vendredi 26 avril 2024
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COP27 : un bilan en demi-teinte

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Même si elle a joué les prolongations avec trente-sept heures de négociations supplémentaires, la COP27 de Charm El-Cheikh (Égypte) n’a pas permis d’imposer la protection de la nature comme une urgence, au même titre que la lutte contre le réchauffement climatique. La conférence mondiale pour la biodiversité, la COP15, qui se déroulera à partir du 7 décembre 2022 à Montréal n’est pas clairement nommée dans le texte final de la COP27. La COP15 vise à établir un cadre mondial afin de stopper, et même de retourner, la baisse de la biodiversité d’ici 2030. Pour cela, les experts s’accordent à penser qu’il faudra parvenir à imaginer un texte ambitieux, soutenu par d’importants moyens économiques. De leur côté, les scientifiques répètent qu’il est nécessaire de penser les crises climatiques et de biodiversité de façon globale [à ce sujet, lire notre édito, publié dans ce numéro de Monaco Hebdo — NDLR]. En revanche, la conférence sur le climat de Charm El-Cheikh a pour la première fois reconnu qu’il était nécessaire de venir financièrement en aide aux pays les plus vulnérables face au réchauffement climatique. En revanche, les 196 pays présents ne sont pas parvenus à trouver un accord pour résoudre la problématique posée par l’usage des énergies fossiles. Ce constat a fait dire à plusieurs observateurs que l’on s’attaquait donc aux conséquences de la crise climatique, mais pas aux causes.

Dans une tribune publiée le 19 novembre 2022 dans Les Échos, le prince Albert II estime, pour sa part, qu’il faut « mettre l’océan au cœur de notre stratégie climatique », même si le constat est aujourd’hui loin d’être positif : « Je me souviens des constats et des promesses que nous avions faits dès les premières conférences sur le climat, ainsi que des espoirs que nous avions soulevés. Hélas, je constate aujourd’hui que nous ne sommes pas à la hauteur des engagements pris en 2015 à Paris, lors de la COP21 », regrette le prince Albert. Rappelant que les « signaux d’alarme se multiplient » pour l’océan, le chef d’Etat estime que nous « nous détournons souvent les yeux, sans doute parce que les enjeux maritimes semblent plus abstraits. Cette myopie est suicidaire, car la mer est au coeur de la problématique climatique, comme l’a souligné le rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère [la banquise, les glaciers… — NDLR] adopté à Monaco en 2019. Son rôle est essentiel dans l’atténuation du changement climatique grâce à sa capacité de séquestration du carbone ». Rejoignant la problématique de la COP15 et de la biodiversité, le prince Albert a aussi évoqué l’économie bleue, dont il estime le potentiel en « milliards d’euros et en millions d’emplois. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’alimentation, sachant que plus de trois milliards d’entre nous tirent leur principale subsistance des ressources marines. Au cours des soixante dernières années, cette consommation a augmenté deux fois plus vite que la croissance démographique ». Résultat, les « stocks de poissons déclinent de manière dramatique, victimes de la surpêche, de la pêche illégale et de la dégradation des écosystèmes. Une option est donc de développer l’aquaculture, qui représente près de la moitié de la production mondiale de poissons, mais qui pose des questions spécifiques de durabilité ». Citant les aires marines protégées comme une partie des solutions à lancer pour préserver les écosystèmes et la biodiversité, le prince Albert II rappelle que « seulement 7 % des surfaces marines sont actuellement protégées, quand il en faudrait au moins 30 %. C’est pourquoi, en Méditerranée, Monaco a créé, avec la France et la Tunisie, un fonds fiduciaire, le Medfund, qui vise à renforcer et pérenniser les aires marines existantes, en financer de nouvelles, à soutenir les réseaux régionaux et à susciter l’implication des États ». Dans un tel contexte, plus que jamais le rendez-vous de la COP15 s’annonce crucial.