vendredi 26 avril 2024
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Logements domaniaux : des « réponses » attendues en décembre

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Lors de la deuxième soirée consacrée à l’examen du budget rectificatif 2022, le 13 octobre 2022, le Conseil national a une nouvelle fois exprimé sa déception et son inquiétude face aux promesses non tenues par le gouvernement monégasque concernant les livraisons d’appartements réservés aux Monégasques. Le gouvernement a promis des « réponses » à l’occasion du vote du budget primitif 2023, en décembre 2022.

Dans la soirée du 13 octobre 2022, les élus sont revenus à la charge sur l’épineux dossier du logement des Monégasques. Prenant la parole, la présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès a rappelé qu’il s’agit de « la priorité absolue pour le Conseil national, afin que non seulement la pénurie soit résorbée, mais que la situation soit durable pour nos compatriotes dans les années à venir. Le rythme des livraisons de logements domaniaux doit correspondre à l’évolution de la demande légitime des foyers monégasques. Nous profiterons de ce chapitre pour faire un point de situation, afin que les changements récents du programme d’opérations domaniales soient compensés, autant que possible, par de nouvelles constructions ». Puis, plaçant les jalons en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, avant d’immédiatement se projeter vers le futur, Brigitte Boccone-Pagès a ajouté : « Je rappelle à nos compatriotes que, grâce à l’action du Conseil national, 2023 verra la fin de la pénurie. Bien sûr, il s’agit pour nous aujourd’hui de préparer l’avenir, afin que plus jamais nous ne connaissions une telle situation. »

Brigitte Boccone-Pagès a posé une question directe à Céline Caron-Dagioni : « Aurons-nous des opérations immobilières concrètes, à court et moyen terme, pour le budget primitif 2023 ? »

« Détricotage »

À son tour, le président Priorité Monaco (Primo !) de la commission du logement, Franck Lobono a évoqué des engagements pris par le gouvernement en décembre 2021 pour la période 2025-2026 en termes de nombre de livraisons d’appartements réservés aux Monégasques. « Une lettre du 14 décembre 2021 énonce un certain nombre de programmes. Et puis voilà… Aujourd’hui, ces engagements ne sont plus respectés, et depuis un an, on assiste à un détricotage du plan national pour le logement », a estimé cet élu. Mais, plutôt que de mettre la pression sur le gouvernement monégasque afin d’obtenir des réponses très rapides à ces interrogations, et donc avant le 18 octobre 2022, date du vote du budget rectificatif 2022, Franck Lobono a temporisé, tout en s’adressant au gouvernement : « Vous faites des promesses, vous trouvez de vraisemblables solutions qui n’en sont pas, puisque quelques mois après, vous annulez ces propositions, avec des raisons qui sont, peut-être, justifiées. Je ne veux plus de ça. Le gouvernement s’engage pour le Conseil national, et le Conseil national s’engage pour les Monégasques. Je veux que l’on évite les solutions trop rapides, et que l’on aille vers des choses qui sont concrètes. » Ce qui passe pour ce conseiller national par des garanties qu’il a demandées au ministre d’Etat, Pierre Dartout, et à son gouvernement : « Ce soir, je voudrais que le gouvernement prenne un engagement, un contrat moral. Faire de la politique, c’est faire des promesses par rapport à des problèmes, et c’est s’engager vis-à-vis de notre population monégasque. On se donne jusqu’au budget primitif 2023 pour que le gouvernement revienne cette fois avec des vraies solutions, des vrais programmes, chiffrés, quantifiés, datés, et que l’on sache précisément quels types de constructions vous aurez choisis pour ces logements. Il faut trouver des solutions pérennes et garanties. » D’autres élus, Franck Julien en tête, ont pris la parole pour se ranger derrière Franck Lobono, et déplorer, à leur tour, les engagements non tenus par le gouvernement.

« La seule décision que l’on vous demande de prendre ce soir, c’est de vous engager par un contrat moral avec les Monégasques à tout faire pour revenir [en décembre 2022 — NDLR] lors du budget primitif 2023 avec des programmes quantifiés, datés, et chiffrés »

Franck Lobono. Elu Primo !

« Déterminant »

Mais c’est une question plus globale, et plus directe, de Brigitte Boccone-Pagès à Céline Caron-Dagioni qui a quelque peu tendu les échanges : « Aurons-nous des opérations immobilières concrètes, à court et moyen terme, pour le budget primitif 2023 ? Car ce budget primitif 2023 sera déterminant pour obtenir le nombre de logements domaniaux qui nous manquent. » Pour répondre, la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme a expliqué que le gouvernement était en discussion « sur des opportunités à propos d’opérations en cours de projection de construction assez rapides, qui sont détenues par des partenaires privés. Ces décisions contractuelles engagent une définition financière, et un nombre d’appartements. […] À ce jour, nous n’avons pas pris de décision. Nous avons obtenu quelques propositions. Il faut maintenant voir si elles sont supportables pour le budget de l’État. Pour l’instant, nous échangeons toujours à ce sujet. » Visiblement pas convaincue, la présidente du Conseil national a prévenu : « Je le répète : cette question sera un point central du budget primitif 2023. Vous êtes prévenus, mesdames et messieurs du gouvernement. On vous l’a dit et redit. » Le ton est alors quelque peu monté, et Céline Caron-Dagioni a répondu : « Je vous rassure, je fais mon travail. D’où ces échanges avec ces promoteurs. Néanmoins, cela engage le budget de l’État. Nous discutons avec l’ensemble du gouvernement, et notamment avec mon collègue des finances qui est particulièrement concerné. Nous avons des offres en cours d’analyse. »

« les questions de foncier à Monaco ne sont pas simples. Nous devons gérer des difficultés sur le terrain qui sont de nature à retarder un certain nombre d’opérations. Mais nous sommes très mobilisés. Quand nous examinerons le budget primitif 2023, des réponses pourront être apportées »

Pierre Dartout. Ministre d’Etat

« Difficultés »

Le ministre d’État, Pierre Dartout, a pris la parole à son tour, pour répéter : « Rassurez-vous, nous travaillons. Mais le contexte est difficile. Car les questions de foncier à Monaco ne sont pas simples. Nous devons gérer des difficultés sur le terrain qui sont de nature à retarder un certain nombre d’opérations. Mais nous sommes très mobilisés. Quand nous examinerons le budget primitif 2023, des réponses pourront être apportées. » Regrettant de n’avoir entendu que des « réponses techniques, alors que nous ne sommes pas dans une enceinte technique, nous sommes dans une enceinte politique », Franck Lobono n’a pas caché son agacement : « Dans une enceinte politique, on prend des décisions, et on donne des orientations. La seule décision que l’on vous demande de prendre ce soir, c’est de vous engager par un contrat moral avec les Monégasques à tout faire pour revenir [d’ici décembre 2022 — NDLR], lors du budget primitif 2023, avec des programmes quantifiés, datés, et chiffrés. C’est la seule chose que l’on vous demande ce soir. Sauf qu’on ne l’entend pas de votre part. » Mais, visiblement, ce n’est pas l’optimisme qui l’emportait dans les rangs élus, dans la soirée du 13 octobre 2022. « Je reste très inquiet. Car nous avons des échéances 2025-2026 pour lesquelles je me demande comment vous allez faire pour sortir les logements dont on a besoin. Le budget rectificatif 2022 ne correspond pas aux promesses données en décembre 2021, lors du budget primitif 2022. Pour cela, cette situation ne pourra qu’être sanctionnée », a prévenu Franck Lobono. S’adressant à son tour au ministre d’État, Balthazar Seydoux a dit attendre « avec impatience » les propositions du gouvernement. En soulignant, à son tour : « Le vote, ou pas, du budget primitif 2023 dépendra de ce que vous nous proposerez. »

Travaux au Bel Air : comment le CHPG sera protégé

Situé au-dessus du centre hospitalier princesse Grace (CHPG), l’immeuble le Bel Air va finalement être rasé et rebâti d’ici 2026, alors qu’il devait être livré en 2023, a annoncé le gouvernement monégasque à l’occasion de l’examen du budget rectificatif, le 13 octobre 2022. Pour minimiser les nuisances, un groupe d’experts a été désigné. La conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni, a indiqué que des « surfenêtres de protection » seraient posées dans les zones les plus concernées par ce chantier. Des capteurs seront installés dans les services les plus sensibles, afin de définir le « point zéro », et de pouvoir fixer à l’entreprise en charge de la démolition le respect de seuils « d’empoussièrement » de l’air. Des bâches et des écrans acoustiques seront également installés, et le chantier sera arrosé, afin de limiter l’envol des poussières. Pour s’attaquer à la roche, des outils électriques ou des pinces mécaniques seront privilégiés. Le traitement de l’air, qui est assuré par des centrales, a été revu pour « près de 90 % d’entre elles », afin de « sécuriser un maximum de choses », a souligné Céline Caron-Dagioni. Des sas seront également installés entre les portes d’entrée du CHPG, pour éviter de faire rentrer de l’air pollué dans l’établissement. « Ces sas seront posés aux entrées côté « montagne », a précisé le conseiller-ministre pour la santé, Christophe Robino, c’est-à-dire face au Bel Air, et pas à l’entrée principale du CHPG. » En ce qui concerne l’avancée de ce chantier, Céline Caron-Dagioni a estimé que l’autorisation de construire devrait être délivrée dans le courant de la semaine du 17 octobre 2022. À partir de cette date, une période légale de deux mois de recours s’ouvrira, pendant laquelle des tiers, généralement des voisins, pourront porter réclamation. « L’appel d’offres a été lancé, a ajouté la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme. Nous avons choisi l’entreprise. Elle interviendra courant novembre 2022 sur le chantier, pour commencer à poser tous les écrans de protection, qui sont un préalable nécessaire. » Pour le moment, Céline Caron-Dagioni a indiqué être « conforme » au planning prévisionnel envisagé pour la phase de « protection, démolition, fondation profonde, et la construction du socle qui accueillera le nouveau bâtiment. » Quant au chantier du nouveau CHPG, Christophe Robino a estimé que la première phase des travaux sera terminée en 2025-2026, et que, pour le moment, le chantier « se déroule comme prévu »