jeudi 18 avril 2024
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Monaco en orbite

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Monaco à la conquête de l’espace… L’objectif pourrait faire sourire mais il deviendra pourtant concret avant Noël 2014.

A Cannes, dans les ateliers ultra-sécurisés de Thales Alenia Space se prépare le projet Monacosat. Un satellite de 4,8 tonnes y est construit avec pour objectif de procéder à son lancement à la mi-novembre 2014 par un Falcon S. Avant que l’engin retrouve son orbite avant Noël 2014. « Pour un pays aussi petit que Monaco, cette ouverture sur l’espace est prometteuse », s’est réjoui le ministre d’Etat Michel Roger, qui s’était rendu sur le site cannois avec une délégation officielle le 4 juillet.

Position 52°E
Pour Monaco, la “conquête” de l’espace a véritablement commencé en 2010. A cette date, l’Union internationale des télécommunications a attribué la position orbitale 52°E à la Principauté. L’Etat a alors confié l’exploitation de cette position à la société SSI Monaco (Space System International Monaco), dirigée par Ihami Aygun. L’idée étant alors de trouver des partenaires pour positionner un satellite. En 2011, le puzzle se met en place. Le Turkmenistan est intéressé et finance la construction du satellite qui, une fois en orbite, s’appellera Turkmenspace. Le tout pour une facture de 300 millions d’euros, englobant les infrastructures au sol situées au Turkménistan jusqu’au lancement par le Falcon. Avantage pour Monaco, la Principauté et la société SSI, placée en monopole, récupèreront l’exclusivité de 12 des 38 canaux actifs de transmission de données du satellite. « Ce satellite, d’une durée de vie de 16 ans, couvrira une zone allant de la Chine à l’Océan et jusqu’à la Sibérie, ainsi que ce qu’on appelle la zone MENA (Middle East North Africa) ; ce qui permet de toucher 3 milliards de personnes. » Les applications de ce satellite de télécommunications sont multiples. « Il existe déjà des projets de télémédecine avec l’IM2S », ajoute le dirigeant de SSI. Pour trouver des « clients », le 4 juillet, la société monégasque a d’ailleurs signé un contrat pour l’exploitation commune d’une couverture spécifique MENA avec l’opérateur luxembourgeois SES ATRIA. En attendant la mise en orbite du satellite, SES a déjà aidé SSI à trouver deux satellites pour assurer l’intérim. Histoire de ne pas perdre la position orbitale si elle était inoccupée…

« Les îles Vanuatu perçoivent 1 million de dollars par an »

le gouvernment en visite à au centre de cannes

Le conseiller pour les finances Jean Castellini revient sur l’opération Monacosat et détaille les implications budgétaires pour l’Etat d’un tel projet.

Monaco Hebdo : De quand date le contrat de concession entre l’Etat monégasque et SSI ?
Jean Castellini : Le gouvernement et la société SSI-Monaco ont signé le 23 août 2010 un contrat de concession visant à l’exploitation des fréquences de radiodiffusion à la position orbitale spatiale 52°Est. Ce contrat a été consenti pour une durée de 20 ans.

M.H. : Combien l’État a-t-il payé pour l’enregistrement de la position orbitale auprès de l’ITU ?
J.C. : Afin d’être précis, ce que l’Etat enregistre auprès de l’UIT, ce sont des réseaux de fréquences pour être utilisés à une position orbitale et ce, avec une certaine couverture du globe terrestre. Ainsi, la Principauté a déposé 7 réseaux sur la position 52°E depuis le 8 juin 2005. Enfin, un réseau, afin qu’il soit exploitable par un satellite, doit être publié, coordonné et mis en service auprès de l’UIT. Chacune de ces opérations a un coût et dépend de la bande de fréquence dans laquelle vous notifiez le réseau spatial. Ainsi, le montant global des factures de l’Union internationale des télécommunications pour rendre opérationnelle la position 52°E sera de l’ordre de 250 000 euros.

M.H. : Que prévoit le contrat de concession ?
J.C. : Ce contrat prévoit la mise sur orbite de satellites pour occuper la position spatiale 52°Est. Depuis la signature, les deux parties ont travaillé conjointement à la définition commerciale et technique des cibles commerciales que le satellite adresserait et à la coordination de cette position avec les réseaux spatiaux existants. Ainsi, un premier contrat a été signé par SSI avec le gouvernement du Turkménistan en 2011 afin de permettre à ce vaste pays de réduire sa fracture numérique et d’augmenter sa capacité interne de télécommunications.
Parallèlement SSI est rentré en négociation avec l’opérateur luxembourgeois SES pour optimiser l’utilisation des fréquences à 52°E pour l’incorporation d’une couverture spécifique (MENA, Middle East and North Africa) sur le satellite qui exploitera ladite position orbitale.

M.H. : Quel est le montage financier de Monacosat ?
J.C. : Le projet Monacosat implique uniquement des entreprises privées et les accords régis entre eux n’ont pas été portés à la connaissance du gouvernement dans la mesure où ils restent confidentiels.

M.H. : Quelle est l’estimation espérée en termes de recettes budgétaires de l’exploitation des 12 canaux réservés à la principauté et SSI ? On parle de 1 million d’euros par an et par canal. Quelle serait la part pour Monaco (royalties) ?
J.C. : Les accords signés entre le gouvernement et SSI-Monaco sont tenus à la confidentialité et à la non-communication en dehors des parties. Néanmoins, pour information et à titre d’exemple, les îles Vanuatu perçoivent 1 million de dollars par an pour l’exploitation de leur position orbitale.