jeudi 25 avril 2024
AccueilPolitiqueRobert Calcagno : « Céline Caron-Dagioni a des convictions et un engagement fort »

Robert Calcagno : « Céline Caron-Dagioni a des convictions et un engagement fort »

Publié le

Début août 2021, le palais princier a annoncé le départ de la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia. Elle est remplacée depuis le 1er septembre 2021 par Céline Caron-Dagioni, une fonctionnaire qui était détachée auprès du musée océanographique de Monaco. La réaction de Robert Calcagno, directeur général de l’institut océanographique.

Depuis quand connaissez-vous Céline Caron-Dagioni ?

Je connais Céline Caron-Dagioni depuis de nombreuses années. Je l’ai d’abord côtoyée dans sa fonction de secrétaire générale du département des affaires sociales et de la santé, entre 2011 et 2018. Elle collaborait alors avec le conseiller-ministre, Stéphane Valeri. Nous avons travaillé ensemble sur des questions de droit social, à propos de l’embauche des marins du Yersin, le navire océanographique de Monaco. J’avais alors pu apprécier sa compétence juridique, son engagement, et son courage d’une certaine façon, car ce dossier n’était pas facile. Les droits maritimes et internationaux mélangés au droit social, c’est compliqué.

Vous avez travaillé avec Céline Caron-Dagioni sur d’autres dossiers ?

Oui. J’ai travaillé avec elle sur différents dossiers, entre le gouvernement et l’institut océanographique. Ce qui m’a permis d’apprécier sa compétence et son sérieux. Voilà pourquoi, en 2018, lorsque j’ai ouvert un poste de secrétaire général de l’institut océanographique, j’ai pensé que Céline Caron-Dagioni pourrait avoir le bon profil. Et elle a accepté de nous rejoindre.

Vous aviez été informé en amont de sa nomination au gouvernement au poste de conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme ?

J’ai été informé, parce qu’on m’a permis de réfléchir et de me préparer au départ de Céline Caron-Dagioni. Cette nomination ne m’a pas surpris. Lorsqu’elle a rejoint l’institut océanographique il y a trois ans et demi, le contrat moral qui existait entre elle et moi n’était pas qu’elle reste chez nous pour toujours. Elle avait déjà une brillante carrière dans l’administration. Elle a été ensuite pendant quelques années au service de l’océan. Mais elle est surtout au service de la principauté de Monaco et de son souverain. Elle est jeune, et elle avait certainement d’autres missions que le prince Albert II et son gouvernement pouvaient lui confier. D’ailleurs, lorsqu’on s’est mis d’accord et qu’elle a intégré l’institut océanographique, on avait pensé que ça serait bien qu’elle reste au moins trois ans.

Pourquoi ?

Il n’y avait rien de calculé ou de prémédité, mais cela correspondait à ce qui nous semblait convenir. Pendant trois ans, elle a apporté sa contribution à l’institut océanographique. Je pense que l’institut et moi-même lui avons aussi apporté une ouverture internationale, une implication dans les questions liées à l’environnement, dont elle aura bien besoin dans son nouveau poste. J’essaie toujours d’être un patron un peu “coach”, qui essaie de permettre à ses collaborateurs de se développer. Donc aujourd’hui, la mission que lui confie le souverain me réjouit vraiment. Et je pense que son passage à l’institut océanographique lui aura été profitable, et qu’il lui aura permis de grandir.

« Il est important de conserver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Pour cela, il est important d’arriver à prendre du recul sur certains dossiers. De toute façon, le conseiller-ministre ne peut pas régler personnellement tous les dossiers, c’est impossible »

Qui va la remplacer à l’institut océanographique et à quelle date ?

Je ne sais pas. Je l’ai indiqué à mes collaborateurs. La situation de l’institut océanographique est aujourd’hui différente de ce qu’elle était il y a quatre ans, lorsque j’ai ouvert le poste de secrétaire général. Je vais donc très vraisemblablement en profiter pour faire évoluer notre organisation. Nous avons besoin d’un poste de secrétaire général, mais il n’est pas sûr qu’il ait exactement le même profil que celui qu’occupait Céline Caron-Dagioni. Par ailleurs, je vais saisir cette évolution pour adapter l’organisation de l’institut océanographique. J’ai commencé à y réfléchir sérieusement début août 2021, lorsque cette nomination a été officielle. J’avais mûri la question un peu avant, avec Céline Caron-Dagioni. Maintenant, j’écoute mes collaborateurs, j’écoute les membres du conseil d’administration de l’institut océanographique et du bureau exécutif. Je vais donc adapter l’organisation et procéder à des recrutements.

Quel genre de femme est Céline Caron-Dagioni ?

J’ai travaillé trois ans avec Céline Caron-Dagioni. Je n’ai eu qu’à m’en féliciter. C’est une personne qui est engagée. Elle a des convictions et un engagement fort qui l’amène à travailler vraiment beaucoup et de façon efficiente. Elle est rapide dans le travail. Et elle fera ce qu’il faut, même si c’est en dehors des heures ou des jours de travail, pour boucler ses dossiers.

« Céline Caron-Dagioni est rapide dans le travail, et elle fera ce qu’il faut, même si c’est en dehors des heures ou des jours de travail, pour boucler ses dossiers. » Robert Calcagno, directeur général de l’institut océanographique. © Photo M. Dagnino – Musée océanographique

« Au département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, la quantité de dossiers est telle, et ce sont souvent des dossiers difficiles, que les difficultés volent en escadrille tous les jours »

Vous avez été conseiller-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme du 1er août 2006 au 26 mars 2009 : quelles sont les plus grandes difficultés de ce poste ?

Le poste de conseiller-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme est marqué par la quantité et l’importance du travail. Céline Caron-Dagioni avait beaucoup de travail à l’institut océanographique, mais ici on est un peu plus maître du calendrier, du projet, des choix des priorités, et donc on peut organiser son travail. Au département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme, la quantité de dossiers est telle, et ce sont souvent des dossiers difficiles, que les difficultés volent en escadrille tous les jours. Les capacités d’organisation de Céline Caron-Dagioni lui permettront d’essayer de déléguer à ses collaborateurs, qui sont de grande qualité. Au fil des ans, son prédécesseur à ce poste, Marie-Pierre Gramaglia, a constitué une très belle équipe. Celle-ci lui permettra de se concentrer sur les dossiers les plus sensibles. Mais tout ça est plus facile à dire qu’à faire. Quand vous avez une pression liée à un chantier, une conférence internationale sur l’environnement, comme les fameuses COP, ou la présentation d’un budget au Conseil national, vous devez monter au front. Et on attend que ce soit le conseiller de gouvernement qui le fasse.

Il s’agit d’un poste particulièrement exposé au sein du gouvernement monégasque ?

C’est un poste qui suppose un volume de travail très important et qui s’appuie sur un budget de plusieurs centaines de millions d’euros. Le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme est sans doute celui qui bénéficie de la plus grosse affectation budgétaire. Il s’agit aussi de diriger environ 780 personnes, avec des profils très variables. Il y a des fonctionnaires de l’administration dans les bureaux, mais aussi des gens de terrain, avec, par exemple, la direction de l’aménagement et de l’urbanisme qui travaille dans les réseaux d’assainissement, dans les jardins. Il y a aussi des spécialistes des travaux publics à la direction des travaux publics, des spécialistes de l’urbanisme et du droit de l’urbanisme à la direction de la prospective, de l’urbanisme et de la mobilité… Donc le champ d’activité est vraiment très large.

Quels sont les principaux atouts de Céline Caron-Dagioni ?

Tout au long de sa carrière Céline Caron-Dagioni a développé une grande compétence et une grande connaissance de l’administration. Les questions juridiques, les questions de finance… Elle connaît vraiment les dossiers. Son passage à l’institut océanographique a vraisemblablement enrichi son profil, avec notamment le développement d’un sens politique. Ici, nous faisons de la politique de l’océan, et nous cherchons à faire avancer les dossiers dans toutes leurs dimensions. Elle a aussi été sensibilisée aux questions environnementales, qui est l’un des aspects très important du département qu’elle dirige désormais. De plus, elle a aussi travaillé à l’international, elle a fait de la communication, elle a monté des partenariats, des événements… Ce savoir lui sera utile aujourd’hui dans son nouveau rôle.

« Monaco est une exception dans le monde parce que, souvent, dans les autres pays voisins, un ministre ne transfère pas vraiment les dossiers à son successeur. Il y a même souvent un « nettoyage » des dossiers spéciaux, et un changement presque total de l’équipe. En principauté, nous avons la chance de travailler pour un seul et même “patron” : le souverain. À Monaco, il y a donc une continuité »

Vous avez déjà connu cette situation : à Monaco, comment se déroule la passation de pouvoir entre un ancien et un nouveau conseiller-ministre ?

Monaco est une exception dans le monde parce que, souvent, dans les autres pays voisins, un ministre ne transfère pas vraiment les dossiers à son successeur. Il y a même souvent un « nettoyage » des dossiers spéciaux, et un changement presque total de l’équipe. En principauté, nous avons la chance de travailler pour un seul et même « patron » : le prince. À Monaco, il y a donc une continuité. Marie-Pierre Gramaglia est vice-présidente du conseil d’administration de l’institut océanographique. Céline Caron-Dagioni était secrétaire générale, et en particulier secrétaire générale du conseil d’administration de l’institut océanographique. Donc elles ont très souvent travaillé ensemble entre le département de l’équipement et l’institut océanographique. Elles se connaissaient même avant. Il y a donc des relations de confiance qui existent. Depuis l’officialisation de cette nomination, Marie-Pierre Gramaglia a d’ailleurs passé du temps avec Céline Caron-Dagioni.

Quels conseils donneriez-vous à Céline Caron-Dagioni ?

Mes rapports sont suffisamment amicaux avec Céline Caron-Dagioni pour que je me permette quelques conseils. Comme Marie-Pierre Gramaglia, je pense qu’il est important de conserver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Pour cela, il est primordial d’arriver à prendre du recul sur certains dossiers. De toute façon, un conseiller-ministre ne peut pas régler personnellement tous les dossiers. C’est impossible. Il n’y a que 24 heures dans une journée, et il faut dormir et manger. Et puis, le risque, c’est d’être noyé sous les différents dossiers. Il faut donc garder cette vision et ce recul. Il faut aussi conserver une certaine sérénité par rapport au quotidien. Cela permet de gérer les difficultés, et d’avoir la résilience nécessaire pour accepter toutes les difficultés qui vont apparaître. Pendant dix ans, Marie-Pierre Gramaglia en a géré beaucoup, et Céline Caron-Dagioni en aura aussi beaucoup à assumer. Tout cela favorisera cet équilibre personnel-professionnel, qui est très utile dans la bonne gestion des dossiers professionnels.

Pour lire notre portrait de Céline Caron-Dagioni, cliquez ici.