samedi 27 avril 2024
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Vélos, trottinettes électriques… une nouvelle réglementation en mars 2020

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Les conseillers de gouvernement — ministres Marie-Pierre Gramaglia et Patrice Cellario ont dévoilé vendredi 7 février la nouvelle réglementation concernant les vélos et les engins de déplacement personnels (EDP). Âge minimum requis, limitation de vitesse, circulation sur les voies de bus ou sur les trottoirs, sanctions… Monaco Hebdo vous présente ces mesures, qui devraient entrer en vigueur d’ici « fin mars 2020 », selon le gouvernement.

Peu encombrants, rapides et a priori moins polluants… Les trottinettes et autres gyropodes et hoverboards, regroupés sous l’appellation « engins de déplacement personnels » (EDP), sont considérés comme des moyens de transport pratiques pour se déplacer dans un espace urbain. Mais ils représentent aussi de nouvelles sources de dangers pour les automobilistes, les piétons et les utilisateurs eux-mêmes. En France, les incivilités et les accidents impliquant des EDP ne cessent de croître depuis leur arrivée, à tel point qu’ils suscitent désormais de nombreux débats et critiques. Certains élus réclament même leur interdiction pure et simple dans certaines villes. À Monaco, ces nouveaux modes de déplacement étaient jusqu’à présent interdits même si, en pratique, il n’était pas rare d’en voir circuler dans les rues de la principauté (à ce sujet, lire notre dossier publié dans Monaco Hebdo n° 1128). Alors, pour faire face à une utilisation croissante de ces nouvelles mobilités, le gouvernement monégasque a décidé de les autoriser, mais aussi de les encadrer, en mettant en place de nouvelles règles de circulation. « Tous ces modes de déplacement nouveaux apportent des solutions aux déplacements parfois compliqués en principauté de Monaco […]. Ils vont donc dans le bon sens, mais ils suscitent de nombreuses questions, que ce soit en termes de sécurité, d’équipements, de partage de l’espace public, d’aménagements de voirie… Il fallait donc définir des règles d’utilisation dans l’intérêt des utilisateurs de ces engins, des piétons, et des utilisateurs de véhicules thermiques », a expliqué la conseillère-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia. Avant de préciser que le gouvernement s’était « appuyé sur l’expertise d’une quarantaine de représentants des institutions et du milieu associatif » pour définir cette nouvelle réglementation.

Nouvelles mesures pour les vélos

Plusieurs mesures ont été adoptées pour « améliorer à la fois cette mobilité en pleine évolution et la sécurité de tous les usagers ». Le port du casque sera ainsi obligatoire pour tous les cyclistes jusqu’à 18 ans et sera « fortement recommandé » au-delà de cet âge. Le gouvernement espère d’ailleurs que « les adultes montreront le bon exemple aux mineurs ». Avec la nouvelle réglementation, les vélos seront également autorisés à rouler sur les voies de bus : « Nous allons voir comment aménager le territoire de la principauté qui est très exigu pour développer un peu plus de couloirs bus à Monaco », a par ailleurs annoncé la conseillère-ministre de l’équipement et de l’urbanisme, qui travaille aussi activement pour augmenter le nombre de pistes cyclables en principauté. Au sujet de Monabike, le service de vélos électriques en libre-service qui rencontre un « grand succès », le gouvernement a décidé d’abaisser l’âge minimum de 16 à 14 ans, avec port du casque obligatoire jusqu’à 18 ans. « Pourquoi 14 ans ? Parce qu’à cet âge, on peut avoir un cyclomoteur. Donc on s’est dit que s’ils peuvent conduire un cyclomoteur avec toutes les obligations de sécurité, permis ou autres, ils doivent pouvoir conduire un Monabike, en leur imposant le casque », s’est justifiée Marie-Pierre Gramaglia. Un casque qui ne sera toutefois pas mis à disposition par le service a indiqué la conseillère-ministre. Il n’y aura pas, non plus, de rétroviseurs, comme le réclamait pourtant la majorité Priorité Monaco (Primo !) du Conseil national en séance publique, en octobre 2019 (lire Monaco Hebdo n° 1128).

Les EDP autorisés, mais réglementés

Outre le vélo, la nouvelle réglementation fixe également l’usage des engins de déplacement personnels. « Les EDP n’étaient pas du tout réglementés en principauté. Donc on va rendre leur utilisation possible, mais en encadrant leur pratique », a prévenu Marie-Pierre Gramaglia. À ce sujet, le gouvernement a tenu à faire la distinction entre les EDP motorisés (trottinette électrique, hoverboard, gyropode ou monoroue…) et ceux qui ne le sont pas (trottinette sans moteur, skateboard, rollers…). Les premiers seront autorisés à circuler sur la chaussée (sauf hoverboard, gyropode et monoroue), les bandes cyclables et les voies de bus avec port du casque obligatoire jusqu’à 18 ans et port d’un vêtement ou équipement rétro-réfléchissant. Les trottinettes électriques, qui devront être équipées de freins, d’avertisseur sonore, de feux et d’un dispositif réfléchissant [les usagers auront trois mois à partir de la publication de l’arrêté pour se mettre aux normes – N.D.L.R.], seront, en revanche, interdites sur les trottoirs, sauf poussées à la main. Quant à la vitesse, elle sera limitée à 25 km/h, comme en France. À noter enfin que les trottinettes motorisées seront interdites pour les moins de 12 ans. Étant considérés comme piétons, les EDP non motorisés ne seront pas autorisés sur la chaussée, mais sur les trottoirs. « La mairie de Monaco garde la possibilité de limiter l’usage de ces engins sur tout ou partie du territoire », a toutefois rappelé le conseiller-ministre. Interrogée sur la possibilité de voir à terme l’arrivée d’un service de trottinettes en libre-service en principauté, la conseillère-ministre de l’équipement et de l’urbanisme a balayé d’un revers de la main cette idée : « La configuration de la principauté ne le permet pas. On ne peut pas se permettre que tous les trottoirs soient envahis par des trottinettes publiques. Il faut laisser la place aux personnes à mobilité réduite, aux mamans qui ont des poussettes… ». Concernant les sanctions, tout manquement à cette nouvelle réglementation sera « sanctionné par les dispositions du code de la route », en fonction de sa nature et de sa gravité. « Un tarif sera inclus dans le code de la route modifié, qui instituera les modalités d’usage de ces nouveaux engins de mobilité », a averti le conseiller-ministre de l’intérieur, Patrice Cellario. Car qui dit nouveaux moyens de transport, dit modification du code de la route. Cette dernière, qui doit être validée par une ordonnance souveraine, devrait intervenir très rapidement après la publication de l’arrêté ministériel.

Cohabitation harmonieuse ?

En ouvrant la porte aux engins de déplacement personnel, ne risque-t-on pas de voir débarquer en principauté des milliers de trottinettes et autres hoverboard ? Et avec eux, le nombre d’accidents ne va-t-il pas s’accroître, comme en France ? Comment faire cohabiter ces nouvelles mobilités avec les autres modes de déplacement ? Pour Patrice Cellario, conseiller-ministre de l’intérieur, « c’est toute la difficulté de l’équation qui est à résoudre. On a énormément de déplacements en principauté, près de 400 000 journaliers, il faut qu’on arrive à concilier ces déplacements, et surtout la cohabitation des différents usagers dans un espace relativement contraint ». Le challenge est de taille pour le gouvernement qui espère, avec cette nouvelle réglementation, que les usagers abandonneront leur voiture au profit de ces engins de déplacement personnels. Une solution qui permettrait de répondre aux « problèmes de circulation et, au besoin, de stationnement en principauté », mais « encore faut-il qu’on l’organise de manière à ce que cet usage des EDP ne vienne pas mettre en danger et manger le confort des piétons », a indiqué le ministre de l’intérieur. Avant de conclure : « C’est un objectif qui nous paraît aller dans le sens de la ville durable que l’on souhaite atteindre dans les prochains mois et années ».

« Moins d’une dizaine » d’accidents avec Monabike, selon le gouvernement

«Dieu merci, nous n’avons pas eu beaucoup d’accidents avec Monabike. C’est de l’ordre d’un peu moins d’une dizaine », a indiqué au cours de la conférence de presse le conseiller-ministre pour l’intérieur, Patrice Cellario, avant de reconnaître toutefois qu’un de ces accidents avait été « relativement sérieux ». Interrogé sur le timing de cette nouvelle réglementation [qui fixe notamment le port du casque obligatoire jusqu’à 18 ans – N.D.L.R.], qui intervient près de huit mois après la mise en service de Monabike, Patrice Cellario a expliqué que « la réglementation des vélos, des cycles existaient. Et les cycles à assistance électrique, qu’ils soient en libre-service ou pas, c’est exactement la même chose. C’est une réflexion plus globale. Les cycles à assistance électrique sont soumis à la réglementation des cycles, et dans cette réglementation, il n’y a pas de port de casque obligatoire ». Le conseiller-ministre de l’intérieur a ensuite tenu à justifier l’évolution de la réglementation par « le fait que nous sommes dans un environnement dense, avec une circulation dense qui amène à dire que l’utilisation de ces vélos, qui sont plus lourds, méritait qu’on les entoure d’un peu plus de précautions, notamment vis-à-vis des jeunes ». À noter par ailleurs que le gouvernement n’a pas souhaité « pour l’instant » rendre obligatoire le port du casque pour les usagers de trottinettes électriques âgés de plus de 18 ans.

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