vendredi 26 avril 2024
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« Il faut dire la vérité »

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Laurent Nouvion
Laurent Nouvion © Photo D.R.

Les débats budgétaires qui se profilent à la mi-octobre donneront la part belle au déficit. Et surtout à la façon de le résorber.

Le 8 septembre, la majorité du conseil national avait sonné le départ de la rentrée politique. En lançant lors d’une conférence de presse au sein de l’hémicycle le sujet-clé de l’automne – sans surprise en cette période de tempête financière -?: le déficit budgétaire. Pour le président Jean-François Robillon, pas de panique?: « Le conseil national table sur un déficit réel entre 40 et 50 millions (contre les 96 millions d’euros prévus dans le cadre du rectificatif, N.D.L.R.). Cela peut être assumé par le fonds de réserve constitutionnel. » Un discours destiné à rassurer la population?: « Les chantiers continuent (le port, les immeubles domaniaux)?; l’investissement reste soutenu. Le conseil national va appeler le gouvernement à rester prudent sur les dépenses de fonctionnement — sans réclamer l’austérité, juste la stabilité. »

Fonds de réserve dans le rouge??

La réponse de l’opposition parlementaire ne s’est pas fait attendre. Avec un discours plus critique?: si le gouvernement a bien pris conscience de la nécessité de tendre à l’équilibre budgétaire, il serait loin du compte. Selon Laurent Nouvion, chef de file de Rassemblement & Enjeux, les derniers chiffres (août 2012) montreraient une augmentation des dépenses de fonctionnement liées aux salaires et pensions de retraite des fonctionnaires (+6 %). « La majorité est devenu un véritable vivier pour le gouvernement qui recrute au sein des élus », ironise Nouvion.
A l’inverse, les dépenses d’investissements, elles, plongeraient en dessous des 20 %. « Il y avait une règle d’or à Monaco selon laquelle un tiers des dépenses d’interventions publiques soit consacré à l’investissement. Ce n’est plus le cas et le modèle économique va mal. » D’autant que les élus R&E accusent le gouvernement de « jeter un voile pudique » et de reporter les sujets qui fâchent à l’après 2013. Et donc à après les élections. Revalorisation des traitements des fonctionnaires, chantier du yacht club, tunnel descendant… « Il faut dire la vérité aux gens, interpelle Laurent Nouvion. Les coupes budgétaires nécessitent un plan sur le long terme et du courage politique. La marge de manœuvre se réduit. Et je crains de plus que le fonds de réserve ait perdu entre 80 et 100 millions d’euros en raison de la crise financière. Alors que le fonds de réserve était à 1,9 milliard il y a trois mois et 2,4 milliards en 2007. » Un montant du FRC auquel il faut soustraire les crédits pour la ZAC Saint-Antoine, la tour Odéon, l’IM2S, les contrats d’habitation-capitalisation mais aussi le règlement des déficits 2009, 2010 et 2011. « Est-ce qu’on aura les moyens de financer le nouvel hôpital?? » Pour Laurent Nouvion, pas question de toucher aux dépenses incompressibles (logement, salaires et retraites des fonctionnaires). En revanche, il faut sabrer les budgets des manifestations qui ne marchent pas et chercher les niches d’économies dans le budget dédié aux petits travaux (144 millions d’euros). Mais ça ne suffira pas. « Couper c’est bien mais trouver de nouvelles sources de recettes, c’est mieux », insiste Christophe Steiner. Lesquelles?? Patience. Pour connaître les pistes de R&E, il semblerait qu’il faille attendre son programme électoral à la fin 2012…

« On va être au spectacle »
Devant la réorganisation qui s’opère au sein de la majorité, les élus R&E se contentent de lâcher quelques petites phrases. « On va voir comment UDM et Unam se répartiront les prébendes et les présidences de commissions. Ça ne grandit pas l’institution ni la confiance que les Monégasques ont dans les mouvements politiques », se gausse ainsi Laurent Nouvion. Seule certitude?: R&E démarre sa pré-campagne avec dans les semaines qui viennent des réunions d’appartements. Une méthode qui rappelle celle du rouleau compresseur de 2008?: l’UPM.