c’était bien l’objectif de Michel Bouquier en organisant, le 29 septembre dernier, A Night in Monaco. Un cocktail géant de 1?500 personnes à la Saatchi Gallery, en plein cœur du quartier londonien en vogue de Chelsea. Une opération séduction chapeautée par la DTC, estimée à 300?000 euros et destinée à mettre en contact les “forces vives” du luxe et du tourisme “made in Monaco” (comme la Société des bains de mer, Le Métropole, Boutsen Aviation, Edmington ou Albanu) avec des clients fortunés. « 30 % des invités sont des bons clients britanniques de la principauté et dépensent environ 3?000 euros lors de leurs séjours en principauté. Les 70 % restants sont des clients ciblés, choisis dans les fichiers des grandes institutions londoniennes », explique le directeur du tourisme, qui a puisé les noms de ces grosses fortunes dans les fichiers d’institutions huppées comme le Royal Ballet, l’Automobile club ou encore American express.

Ben Kingsley et Ringo Starr

Résultat, mercredi dernier, dans les sept salles de la Saatchi, décorées avec 8?000 roses, les acteurs monégasques avaient sorti le grand jeu. 1?136 bouteilles de champagne, 1?200 mojitos, 12?000 canapés… De quoi combler les 1?500 invités accueillis par une trentaine d’hôtesses, hommes et femmes, vêtus en rouge et noir, et cajolés par 150 serveurs. Parmi les clients, on pouvait notamment entr’apercevoir les acteurs Sir Ben Kingsley et Samantha Bond, les chanteurs Alisha Dickson et Ringo Starr, la mannequin Helena Christensen, etc. Des “famous guest” venus, entre autres, admirer le défilé de mode ou participer à la vente aux enchères organisée par la fondation Albert II et le Prince’s Trust, la charity du prince Charles. Une vente aux enchères qui a vu partir très vite, une montre offerte par le prince Albert pour 9?000 euros. Et pour 5?000 livres, la raquette et paire de chaussures de tennis de Nadal qu’il porta lors de l’US Open 2010…

La chambre de développement économique était l’un des partenaires principaux de l’opération. Logique pour son président Michel Dotta?: « Je crois énormément à cette démarche. Ce soir, on a une centaine d’ambassadeurs étrangers qui vivent à Monaco et qui ont invité leurs amis ou leurs clients. Ça peut leur donner des idées. Des gens comme le pilote Thierry Boutsen sont venus s’implanter à Monaco puis, petit à petit, montent leur business sur place. C’est ce type d’investisseurs que l’on recherche. » Avant d’ajouter?: « J’ai connu la compagnie pétrolière Single Buoy Moorings quand ils n’étaient que 12. Aujourd’hui, ils sont 1?200?! Monaco est plein d’histoires de ce genre… »

Difficile, en revanche, d’avoir des statistiques fiables sur les retombées de ce genre d’opération?: « C’est impossible, reconnaît Michel Dotta. Mais on apprend un jour que Monsieur X est venu par l’intermédiaire de Monsieur Y et qu’il a créé son entreprise. » C’est le cas de ce trentenaire belge, cadre dans une entreprise pharmaceutique, qui s’est installé il y a trois ans en principauté. Aujourd’hui, il a ouvert son bureau de marchand de biens et compte faire des coups immobiliers dans les capitales européennes. Même chose pour bon nombre de Britanniques. Sauf que venus en masse dans les années 2006 à 2008, les Anglais, au haut pouvoir d’achat, ont eu tendance à déserter Monaco depuis la crise. Cette soirée arrosée suffira-t-elle à les convaincre??

« On croise les fichiers »

« Nous avons noué de nombreux contacts », souffle un fonctionnaire de la DTC qui pense déjà à renouveler l’opération dans d’autres destinations comme Milan. Pour l’épouse de Michel Dotta, Nancy, correspondante Christie’s à Monaco, l’objectif de la soirée est en tout cas atteint?: « Cette opération nous permet de faire du networking. L’objectif est bien entendu pour nous de trouver de nouveaux clients. Et pour cela, on croise les fichiers avec d’autres entités. » Une technique que la dirigeante de l’agence d’événementiel Victoria a déjà testé par le passé?: « L’an dernier, Christies’s a organisé la conférence d’une experte sur un yacht en partenariat avec le Monaco Yacht show. Chacun y gagne. »

Seule certitude?: dans ce contexte pour le moins détendu, si les Londoniens ont pu goûter l’huile d’olive du chef monégasque Alain Ducasse, l’heure était aux affaires. Michel Bouquier avait calé un rendez-vous avec un riche industriel indien qui compte organiser son mariage à Monaco au printemps 2011. Un mariage en grande pompe de 1?000 convives mobilisant, pour l’occasion, trois hôtels de la place et, sans doute, la salle des étoiles. De son côté, Bernard Lambert, le directeur général de la Société des bains de mer regardait d’un œil les clients potentiels miser à la roulette européenne. Mais le DG a profité de son séjour londonien pour parfaire sa quête d’un palace dans la capitale anglaise?: « Nous recherchons un établissement de la qualité de l’Hôtel de Paris ou de l’Hermitage de 150 à 200 chambres doté d’un restaurant, indique Bernard Lambert, en souriant. Même si pour l’heure, à Londres, le marché immobilier est bloqué. »

Quand les Anglais font des affaires à Monaco
La presse anglaise s’en fait les gorges chaudes. Les frères Nick et Christian Candy, spécialisés dans les produits immobiliers de luxe, ont battu le record des ventes connues à Londres, en cédant leur appartement monégasque de La Belle Epoque. C’est le Financial Times qui a sorti l’information dans un dossier complet consacré à Monaco, paru le jour de l’opération A Night in Monaco, le 29 septembre?: les hommes d’affaires britanniques auraient vendu leur penthouse basé dans l’ancienne residence du banquier Edmond Safra, pour 240 millions de livres sterling.