vendredi 29 mars 2024
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Le changement dans la continuité

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Il est officiellement ministre d’État depuis lundi 1er février. Serge Telle a prêté serment devant le Prince Albert, avant de dévoiler les grands axes de sa feuille de route.

 

« C’est la continuité avec le travail de mon prédécesseur Michel Roger », qui avait su renouer avec la croissance au lendemain de la crise de 2008. Le soir de sa prise de fonction, lundi 1er février, le nouveau ministre d’État, Serge Telle, a présenté devant les journalistes de la Principauté les principaux axes de ses missions à la tête du gouvernement : « Cette continuité n’empêche pas des évolutions. » Toujours est-il que la feuille de route, remise par Albert II le matin lors de sa prestation de serment, ne contient aucune surprise. Une de ses priorités sera bien de « poursuivre le développement économique, clé de voûte du modèle social, éducatif, sécuritaire et culturel monégasque ».

 

Europe

Un modèle monégasque — « un art de vivre et un cadre de vie exceptionnels » — que Serge Telle appelle à « renforcer et protéger ». Le nouveau chef du gouvernement fait ici allusion aux négociations avec l’Union européenne (UE), alors que la sphère politique monégasque, comme les professionnels, appellent, d’une voix quasi unanime, à ne pas renoncer aux spécificités de la Principauté. C’est en tout cas un dossier que cet ancien diplomate devra suivre de très près, en compagnie du conseiller pour les relations extérieures et la coopération, Gilles Tonelli. Après avoir assuré l’interim depuis l’accident vasculaire cérébral de Michel Roger, le 14 décembre, Gilles Tonelli reprend donc son plein rôle de « Monsieur Europe ».

Parmi les « grands projets structurants » du gouvernement, le nouveau ministre d’État a souligné le rôle des grands chantiers. L’extension en mer, un éco-quartier de six hectares à l’anse du Portier, ou le nouveau centre hospitalier princesse Grace (CHPG), dont les travaux doivent durer dix ans sans altérer le « maintien de l’excellence des soins médicaux ». Serge Telle est aussi revenu sur la nécessité de « satisfaire le besoin en logements des Monégasques ». Une des priorités des élus du Conseil national, qu’il ne juge pas incompatible avec « un urbanisme maîtrisé », alors que la Principauté compte actuellement une douzaine de chantiers au long cours pour près du tiers du budget annuel de l’Etat.

 

Fiscalité

Cette première prise de contact était aussi l’occasion de réaffirmer « l’éthique et la transparence » de la Principauté. Le ministre d’État s’est engagé à poursuivre « la mise en conformité de la fiscalité de la Principauté selon les standards internationaux », pour éradiquer l’image de paradis fiscal. D’ailleurs, les engagements pris par Monaco lui permettent de ne plus figurer sur la liste des juridictions non coopératives du Comité des affaires fiscales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis 2009. Une même exemplarité que Serge Telle continuera d’appliquer aux finances publiques, afin de n’avoir « ni dette ni déficit structurel ».

Le nouvel homme fort du gouvernement a également fait une piqûre de rappel environnementale. Il loue la « voix à part » de Monaco dans le monde, une voix fortement engagée en faveur de la protection de la planète sous l’impulsion du Prince Albert depuis son avènement en 2005. Serge Telle appelle à continuer à travailler sur « la transition énergétique », notamment au travers du « développement de modes de transport alternatifs ». Autant de défis que le nouveau ministre d’État — par ordonnance souveraine du 19 janvier 2016 — aura à cœur de poursuivre « animé par un double sentiment : loyauté et responsabilité ». Car s’il considère que « la force de Monaco est d’agréger les talents et les nationalités », il en est le plus parfait exemple. « Je suis français et diplomate », assume cet ancien ambassadeur de France en Principauté.